Colombie : 105 défenseurs des droits assassinés en 2017, selon l'ONU

Le président colombien Juan Manuel Santos.
Le président colombien Juan Manuel Santos. © AFP PHOTO /PRESIDENCIA
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avec AFP , modifié à
Le gouvernement colombien ne reconnaît pas ce chiffre et nie l'existence d'un plan d'assassinats systématique de ces défenseurs des droits et leaders communautaires.

Plus d'une centaine de défenseurs des droits et de leaders communautaires ont été assassinés cette année en Colombie, après la signature d'un accord de paix historique avec la guérilla des Farc, a indiqué l'ONU mercredi.

Le gouvernement nie. Ces homicides "ont eu lieu dans des zones dont sont sorties les Farc et où il y a une absence de pouvoir de l'Etat", a dénoncé dans un communiqué le bureau du Haut Commissariat de l'ONU pour les droits humains en Colombie. Cette agence onusienne a vérifié "un total de 105 homicides" au 20 décembre, selon le texte. Onze autres cas sont en cours de vérification. Le gouvernement colombien ne reconnaît pas ce chiffre et nie l'existence d'un plan d'assassinats systématique de ces défenseurs des droits et leaders communautaires.

Dans l'accord de paix signé en novembre 2016 avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), depuis désarmées et reconverties en parti politique sous le même acronyme, le gouvernement du président Juan Manuel Santos s'est engagé à assurer la sécurité des ex-rebelles, ainsi que des défenseurs des droits fondamentaux. Dans son communiqué, l'ONU a exprimé sa préoccupation pour "la persistance de cas d'assassinats de défenseurs des droits humains sur le territoire national", ainsi que "la stigmatisation de leur travail par certains fonctionnaires publics".

Des histoires de jupons pour le ministre de la Défense. Le ministre de la Défense Luis Carlos Villegas avait déclaré dimanche que la "majorité" des assassinats étaient dus à des conflits de "bornages", des histoires de "jupons" et des "disputes pour des revenus illicites". Mais l'ONU estime que c'est "leur travail pour la défense des droits" qui "a été déterminant dans les agressions qu'ils ont subies".

La mise en oeuvre d'un meilleur système d'alertes, un des points prévus dans l'accord de paix, "nous permettra d'intervenir plus rapidement pour éviter des situations de vulnérabilité des droits humains", a déclaré mercredi Carlos Alfonso Negret, le Défenseur du Peuple, entité publique chargée de la protection des droits.

Encore de la guerilla. Malgré l'accord avec les Farc, la Colombie n'est pas encore en paix, en raison de la présence de l'Armée de libération nationale (ELN), la dernière guérilla active du pays en pourparlers depuis février, ainsi que de dissidents des Farc et de gangs issus de la démobilisation des paramilitaires d'extrême-droite en 2006, spécialisés dans le trafic de drogue et l'activité minière clandestine. Le pays est déchiré depuis plus d'un demi-siècle par un conflit armé qui a fait plus de 260.000 morts, plus de 60.000 disparus et quelque 7,4 millions de déplacés internes.