Arrestations de Navalny : la CEDH condamne la Russie et reconnaît leur caractère "politique"

La Russie ne peut pas contester la décision de justice, définitive, condamnant les arrestations multiples d'Alexeï Navalny.
La Russie ne peut pas contester la décision de justice, définitive, condamnant les arrestations multiples d'Alexeï Navalny. © Frederick FLORIN / AFP
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avec AFP , modifié à
Militant anti-corruption arrêté à sept reprises par la police russe entre 2012 et 2014, Alexeï Navalny a vu le caractère politique de ces arrestations reconnu par la Cour européenne des droits de l'Homme, jeudi.

Il avait même assuré être empêché de se rendre à Strasbourg, jeudi, pour plaider sa cause. La Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) a condamné la Russie pour les arrestations multiples d'Alexeï Navalny, opposant numéro un à Vladimir Poutine, reconnaissant leur caractère "politique".

Le "mobile politique sous-jacent à ses arrestations représentait un 'aspect fondamental' de l'affaire", deux de ces arrestations visant "en réalité à étouffer le pluralisme politique", a estimé la Cour, constatant la violation de l'article 18 de la Convention européenne des droits de l'Homme. 

Navalny "très heureux". "Je suis très content, même très heureux", a réagi Alexeï Navalny, 42 ans, venu assister à la lecture de cet arrêt. En première instance, les juges n'avaient pas reconnu le caractère politique des arrestations. "Nous sommes très satisfaits (…) Aujourd'hui, nous avons gagné toutes les affaires et le plus important est que nous avons obtenu que ces arrestations soient reconnues comme politiquement motivées", a dit l'opposant russe, arrêté à sept reprises entre 2012 et 2014, devant la presse.

La Russie condamnée à dédommager l'opposant politique. La Cour a conclu également à la violation de l'article 11 de la Convention (droit à la liberté de réunion et d'association) "au motif que deux des arrestations étaient dépourvues de buts légitimes et que les cinq autres n'étaient pas nécessaires dans une société démocratique". Elle a "également recommandé (…) que le gouvernement prenne des mesures afin de garantir le droit à la liberté de réunion pacifique en Russie". En conséquence, la Russie a été condamnée à verser 50.000 euros pour dommage moral à Alexeï Navalny, 1.025 euros pour dommage matériel et 12.653 euros pour frais et dépens.

Cependant, Alexeï Navalny s'attend que la Russie n'applique pas cet arrêt. "Elle va ignorer cette décision et dire que la justice européenne a des motivations politiques (...), c'est la réaction standard du gouvernement russe", a-t-il estimé.