REPORTAGE - Assad "tue le peuple" syrien

Les combattants surveillent avec inquiétude le ciel par crainte d'une attaque.
Les combattants surveillent avec inquiétude le ciel par crainte d'une attaque. © Reuters
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avec François Clauss, envoyé spécial en Syrie , modifié à
 L'envoyé spécial d'Europe 1 est parvenu à entrer en Syrie dans la région d'Alep.

L'assaut des troupes de Bachar al-Assad contre la ville d'Alep, la deuxième du pays, est imminent. Plusieurs quartiers de cette ville du nord du pays sont déjà régulièrement mitraillés par les hélicoptères de l'armée syrienne. De leur côté, les rebelles annoncent avoir capturé une centaine de soldats et de miliciens et la communauté internationale s'inquiète des pertes humaines "dévastatrices" qu'engendrerait cet assaut.

François Clauss, l'envoyé spécial d'Europe 1, a réussi à rejoindre la région entre Alep et la frontière avec la Turquie.

"Nous sommes toujours là"

Cette petite ville de 18.000 habitants au nord de la Syrie, située entre Idlep et Alep, est écrasée par la chaleur en ce vendredi de ramadan. En sortant de la mosquée, les hommes partent manifester en plein centre-ville, drapeau de la révolution dans les mains. C'est devenu un rituel depuis seize mois lorsque la révolte a été lancée et réprimée dans le sang par le régime syrien.

Sur les toits des maisons, les combattants surveillent avec inquiétude le ciel par crainte d'une attaque. "Il y a une grande base militaire juste à côté. Ils ont des hélicoptères et des missiles. Ils peuvent tirer sur nous quand ils veulent. Mais regarder, au début, nous n'avions que notre cœur et notre poitrine et nous sommes toujours là", a assuré ce manifestant très déterminé à poursuivre la lutte.

"Ce sont des tueurs"

Un autre habitant de cette petite ville montre, avec dépit, sa maison aux murs calcinés. Il raconte comment, le 28 mars dernier, des centaines de soldats ont investi la ville, ont brûlé 183 habitations, semant la terreur dans la région. "C'est ça l'armée de Bachar al-Assad. Il brûle les maisons. Il tue le peuple". 

"Ce n'est pas une armée, ce sont des tueurs" :

Ils contrôlent la frontière turque

Mais la répression n'a pas fait taire les manifestants. Dans cette ville, ils sont encore des milliers à exprimer leur volonté d'en finir avec le régime. L'armée libre syrienne (ASL) continue, chaque jour, de harceler les troupes de Bachar al-Assad.

Pour cela, les manifestants sont de mieux en mieux organisés. Ils communiquent de villages en villages avec leurs téléphones satellitaires. Comme l'a constaté l'envoyé spécial d'Europe 1, ils contrôlent même totalement la frontière avec la Turquie. Désormais, beaucoup se préparent à rejoindre Alep, la capitale du nord, pour combattre, avec leurs kalachnikovs, les hélicoptères de combat et les tanks du régime qui s'apprêtent à donner l'assaut.