Mexique : Florence Cassez fixée sur son sort

Florence Cassez doit recueillir au moins trois voix sur cinq pour être libérée
Florence Cassez doit recueillir au moins trois voix sur cinq pour être libérée
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avec agences et Lionel Gougelot , modifié à
La Cour suprême mexicaine se prononce sur l'éventuelle libération de la Française emprisonnée.

Jour J pour Florence Cassez. La Cour suprême du Mexique se prononce mercredi sur l'éventuelle libération de la Française, emprisonnée depuis plus de six ans et condamnée à 60 ans de prison pour enlèvements.

Cet ultime recours est dû à l'intervention du juge Arturo Zaldivar, qui a réclamé la libération "immédiate et absolue" de Florence Cassez après avoir relevé des irrégularités dans la procédure ayant conduit à sa condamnation.

"Un enjeu qui concerne les Mexicains"

Pour son avocat mexicain, Me Augustin Acosta, "le parquet et la police ont commencé ce dossier par la construction d'un mensonge et n'importe qui jetant un regard critique sur ce dossier ne peut penser que le procès de Florence Cassez a été un procès équitable qui respecte les droits de l'Homme".

Le défenseur confie à Europe 1 que "c'est un enjeu qui concerne tout d'abord les Mexicains, dans une démocratie qui tient à avoir un système de justice qui offre de la vérité et le respect des droits de l'Homme".

Quatre scenarii envisageables

Florence Cassez doit recueillir au moins trois voix sur les cinq juges de la première chambre au sein de la plus haute instance judiciaire du Mexique pour pouvoir quitter la prison pour femmes de Tepepan, au sud du pays.

Quatre scenarii sont envisageables pour la Française : sa libération immédiate ou au contraire sa condamnation définitive, le renvoi du procès devant la justice ordinaire, ou la transmission de son cas à la plénière de la Cour.

Les autorités mises en cause

Le rapport préliminaire d'Artur Zaldivar, présenté le 7 mars, a fait l'effet d'une bombe: non seulement le président de la première chambre de la Cour suprême a jugé que toute la procédure avait été viciée, mais il a mis en cause une des plus hautes autorités du gouvernement: le ministre de la Sécurité publique, Genaro Garcia Luna, qui était en charge de l'Agence fédérale d'investigation (AFI), la police judiciaire fédérale à l'époque de l'arrestation de Florence Cassez et de son ex-compagnon Israel Vallarta.

C'est sous sa responsabilité et celle de son adjoint direct, Cardenas Palomino, présent sur les lieux, que l'AFI avait organisé à l'aube du 9 décembre 2005 un montage télévisé présentant à des millions de téléspectateurs mexicains la prétendue arrestation "en direct" et la libération de trois otages.

Une "mise en scène contraire à la réalité"

Florence Cassez et Israel Vallarta affirment avoir été en réalité arrêtés la veille et dénoncent une mise en scène préparée pour la télévision.

Selon le rapporteur de la Cour suprême, cette "mise en scène contraire à la réalité", a "totalement entaché la procédure".

Reconnue coupable de quatre enlèvements, d’association de malfaiteurs et de possession d’armes, Florence Cassez a toujours clamé son innocence. "Evidemment elle a de l'espoir, mais elle est énormément angoissée par une décision où se joue son destin", a confié son avocat à Europe 1.

Un cas emblématique

Le "cas Cassez" est devenu au fil des années emblématique des dysfonctionnements de la justice au Mexique. La jeune femme, âgée aujourd'hui de 38 ans, a reçu le soutien de nombreux éditorialistes, de juristes et d’intellectuels.

L'Eglise catholique a approuvé vendredi le rapport Zaldivar, alors que le Mexique s'apprête à accueillir le pape Benoît XVI dans moins d'une semaine.

Cet examen de la Cour suprême intervient trois mois avant la tenue de l'élection présidentielle mexicaine.