Merkel et son président dans le même bateau

Christian Wulff a été élu à l'issu de trois tours de scrutin en juin 2010
Christian Wulff a été élu à l'issu de trois tours de scrutin en juin 2010 © Reuters
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A.H avec AFP , modifié à
Christian Wulff a tenté d’étouffer un scandale en faisant pression sur Bild. La chancelière le soutient.

Le président allemand ne quittera pas son fauteuil. Empêtré dans un scandale de crédit privé, Christian Wulff, a réaffirmé mercredi qu'il ne démissionnera pas. Son allié historique, la chancelière Angela Merkel, le soutient dans cette affaire.

"J'assume la plénitude de mes fonctions, pour les cinq années de mon mandat", a déclaré, sûr de lui,  le président au cours d'une interview sur les deux chaînes de télévision publiques allemandes, les appels à sa démission s'étant multipliés depuis 48 heures.

"J'assume la plénitude de mes fonctions" :

Autorité morale avec des pouvoirs purement honorifiques, le chef de l'Etat allemand a admis avoir commis "une faute grave (qu'il) regrettait profondément, et pour laquelle il avait présenté des excuses".

Lors de son mea culpa télévisé, Christian Wulff a reconnu pour la première fois avoir téléphoné à des responsables du quotidien Bild(12 millions de lecteurs) pour tenter d'empêcher la publication d'un article accusateur. Le texte, publié le 13 décembre, accusait le président d'avoir gardé le silence sur un prêt de 500.000 euros obtenu auprès de la femme d'un ami entrepreneur avec lequel il était en relation d'affaires lorsqu'il était chef du gouvernement de Basse-Saxe.

"Il a menacé de rompre tout lien avec Bild" :

Des révélations sur lesquelles n'a pas manqué de surfer l'opposition allemande, menée par le parti social démocrate, le SPD. Sigmar Gabriel, a estimé sur sa page Facebook qu'il ne s'agissait "plus seulement d'une affaire Wulff, mais également d'une affaire Merkel".

Malgré cette polémique, la chancelière Angela Merkel a apporté son soutien à Christian Wulff. Elle "fait entièrement confiance au président pour répondre à toutes les questions en suspens", a déclaré mercredi un porte-parole du gouvernement allemand, Georg Streiter, assurant qu'elle "appréciait particulièrement le travail de M. Wulff".

Un prédécesseur victime d'une polémique

La tempête n'est cependant pas prête de s'arrêter pour le quinquagénaire. Avant l'affaire du Bild, Christian Wulff se prêtait volontiers au jeu des séances photos avec sa deuxième et jeune épouse Bettina. Mais depuis juin, le chef de l'Etat semble très souvent oublier l'indépendance de la presse.

Le quotidien Die Welt, appartenant comme Bild au groupe d'édition conservateur Springer, a révélé mardi que le président avait convoqué l'un de ses journalistes à sa résidence officielle, le château Bellevue. Objectif ? Exiger le retrait d'un article évoquant ses relations difficiles avec l'une de ses soeurs, à paraître le lendemain.

La chancelière réussira-t-elle à sauver le président Wulff ? En juin 2010, il avait fallu trois tours d'un scrutin pour que le candidat d'Angela Merkel soit élu. Son prédécesseur, Horst Köhler qui venait d'entamer son deuxième mandat de président, avait quant à lui, dû démissionner fin mai 2010 victime d'une polémique sur une interview où il avait semblé expliquer l'intervention militaire en Afghanistan par la défense des intérêts économiques allemands.