Le jour où tout peut changer en Ukraine

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avec Jean-sébastien Soldaini, envoyé spécial à Kiev et AFP , modifié à
AUTOUR DE LA TABLE - Une session décisive va s’ouvrir au Parlement après une nouvelle concession du pouvoir.

Mardi, tout pourrait changer. Les députés ukrainiens vont tenter de mettre un terme à l'escalade de la crise lors d'une session cruciale du Parlement, tandis qu'à Bruxelles l'Union européenne et la Russie se rencontrent pour aborder le sujet. Le pouvoir a promis, lundi, à l'opposition l'abrogation des lois anti contestation.

Une opposition déterminée. L'opposition et la rue exigent désormais en premier lieu des élections anticipées visant à chasser du pouvoir Viktor Ianoukovitch. L'assemblée, dominée par le Parti des Régions – qui est le parti au pouvoir - doit étudier des concessions mises sur la table par le président. Les députés doivent débattre notamment d'une amnistie pour les manifestants interpellés lors de heurts avec la police ou de la mise en place d'un groupe de travail chargé de réviser la Constitution, qui selon l'opposition accorde trop de pouvoirs au président.

A Bruxelles, l'inquiétude monte. Au même moment à Bruxelles, l'Union européenne et la Russie, qui s'accusent mutuellement d'ingérence, tiennent un sommet réduit à la portion congrue. Il s'annonce tendu et largement dominé par la situation dans l'ex-république soviétique. Le président russe Vladimir Poutine doit s'entretenir avec les principaux responsables de l'UE, dont la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton. Cette dernière s'envolera ensuite à destination de Kiev pour une visite de 48 heures, où elle doit rencontrer le chef de l'Etat ukrainien, Viktor Ianoukovitch, ainsi que les chefs de l'opposition.

A Kiev, le mouvement prend de l’ampleur. Sur place de l’Indépendance, la mobilisation, elle, ne faiblit pas. Pour Anton, la contestation peut s’expliquer par la géographie du pays. A l’Est, se trouvent les Ukrainiens pro-européens,  tandis que la majorité qui vit à l’Ouest est orthodoxe et encore très influencée par la Russie. "C’est important de dire d’où on vient. Ceux qui viennent de l’Est du pays sont d’origine russe et ils ne se préoccupent pas de ce qui se passe dans le pays", dénonce-t-il.

Marina, une autre manifestante, confie voir de plus en plus d’Ukrainiens de l’Est participer aux manifestations. Un signe, selon elle, que la contestation s’étend. Et en effet, le mouvement prend de l’ampleur dans le pays. Hors de la capitale, les administrations de dix des 25 provinces sont occupées, en grande partie dans l'ouest, une région où le président est très impopulaire. Mais le mouvement touche également l'est, en partie russophone, même si les forces de l'ordre y ont repris l'initiative, recourant à la force pour déloger les manifestants.

La communauté internationale surveille. Les pays occidentaux ont de leur côté dénoncé ce qu'ils ont qualifié de violences policières contre les contestataires. Les États-Unis suivent aussi de près les événements. Lundi, le vice-président américain Joe Biden a prévenu le président ukrainien, au cours d'une conversation téléphonique, que "décréter l'état d'urgence ou prendre toute autre mesure sécuritaire aussi sévère ne ferait qu'aggraver la situation et réduirait l'espace pour une résolution pacifique" de la crise.

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