Le Vatican a tendu mercredi la main aux intégristes lefebvristes. Benoît XVI leur a proposé une réintégration dans l'Eglise s'ils approuvent un ensemble de principes fondamentaux, et a accepté de discuter de certaines formulations du Concile Vatican II. Le pape espère ainsi mettre fin à un schisme qui dure depuis vingt-trois ans.
Un "préambule doctrinal" proposé
Pour faire aboutir deux ans de négociations difficiles lancées en 2009, cette rencontre à huis clos était jugée décisive. Des dirigeants de la Fraternité, conduits par leur supérieur général, le Suisse Bernard Fellay, ont donc été reçus mercredi plusieurs heures à Rome. Lors de cette rencontre, un document de trois pages, intitulé "préambule doctrinal", a été soumis à l'approbation des représentants du courant traditionaliste. Il contient des "principes doctrinaux et des critères d'interprétation de la doctrine catholique", mais qui n'ont pas été rendus publics.
Mgr Fellay a admis mercredi soir sur un site traditionaliste que le Vatican avait fait de l'acceptation par elle du document doctrinal "une condition préalable" à sa reconnaissance au sein de l'Eglise. "Le terme de 'préambule' indique bien que son acceptation constitue une condition préalable à toute reconnaissance canonique de la Fraternité Saint-Pie X de la part du Saint-Siège", a-t-il dit.
Selon le porte-parole du Saint-Siège, le père Federico Lombardi, la Fraternité devra donner sa réponse dans un délai court, "d'un à plusieurs mois". Mgr Fellay donnera sa réponse sitôt qu'il aura "pris le temps nécessaire pour étudier ce document, et consulter les principaux responsables de la Fraternité", a-t-il répondu.
Un statut particulier pour la Fraternité de Saint-Pie X
Si la Fraternité accepte le "préambule doctrinal", elle sera pleinement réintégrée dans l'Eglise catholique avec probablement un statut particulier, comme celui de "prélature personnelle" accordée à l'Opus Dei. Le paradoxe est que ce statut a été créé par le Concile Vatican II, cause de tous les maux de l'Eglise selon les intégristes.
En cas de rejet, les évêques de la Fraternité seront toujours reconnus par l'Eglise, à la suite de la levée de leur excommunication en janvier 2009, mais sans mission ni rôle particulier.