Le Floch-Prigent extradé vers le Togo

Loïk Le Floch-Prigent est soupçonné d'avoir aidé un couple d'Africains à avoir escroqué un richissime homme d'affaires émirati.
Loïk Le Floch-Prigent est soupçonné d'avoir aidé un couple d'Africains à avoir escroqué un richissime homme d'affaires émirati. © MAXPPP
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L’ancien PDG d’Elf faisait l’objet d’un mandat d’arrêt international togolais pour escroquerie.

Nouveaux soucis judiciaires pour Loïk Le Floch-Prigent. L’ancien PDG d’Elf, condamné en 2003 pour ses agissements à la tête de la compagnie pétrolière, a été arrêté vendredi à l’aéroport d’Abidjan, en Côte d’Ivoire. L’homme d’affaires faisait en effet l’objet d’un mandat international émis par un juge du Togo pour une affaire d’escroquerie, mandat dont Paris Match avait révélé l’existence en juin 2011.

Samedi soir, il a été extradé vers le Togo. Dès sa sortie de l'avion à 21h30 heure de Lomé, Loïk Le Floch Prigent a été interpellé par les forces de sécurité togolaises. Un diplomate en poste dans la capitale togolaise affirme que l'homme d'affaires français a ensuite été transféré dans les locaux de la police nationale. De son côté, Me Patrick Klugman, l'avocat de l'ex-PDG d'Elf, a déclaré que son client n'avait pas été enlevé mais que les "formes de l'extradition telles que nous les connaissons actuellement n'ont pas été respectées".

Une arnaque "à la nigériane"

Selon Paris Match, qui s’appuie sur la Commission rogatoire internationale du juge togolais Matake Kelouwani, la plainte émane d’Abbas Youssef, richissime homme d’affaires de Dubaï est surtout ami, ou ex-ami, de Loïk le Floch-Prigent. L’Emirati avait ainsi confié des missions à l’ex-PDG d’Elf à la sortie de prison. Il mettait même à sa disposition des bureaux à Paris, une voiture de fonction, un pied-à-terre à Dubaï et une large enveloppe financière en tant qu’employé de la société Pilatus.

Abbas Youssef a en fait été victime d’une arnaque dite "à la nigériane" similaire à celle à laquelle chaque internaute a au moins été soumis une fois : celle d’une somme mirobolante proposée par mail, en échange d’une avance plus ou moins substantielle. Mais cette fois, la supercherie à coûté à l’homme d’affaires la bagatelle de 48 millions de dollars.

L’homme a été abusé par un couple d’Africains, dont la femme se faisait passer pour la veuve du général Robert Guei, président de la Côte d’Ivoire être décembre 1999 et octobre 2000. Ensemble, ils devaient récupérer un trésor de guerre de 275 millions de dollars placés à la Banque centrale du Togo. Mais malgré ses multiples versements, Abbas Youssef ne voit rien venir. Et finit par porter plainte. Et s’il implique Loïck le Floch-Prigent, c’est que l’homme d’affaires français a selon lui confirmé et l’identité du couple africain, et l’existence des fonds.

Le Floch : "je ne comprends pas"

"Nous pensons qu'il se trouve l'otage d'enjeux internes au Togo qui le dépassent largement", a estimé Me Klugman, un autre de ses avocats. "Nous sommes très inquiets de son état de santé car il doit subir une intervention médicale importante à Paris la semaine prochaine, prévue de longue date. "Nous pensons que la seule issue de ce dossier, c'est que M. Le Floch-Prigent puisse rentrer (en France) aussi vite que possible pour être soigné et qu'il puisse s'expliquer en France et ainsi bénéficier de toutes les garanties judiciaires et sanitaires", a conclu l'avocat.

Loïk Le Floch-Prigent a été nommé dans les années 1980 à la tête des plus grandes entreprises françaises, notamment le géant pétrolier Elf entre 1989 et 1993. Il avait été condamné en 2003 à 5 ans de prison dans l'affaire Elf, qui lui avait valu de passer environ deux ans derrière les barreaux pour des malversations financières.