Vol d'explosifs à Miramas : la sécurité des dépôts de munitions en question

© EUROPE 1/Nathalie Chevance
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avec Aude Leroy , modifié à
Un audit sur la sécurisation de ces sites a été demandé par le ministre de la Défense et doit être remis sous quinze jours. Au lendemain de ce vol, la problématique de la baisse des budgets de l'armée affleure.

Combien y-a-t-il de Miramas en France ?  Au lendemain des révélations mardi d'Europe 1 sur le vol d'au moins 150 détonateurs, de pains de plastic et de plusieurs dizaines de grenades dans ce dépôt de munitions de l'armée dans les Bouches-du-Rhône, le ministre de la Défense a demandé un audit des tous les sites similaire. Cette expertise doit lui être remise dans une dans une quinzaine de jours par la Direction de la Protection des Installations, moyens et activités de la Défense (DPID). Et c'est désormais la question de la sécurité de tous les sites de munitions en France qui se pose.

Des dizaines de milliers d'euros pour la modernisation. Dans le cadre de l'audit, la DPID va inspecter plus d'une quinzaine de sites, comme ceux de Toulon, dans le Var, ou de Brienne-le-Chateau, dans l'Aube. Ces lieux stockages dépendent du Service interarmées des munitions (SIMu), créé il y a tout juste quatre ans. Un grand programme de modernisation de la sécurité de ces sites avait alors été engagé. Mais ce travail complexe et couteux se fait par tranches : ce plan ce chiffre en dizaines de millions d'euros, nous confie-t-on au ministère de la Défense.

Caméras, système de détection et de traçage. Le site de Brest est un bon exemple de ce qu'implique cette modernisation. Le chantier y est quasiment terminé. En plus des hommes et de chiens de gardes, le dépôt dispose désormais également de caméras de surveillance dernier cri, des systèmes de détection perfectionnés ou encore des badges qui "tracent" les trajets des personnels, qu'ils soient civils ou militaires. Autant d'outils qui n'existent pas encore sur le site de Miramas. Le dépôt visé ce week-end n'est en effet protégé que par un double grillage et par des rondes. Le renforcement de la sécurité n'y était programmé qu'à partir de 2016.

A Miramas : des grillages, des hommes et des chiens. "C'est inquiétant. Personne ne s'attendait à ce quelqu'un ne s'introduise sur ce site-là. Un site qui n'était pas non plus en libre-service : des patrouilles étaient organisées par différentes unités", estime le grand reporter à Europe 1 et spécialiste des questions de Défense, Didier François.


Vol d'explosifs à Miramas : "il y a eu une faille"par Europe1fr

"Miramas, n'abrite pas un régiment". C'est ce que l'on appelle une zone de regroupement et d'attente : un endroit où l'on rassemble les hommes et le matériel qui partent en opérations extérieures. C'est un immense champ, à côté d'un aéroport et d'une autoroute, où des munitions sont stockées de temps en temps", poursuit-il. "Ce site est surveillé par des unités extérieures qui reviennent tous les quinze jours, qui se relèvent… Et qui ont quand même le droit de tirer : les voleurs ont donc pris des risques. Il y a également des équipes cynophiles. Ce sont d'ailleurs ces équipes qui ont repéré cette intrusion. Mais il y a une faille", note le spécialiste.  

Comment expliquer la légèreté de ce dispositif ? Pour Didier François, le constat est simple : "des choix ont été fait". "Si l'on prend les lois de programmation militaire de ces 15 dernières années, on est en réduction permanente des budgets des armées, voire des effectifs. La loi précédente, celle du gouvernement précédent, prévoyait une suppression de 55.000 postes. Ce n'est que depuis le mois de janvier, et à cause des attentats, qu'il y a une décision de remonter doucement en puissance et en tout cas de freiner la baisse", explique-t-il. "Des choix ont été faits à l'époque comme de garder du personnel et de faire des économies sur les infrastructures. Et donc du retard a été pris dans la mise à niveau de la sécurité", pointe encore le journaliste.