Toulouse : un père et son fils ex-djihadiste contre la radicalisation

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Un groupe de combattants djihadistes en Syrie. (Photo d'illsutration)
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Benjamin Peter et M.-A.B. , modifié à
En janvier 2014, il est lui-même allé chercher son fils de 15 ans en Syrie. Aujourd'hui les deux hommes conseillent les familles touchées par le phénomène au sein de leur association.  

Les trois suspects arrêtés lundi pour un projet d'attentat contre une base militaire dans les Pyrénées-Atlantiques, doivent être présentés à un juge d'instruction dans la journée. Le trio se réclame de l'organisation Etat Islamique et voulait se rendre en Syrie. Au total 1.850 français ou résidents en France sont liés à ces filières, selon le ministre de l'intérieur Bernard Cazeneuve. Près de 500 se trouvent en ce moment en Syrie ou en Irak. C'est justement pour lutter contre ce genre de radicalisation qu'un père et son fils se mobilisent à Toulouse. En janvier 2014, par ses propres moyens, "Monsieur Ben", comme il se fait appeler, est allé rechercher son fils en Syrie.

A l'époque, le départ pour le djihad de ce jeune lycéen de 15 ans avait fait grand bruit. Depuis, l'homme a créé sa structure, l'Association Jeunesse Républicaine contre l'Endoctrinement et pour la Fraternité (AJRES) pour venir en aide aux familles. Et depuis jeudi, ils tiennent une permanence au sein de l'Espace des diversités et de la laïcité de Toulouse.

Le témoignage décisif d'Akim. Depuis jeudi, Monsieur Ben reçoit dans son petit bureau, avec son fils Akim. Il accueille les familles qui souhaitent le rencontrer. Depuis 18 mois, son fils et lui vont à la rencontre de familles en souffrance ou de jeunes tentés par le départ. Pour Monsieur Ben, c'est souvent le témoignage d'Akim qui reste le plus efficace pour convaincre les jeunes de rester.

"A ce jour, il comptabilise dix à quinze départs qu'il a pu empêcher. Pour moi, il est le mieux placé. Il leur dit tout simplement la vérité : qu'il a fait l'erreur de partir et qu'il en a tiré les conclusions. Il leur déconseille de partir : ça ne se fait pas tout seul, d'un coup de baguette de magique. Il faut deux, trois quatre, dix, quinze appels… cela prend un mois ou deux. Dès que le terrain de confiance s'installe, cela va tout seul", témoigne le père de famille au micro d'Europe 1.

"N'attendons pas que l'oiseau se soit envolé". Et Monsieur Ben raconte la "reconnaissance" des jeunes qu'il parvient à détourner des chemins du djihad. "Ils nous disent concrètement : 'grâce à toi, j'ai compris des choses. J'avais besoin d'entendre le témoignage de quelqu'un qui l'a vraiment vécu'. N'attendons pas que l'oiseau se soit envolé pour lui courir après ou lui tirer dessus, ce sera trop tard", prévient-il.

Monsieur Ben cherche désormais à fédérer les autres associations de parents pour créer une véritable structure. Il attend un soutien logistique et financier du gouvernement afin de pérenniser ses actions auprès des jeunes.