Terrorisme : "les femmes sont des éléments moteurs"

  • Copié
, modifié à
Jean-Pierre Filiu, spécialiste du djihadisme, revient sur le rôle des femmes dans les réseaux terroristes, alors qu’une kamikaze s’est fait sauter mercredi lors de l’assaut de Saint-Denis.
INTERVIEW

C’est l’un des faits qui a le plus marqué les esprits lors de l’opération du Raid à Saint-Denis. Alors que les policiers lançaient l’assaut, une femme kamikaze a activé son gilet d’explosifs. Une première en France et en Europe. Cela souligne le rôle des femmes dans les réseaux terroristes, un rôle qui n’est pas à prendre à la légère, selon Jean-Pierre Filiu, spécialiste du du djihadisme. "On sait qu’il y a des femmes dans les réseaux, qui ne sont pas des victimes, mais qui sont des éléments moteur, actifs", a affirmé l’universitaire jeudi matin sur Europe 1.

 

>> mise à jour du 20 novembre :Contrairement à ce qui avait été annoncé dans un premier temps, la femme morte pendant l'assaut ne s'est pas donné la mort en se faisant exploser. En réalité, c'est un homme qui se serait est fait sauter en kamikaze, a-t-on appris vendredi de source policière.

L'exemple du couple Coulibaly-Boumeddiene. "Pour ce qui est des femmes kamikazes, ce quartier de Molenbeek (à Bruxelles, ndlr) qui est en train de devenir tristement célèbre, dès 2005, il était lié à l’envoi d’une kamikaze envoyée en Irak, prénommée Murielle, qui était morte dans un attentat contre les forces américaines", a rappelé Jean-Pierre Filiu pour illustrer ce rôle des femmes. La prise d’otages par Amedy Coulibaly en janvier à la Porte de Vincennes est un autre exemple. "On a de fortes raisons de penser que dans le couple Amedy Coulibaly- Hayat Boumeddiene, Coulibaly était moins dominant qu’on ne pourrait le croire", a poursuivi le spécialiste. "Hayat Boumeddiene a d’ailleurs été exfiltrée très soigneusement, par l’organisation, à la veille des attentats de Charlie Hebdo, via l’Espagne et la Turquie, elle est aujourd’hui en Syrie avec tous les autres".

"La têt du serpent est en Syrie". La Syrie, où se situe le cœur du problème, selon Jean-Pierre Filiu. "Cela fait plus d’un an que je mets en garde contre un 11-Septembre européen. On peut faire ce qu’on veut, tant qu’on n’aura pas réglé le problème à la source, c’est-à-dire en Syrie, on courra de drame en drame", a-t-il affirmé. "La tête du serpent est en Syrie. Les donneurs d’ordre sont en Syrie, la planification est en Syrie et la dynamique monstrueuse qui s’est déversée dans les rues de Paris a sa source en Syrie."