Procès du "dentiste de l'horreur" : "il n’a aucun côté humain"

Le dentiste néerlandais Mark Van Nierop.
Le dentiste néerlandais Mark Van Nierop. © BENOIT PEYRUCQ / AFP
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Pierre de Cossette avec C.B
Après cinq jours d'audience éprouvants, les victimes devront encore patienter pour savoir ce que le tribunal de Nevers réserve au dentiste néerlandais, resté muet pendant le procès.

"Cupidité, indifférence à l'autre, voire jouissance à faire souffrir". Huit ans de prison ont été requis par le parquet lundi contre le Néerlandais Mark Van Nierop, surnommé le "dentiste de l'horreur" pour avoir mutilé des dizaines de patients dans la Nièvre. Tout au long de son procès, Mark Van Nierop a été dépeint comme un escroc sans compassion, et la plaidoirie de son avocate a été dure à entendre pour les victimes. "Cette semaine passée a été très dure pour toutes les victimes, toutes les souffrances que nous avons ressenti par le passé sont remontées", résume Nicole Martin, la présidente de l'association des victimes du dentiste. Le tribunal correctionnel de Nevers rendra son jugement le 26 avril.

"On voulait le voir, on l'a vu". La posture de colosse que revêtait le docteur Van Nierop à l’époque où il était arrivé à Château-Chinon a laissé place, au procès, à une mine déconfite et un air amorphe. "On voulait le voir, on l'a vu, mais pas le bel homme décrit par tout le monde, celui que nous avons connu à Château-Chinon. Là, il était amorphe. Il était drogué. Il avait des médicaments. Est-ce que c'était voulu ou pas ? Nous ne savons pas. Il a très bien compris que ça ne pouvait pas marcher comme excuse. Mais il valait mieux qu'il se taise", estime Nicole Martin.

"Une vraie gifle pour nous". Tout au long de son procès qui a débuté le 8 mars, le Néerlandais de 51 ans, visage bouffi et vêtu du même pull bleu, s'est borné à répondre : "pas de commentaire" à l'évocation du cas de chaque plaignant. Mercredi, au deuxième jour des débats, il avait toutefois reconnu être "responsable", avant de lâcher : "j'étais dans une situation psychique où les gens autour de moi ne m'intéressaient pas".

Une explication qui révulse Nicole Martin. "Quand il a dit : ‘si je m'excusais, je mentirai’, c'était une vraie gifle pour nous. Cela veut dire qu'il n'a aucun côté humain", estime Nicole Martin au micro d’Europe 1.

"On laisse la justice agir sereinement". Sur une centaine de victimes, la procureure Lucile Jaillon-Bru a retenu des mutilations pour 53 d'entre elles, demandant une requalification des faits pour 20 autres, notamment en "violences avec préméditation", et trois relaxes. "Il n'a eu que du mépris pour les gens du Morvan, déclarant qu'ils avaient des dents pourries", a-t-elle asséné en fustigeant "un homme qui n'assume rien", préférant "fuir" quand il doit répondre de ses actes.

"Arrivera ce qui arrivera comme sanction pour Van Nierop. On laisse la justice agir sereinement. Madame la procureure nous a bien dit que nous étions victimes. C'est le principal", réagit pour sa part Nicole Martin. Et d’ajouter, optimiste : "nous, on va rentrer, on va respirer sereinement dans le Morvan. On va profiter du soleil et des jonquilles. Et on va oublier Van Nierop."