Policiers tués à Magnanville : après le drame, l'enquête

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Capture d'écran de la vidéo de revendication postée par Larossi Abballa sur Facebook. © HO / AAMAQ NEWS AGENCY / AFP
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avec AFP , modifié à
Entourage de Larossi Abballa, coopération de Facebook, consternation des policiers... Retrouvez les principales informations du jour d'après le double assassinat de Magnanville.

La France a été à nouveau frappée par une attaque djihadiste avec l'assassinat lundi soir d'un couple de policiers près de Paris. L'attaque a été revendiquée par Larossi Abballa, un homme qui a prêté allégeance à l'organisation État islamique (EI) et appelé à faire de l'Euro "un cimetière".

Les principales infos à  retenir :

  • Trois personnes, issues de l'entourage de Larossi Abballa, sont toujours en garde à vue mercredi matin.
  • Facebook a annoncé coopérer avec les autorités françaises alors que le terroriste a posté sur son réseau social une vidéo de revendication.
  • Les syndicats de policiers ont obtenu mardi le droit de conserver leurs armes hors service, même après la fin de l'état d'urgence.

"D'autres surprises" pendant l'Euro. Dans une vidéo postée sur Facebook avant de mourir dans l'assaut du Raid, l'assassin Larossi Abballa, 25 ans, a promis "d'autres surprises" pendant l'Euro de football que la France accueille jusqu'au 10 juillet. Le réseau social a annoncé mardi qu'il coopérait avec les autorités françaises dans l'enquête sur ce double meurtre. "Nous travaillons en étroite collaboration avec les autorités françaises qui enquêtent sur ce terrible crime", a indiqué Facebook dans un communiqué. "Les terroristes et les actes de terrorisme n'ont pas leur place sur Facebook. Chaque fois qu'un contenu à caractère terroriste nous est signalé, nous le supprimons aussi vite que possible. Nous traitons les requêtes en application de la loi avec la plus haute urgence", poursuit Facebook

Volonté de "tuer des mécréants". Larossi Abballa a choisi pour cible Jean-Baptiste Salvaing, 42 ans, commandant de police adjoint, qu'il a tué à coups de couteau devant son pavillon à Magnanville. Il a ensuite séquestré sa compagne Jessica Schneider, 36 ans, agent administratif du commissariat voisin de Mantes-la-Jolie, qu'il a égorgée, et leur petit garçon de trois ans et demi, retrouvé et hospitalisé "en état de sidération". Abballa, qui a affirmé avoir prêté allégeance à l'EI et à son chef il y a trois semaines savait que la victime était un policier, a précisé le procureur de Paris François Molins. Aux négociateurs du Raid, il a expliqué "avoir répondu à un communiqué" du chef du groupe djihadiste Abou Bakr al-Baghdadi qui demandait de "tuer des mécréants, chez eux avec leur famille", a ajouté François Molins. Le parquet antiterroriste a ouvert une enquête en flagrance, notamment pour assassinats terroristes sur personnes dépositaires de l'autorité publique. 

Un passé dans l'islamisme. Larossi Abballa, originaire de Mantes-la-Jolie, avait un passé dans l'islamisme radical. Il avait notamment été condamné en 2013 à trois ans de prison dont six mois avec sursis pour participation à une filière djihadiste vers le Pakistan. Pendant son incarcération, il s'était "livré à des actes de prosélytisme d'islamisme radical", a détaillé François Molins. Son nom était ensuite apparu cette année dans une enquête sur une filière de départ vers la Syrie. Mais celle-ci n'avait pas permis "de déceler la préparation d'un passage à l'acte violent", a assuré le procureur. Trois hommes de 27, 29 et 44 ans ont été placées en garde à vue. Deux d'entre eux avaient été condamnés avec Abballa en 2013 dans l'affaire de la filière pakistanaise.

Le tueur à la mosquée quelques heures avant le drame. Au pied de l'immeuble du tueur, deux tentes blanches font office de mosquée. Larossi Abballa s'y faisait rare ces derniers temps. Mohamed Roussi, le responsable de la salle de prière l'a vu quelques heures seulement avant qu'il ne commette son attentat. "Ça fait au moins trois ans qu'il vient avec son père pour faire la prière ici. Depuis au moins six mois il ne venait pas souvent, mais là, pendant le ramadan je l'ai vu deux fois : au début du mois de ramadan et hier. Il a fait la prière de 14 heures, puis il a pris le livre du Coran. Il était en train de lire dans un coin dans la salle des prières, jusqu'à ce que tous les fidèles soit partis". Chargé de fermer la salle, Mohamed Roussi demande alors à Larossi Abbala de sortir : "Il n'a pas résisté, il a dit 'd'accord', puis il est parti", raconte le responsable. 

L'école maternelle sous le choc. A l'école maternelle des Marronniers, où était scolarisé l'enfant de trois ans retrouvé sain et sauf sur les lieux du drame, les enfants comme les parents sont sous le choc. Invités mardi à prendre la parole en classe, tous n'ont pas voulu le faire. "Ce n'est pas cool de se faire tuer", a par exemple confié non sans naïveté une petite fille de 6 ans.

Stratégie de dissimulation. Après sa sortie de prison en 2013, Larossi Abbala a tout fait pour détourner l'attention des services de police et se faire discret. Le futur tueur se rend à tous ses rendez-vous fixés par la justice pendant deux ans. Il justifie d'une adresse et d'un travail puisqu'il a monté sa propre petite entreprise de livraison de sandwich. Sous surveillance téléphonique dans le cadre d'une enquête sur une filière d'envoi de combattants vers la Syrie, rien ne permet alors de l'interpeller à nouveau. En 2011, avant sa condamnation il avait pourtant confié par téléphone à un de ses amis : "Je veux combattre, Allah va nous donner les moyens de hisser le drapeau ici en France. Je vais dégoter des armes et partir à la chasse aux mécréants."

Les policiers "usés". L'émotion est immense chez les policiers. Mais aussi la colère et la peur. Un policier de la Bac témoigne anonymement sur Europe 1: "C'est une espèce de loterie, le prochain policier qui tombera ce sera le hasard". "J'ai peur qu'un déséquilibré comme ça se pointe à l'école de ma fille et fasse un carnage" ajoute-t-il. Et de continuer : "C'est usant d'être aux aguets quasiment H-24", confie le policier alors que l'ensemble de la profession vit à un rythme effréné depuis plusieurs mois

Le port d'arme élargi. Petite satisfaction pour les forces de l'ordre,les syndicats de policiers reçus par Bernard Cazeneuve ont obtenu gain de cause sur la prolongation de l'autorisation d'être armé au delà de l'état d'urgence, et y compris hors service. Nicolas Comte, secrétaire général adjoint du SGP-FO-Unité Police apprécie :"Nous sommes très satisfaits de cette mesure. Alors, ce n'est pas la mesure qui va tout changer, mais par rapport au danger nouveau, on voit la nécessité pour les policiers de se protéger et de protéger la population".