Certains officiers de la CRS 8 doutent de l'efficacité de leur mission dans les quartiers. 1:43
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William Molinié / Crédits photo : NICOLAS TUCAT / AFP , modifié à
Les effectifs de l’unité d’élite des CRS, récemment envoyés en renfort à Marseille ou, plus récemment, à Nîmes, critiquent la façon dont ils sont utilisés, trop souvent comme des "supplétifs" de la sécurité publique au détriment de leur mission première : le maintien de l’ordre de haute intensité.

Elle semble être la réponse du gouvernement aux fusillades et aux trafics de stupéfiants qui gangrènent certains quartiers sensibles. Déployée à Marseille et, plus récemment, à Nîmes, après la mort d'un enfant de 10 ans tué par balles, la CRS 8 se compose de 200 hommes, spécialisés dans les violences urbaines de haute intensité et les situations dégradées. 

Mais ces "super-CRS" doutent eux-mêmes de leur efficacité au cours de leur mission du quotidien. Ce sont en tout cas les conclusions dressées par un rapport, daté du début d'année, qu'Europe 1 s'est procurée. Si l’état d’esprit général de la CRS 8 est jugé excellent par son commandant, l’emploi et les moyens sont largement décriés en interne. 

"Force supplétive de la sécurité publique" 

Dans le rapport en question, le chef de l’unité relaie le constat amer de ses troupes : celui d’être employé à 90% comme "force supplétive de la sécurité publique". Autrement dit à l’opposé de leur raison d’être, à savoir "des urgentistes" du maintien de l’ordre. 

L’unité d’élite arrive souvent trop tard sur le terrain et se retrouve à faire de la sécurisation classique, car l’événement a déjà eu lieu. En clair, "ils sont envoyés après la bataille" résume sévèrement un policier. Si bien que la force d’action rapide que devait être à l’origine la CRS 8 a gagné le sobriquet au sein de la "maison police" de "force aller-retour", surnom ironique non moins lancé sur fond de jalousie dans les autres cantonnements de CRS. 

"La CRS 8 se transforme en outil de communication politique" 

À Marseille, les derniers effectifs quitteront vendredi la cité phocéenne, sans avoir vraiment mis un coup d’arrêt aux fusillades et aux règlements de compte. "La CRS 8 se transforme en outil de communication politique", regrette un commissaire. "Pas sûr que les personnels apprécient", poursuit-il. De son côté, le ministère de l’Intérieur y voit un intérêt, celui d’une force très agile, déployable au coup de sifflet, en moins de 15 minutes partout sur le territoire. Trois nouvelles compagnies de CRS devraient être créées sur ce modèle d’ici à la fin de l’année. Et une autre l’année prochaine avant les Jeux olympiques.