Drame de Sept-Sorts : l'individu interpellé "tient des propos incohérents"

Pizzeria Sept-Sorts 1280
La pizzeria a été délibérément visée par l'assaillant. © LEONARD ORTUSO / SDIS77 / AFP
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C.L. , modifié à
Interpellé sur les lieux du crime et placé en garde à vue, l’homme qui a foncé dans une pizzeria à Sept-Sorts fournit des explications "floues" aux enquêteurs.

Au lendemain du drame qui a fait une jeune victime et douze blessés, le conducteur qui a foncé dans la pizzeria Cesena de Sept-Sorts "tient des propos incohérents", selon le procureur adjoint de la République de Meaux. L'individu interpellé sur les lieux "est très confus quant au mobile" de son geste et fournit des explications "floues" aux enquêteurs, a précisé Éric de Valroger lors d'un point presse.

Antarène et Dafalgan. "Les auditions du mis en cause s'avèrent compliquées, floues, l'intéressé tient des propos incohérents", a expliqué le procureur adjoint. Comme révélé plus tôt, l'individu avait consommé une quantité importante de médicaments, "le 13 août, la veille des faits". L'homme de 32 ans - son nom n'a pas été divulgué -, a ingurgité "une plaquette d'Antarène (un anti-inflammatoire, ndlr) et un tube entier de Dafalgan codéiné". En garde à vue, il a expliqué "qu'il envisageait dans un premier temps de se suicider tout en sachant pertinemment que ces médicaments ne permettaient pas de mettre fin à ses jours". Puis, dans un deuxième temps, il a affirmé que les médicaments "devaient l'aider à mieux dormir". L'individu a également affirmé aux enquêteurs "avoir déjà tenté de se suicider par le passé, sans apporter de précisions supplémentaires".

Gros consommateur de stupéfiants. Par ailleurs, dans ses propos, "apparaît un délire de persécution". "Il dit qu'il se sent suivi, que les gendarmes enquêtent sur lui." Il n'était "pas suivi sur le plan psychiatrique" mais avait déjà été "condamné en 2010 par la justice pour conduite en état alcoolique". Ce célibataire, ancien vigile en arrêt depuis un accident du travail, a avoué aux enquêteurs être "un très gros consommateur de produits stupéfiants". "Il a commencé à consommer à l'âge de 9 ans." Les enquêteurs attendent les résultats définitifs du dépistage positif aux produits stupéfiants réalisé lors de l'interpellation (le test d’alcoolémie était négatif).

Les enquêteurs tentent de déterminer les raisons du passage à l'acte de cet homme, habitant La Ferté-sous-Jouarre, ville voisine de Sept-Sors, avec une question : pourquoi cette pizzeria ? "Il déclare aussi qu'il n'avait pas de contentieux avec le propriétaire de la pizzeria et ne connaissait pas les victimes", assure Éric de Valroger. Toutefois, "il connaissait particulièrement bien les lieux", et a expliqué avoir choisi la pizzeria car c'est "un lieu facile d'accès, sans protection et sans sécurité particulière". Mais ce n'était pas son premier choix : "Le mis en cause avait prévu de partir à Paris avant d'opter finalement pour la zone commerciale."

Tentative de fuite. Le procureur adjoint a expliqué qu'après avoir foncé dans la pizzeria, "le conducteur a tenté une marche arrière". "Des clients sont intervenus pour faire obstruction et ont tenté d'extraire le conducteur" du véhicule, avant que les gendarmes n'interviennent "dans les dix minutes" qui ont suivi pour interpeller l'homme. En garde à vue, le suspect s'est décrit "comme hors de contrôle lors des faits" et assure "qu'il sera en sécurité en prison".

Chargé de meurtre aggravé. Éric de Valroger a ajouté que le suspect "sera soumis à un examen psychiatrique avant la fin de sa garde à vue. Une information sera ouverte mercredi et "l'intéressé sera présenté aux juges dans la même journée". Le procureur adjoint de la République de Meaux a retenu plusieurs chefs d'accusation : "meurtre aggravé, parce que la victime est une mineure âgée de moins de 15 ans ; tentative de meurtre aggravé, car parmi les autres victimes figure un mineur de moins de 15 ans ; tentative de meurtre, car d'autres victimes majeures sont à déplorer ; conduite sous l'emprise de stupéfiants et dégradations par des moyens dangereux". Le mobile terroriste, lui, est totalement écarté.

Une blessée avec pronostic vital engagé. Le procureur adjoint a confirmé qu'une "très jeune victime est décédée" sur le coup, sans préciser son âge. "Cinq victimes sont encore en état d'urgence absolue. Une a son pronostic vital engagé, il s'agit d'une femme de 44 ans. Le petit frère de la victime décédée n'a pas de pronostic vital engagé. Sept victimes sont en état d'urgence relative, hospitalisées", a ajouté Éric de Valroger. Enfin, "treize victimes, impactées sur le plan psychologique, se sont rendues à la cellule d'aide. Douze autres victimes sont en attente de consultation par cette cellule."