Affaire de pédophilie dans la Nièvre : la polémique enfle sur l’inaction des services sociaux

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Jihane Bergaoui, édité par Romain David , modifié à
Dans l'un des villages de la Nièvre où vivaient plusieurs des huit agresseurs présumés, les riverains s'interrogent sur le rôle des services sociaux, alors que des signalements pour des soupçons de maltraitance avaient été faits.
REPORTAGE

Dans la Nièvre, l'effroi a laissé place à l'incompréhension. Comment huit adultes ont-ils pu, pendant des années, faire subir des viols, des violences, des privations de nourriture à quatre petits garçons sans que personne ne donne l'alerte ? La gendarmerie enquête depuis janvier dernier pour tenter de comprendre cette affaire de pédophilie, avec plus de 70 infractions reprochées à cinq hommes et trois femmes, mis en examen la semaine dernière. Dans l’un des villages concernés, les habitants se demandent comment ils ont pu passer à côté d’un tel drame.

"Il avait toujours faim". Les soupçons de maltraitance alimentaient pourtant régulièrement les conversations des habitants de ces petites communes, où tout le monde se connait. A Châtillon-en-Bazois, une ancienne institutrice, qui a suivi l’un des quatre enfants victimes d’abus, se souvient de comportements étranges. "Il était en t-shirt en hiver, il avait toujours faim et des accès de violences. On se questionnait sur l'environnement familial", explique-t-elle à Europe 1.

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Les services sociaux alertés. L’enfant est finalement signalé, et retiré à la garde des parents. Sur les huit agresseurs présumés mis en examen vendredi, les cinq hommes ont été placés en détention provisoire, et les trois femmes sous contrôle judiciaire. De son côté, la mairie assure que ces familles dites "à problèmes" étaient bien dans le radar des services sociaux. Alors comment ont-ils pu passer à côté du calvaire de ces garçons, déplore Maryline, qui avait elle aussi signalé la violence de l'un des hommes mis en examen ? "Je ne comprends pas qu'avec tous les services sociaux qu'il y a eu, tout l'entourage qu'il y avait chez eux, on ne se soit pas aperçu plutôt qu'il fallait protéger ces enfants. Pour moi, c'est ça le drame", confie-t-elle à Europe 1.

Un drame qui apparaît comme "hors norme", tant par la durée des faits que par le nombre d’infractions supposées. Aujourd'hui, certains reconnaissent, du bout des lèvres, qu’ils auraient peut-être dû mieux donner l’alerte.