L'enquête avance concernant la mort de deux militaires français tués le 27 juin en Guyane. Un homme présenté comme le principal suspect a été interpellé vendredi dans le nord du Brésil, a indiqué la police fédérale brésilienne. Selon les informations dont Europe 1 a obtenu la confirmation, il s'agit de Manoel Ferreira Moura, dit "Manoelzinho", un Brésilien de 25 ans à la tête d'un gang violent qui dirigeait un site d'orpaillage clandestin à Dorlin, à 60 km de Maripasoula, que les militaires français tentaient de contrôler lorsqu'ils ont été abattus. Cet homme est également soupçonné de meurtre par la justice du Surinam.
"Il a été arrêté ce matin, il est ici" à Macapa, capitale de l'Etat brésilien d'Amapa dans le nord, a déclaré la police fédérale brésilienne, se refusant à fournir plus de détails sur l'enquête. Le journal France Guyane a lui dévoilé une photo du suspect.
Un ou plusieurs suspects ?
En France, des sources proches de l'enquête ont fait état de l'arrestation de plusieurs personnes liées à cette affaire, ce qui n'a, pour l'instant, pu être confirmé immédiatement. Une de ces sources a évoqué à Paris l'arrestation de deux hommes et d'une femme, dont l'un pourrait être le tireur présumé. Une autre source a recommandé la prudence, estimant qu'à ce stade, "il était difficile de dire à coup sûr qui a tiré ou qui était là" au moment de la fusillade.
Les soldats tués, âgés de 32 et 29 ans, faisaient partie d'un groupe de militaires participant à une opération contre des chercheurs d'or clandestins en Guyane, département français d'Amérique du Sud, frontalier du Brésil.
Ils avaient été pris dans une embuscade à proximité des lieux où, un peu plus tôt, un hélicoptère de la gendarmerie avait essuyé des tirs, dans la région de Dorlin dans l'ouest du pays.
Cet hélicoptère participait à une opération de sécurisation de la zone. Il devait permettre l'installation progressive d'une société minière légale dans cette région, haut lieu isolé de l'orpaillage clandestin en Guyane depuis près de 20 ans.
Une traque avec 120 gendarmes
Près de 120 gendarmes français ont été mobilisés depuis 15 jours pour participer à une traque d'une ampleur sans précédent dans le département, au cœur de la jungle amazonienne. Les suspects ont fui à travers la forêt sur plus de 200 km en direction de la frontière brésilienne utilisant des pirogues et des quads dérobés sur leur parcours qui empruntait des voies connues de l'orpaillage illégal.
Selon un officier de gendarmerie français, les fuyards formaient un groupe de cinq à six hommes. Ils étaient armés de fusils d'assaut de calibre 5.56 et 7.62 mais également "de fusils de grande chasse et de fusils à pompe".
Redevenu un Far West à la faveur d'un cours de l'or qui ne cesse de grimper -près de 50 euros le gramme-, Dorlin est confrontée à des bandits plus jeunes qui, désormais, comme dans les favelas de Rio, font usage d'armes de guerre.