Les coulisses du revirement, l'adversaire des Bleus pour les huitièmes et les banques renoncent à imposer des frais pour tenue de compte : les experts d'Europe 1 vous informent

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SAISON 2015 - 2016

François Clauss, Antonin André et Axel de Tarlé font le point sur l'actualité du jour.

Axel de Tarlé, expert économie

Les banques renoncent à imposer des frais pour tenue de compte. Ces frais sont très impopulaires et les clients n'hésitent pas à changer de banque.
Les banques semblaient s’être donné le mot, 2016 devait être l'année de la généralisation de ce qu'on appelle "les frais pour tenue de compte".
Le principe : il faut payer pour être client. Exactement comme si un supermarché faisait payer l'entrée du magasin.

Comme on s'en doute, ces frais sont très impopulaires, les clients se rebiffent et n’hésitent pas à changer de banque.
Du coup, panique, à bord, les banques font marche arrière toute.
Le Journal les Échos a mené l’enquête, la Société Générale et LCL ont reporté la mesure qui ne concernera finalement que très peu de clients.
De même, BNP Paribas multiplie les exonérations, parfois un coup de fil suffit et vous ne payez plus.
Les banques se sont enfin rendues comptes qu'il y avait de la concurrence et qu'elle ne pouvaient pas abuser avec des frais et des commissions dans tous les sens.
Surtout, les banques se rendent compte qu'il faut qu'elles se rendent aimables.

Il y avait urgence parce que les banques sont en train de perdre la relation directe avec leur client. De plus en plus, notamment chez les jeunes, on passe par Facebook ou par Apple pour les services bancaires.
Et donc, si les banques ne veulent pas totalement disparaitre des écrans radars, elles doivent reconquérir le client, en montrant d'elles une image positive, avec des services uniques, qui apporte quelque chose et non pas le coup de bambou.
Bref, les banques doivent sortir du registre punitif avec les commissions, les frais d'intervention et les agios de retard.

Antonin André, expert politique

La politique c’est le feuilleton de l’interdiction de manifester, prononcée hier matin par la préfecture puis finalement levée par le ministre de l’intérieur, et à l’arrivée ce sera donc une manifestation "on tourne en rond entre la Bastille et le port de l’Arsenal". Comment en est-on arrivé là ?

On a retrouvé le président hésitant. Mardi soir, il hésite "interdire ou pas", échange de coups de fil avec le Premier ministre et le ministre de l’Intérieur. Manuel Valls et Bernard Cazeneuve ne sont pas du tout d’accords. Manuel Valls est pour l’interdiction : s’il y a manifestation, il y a casse, s’il y a casse ça nous sera reproché dit-t-il. Le Premier ministre est droit dans ses bottes. Bernard Cazeneuve est contre l’interdiction. Son argument : en interdisant, on bascule dans un nouveau conflit, la loi Travail n’est plus l’enjeu c’est la question de la liberté publique qui risque de braquer la gauche. François Hollande tranche en faveur de la ligne Valls. Interdiction. Mercredi matin communiqué de la préfecture qui officialise la ligne dure. Les réactions d’indignation pleuvent jusqu’à la CFDT qui condamne! C’est exactement ce que redoutait Bernard Cazeneuve. Le conseil des ministres se déroule dans une ambiance très tendue, Manuel Valls fustigeant par avance les ministres qui ne seraient pas solidaire de l’interdiction. Une heure plus tard, Bernard Cazeneuve se met d’accord avec les syndicats sur la manifestation "on tourne en rond" avec le feu vert de l’Elysée.

Ce que l’on comprend, c’est que Manuel Valls était prêt à assumer l’interdiction jusqu’au bout, mais pas le président. Comment ça s’explique ?

Vous savez ce qui a changé depuis quelques jours ? On est dans une situation politique inédite, une sorte de cohabitation à l’Élysée. Deux François Hollande cohabitent : le président et le candidat à la primaire. Jamais un président de la République sortant sous la 5ème république n’a eu à se soumettre à une primaire organisée par son propre parti et ça change tout. Mardi soir, le président qui parle à tous les Français assume l’interdiction : on est en état d’urgence, il y a l’euro, la menace terroriste, situation historique, exceptionnelle, on interdit ! Mercredi matin, le candidat à la primaire dit au président "Eh oh ! la gauche !!!? Tu veux définitivement la braquer, la casser ? elle te le fera payer à la primaire, le droit de manifester c’est un totem". Il faut tout faire pour ne pas interdire. Alors qu’à l’inverse pour Manuel Valls, lui il s’en fiche de la primaire,lui il n’a rien à perdre. Taper sur la gauche à coups de 49.3 et d’interdiction ça ne lui fait pas peur.
Pour François Hollande depuis quelques jours, la donne a changée…