À la Une : beaucoup d’inquiétudes autour de la nouvelle coalition qui s’apprête à diriger l’Italie

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Chaque jour, Marion Lagardère scrute la presse papier et décrypte l'actualité.

Dans la presse ce matin, beaucoup d’inquiétudes autour de la nouvelle coalition qui s’apprête à diriger l’Italie.

"Faut-il avoir peur de l’Italie ?" demande par exemple le Parisien.
La Dépêche du Midi titre sur "ce populisme qui menace l’Europe", Ouest-France parle d’un "saut dans l’inconnu", l’Opinion d’une "provocation", parce qu’effectivement "l’alliance antisystème entre extrême droite et populistes veut appliquer un programme qui inquiète l’Europe", résume en Une Libération.

Pourquoi tant d’inquiétudes ?

Parce que ce programme est un "cocktail explosif" écrit Jacques Hubert-Rodier dans l’édito des Échos : "promesses onéreuses de baisse d’impôts, augmentation massive des dépenses sociales, abaissement de l’âge de départ à la retraite, instauration d’un revenu minimum pour les plus défavorisés, tout ça enveloppé dans une politique anti-immigration dure. (…)
C’est inquiétant, parce que l’Italie est la quatrième économie de la zone euro, parce qu’elle pourrait devenir un laboratoire pour le reste de l’Europe, et enfin parce que l’euroscepticisme pourrait se propager ailleurs". 
Jacques Hubert-Rodier qui conclut tout de même cette angoissante revue des catastrophes à venir en prédisant que "tout ceci pourrait n’être qu’éphémère, d’abord parce qu’au fond, la rivalité entre ces deux partis politiques est toujours là, et ensuite parce que les marchés financiers ne tarderont pas à sanctionner le lancement d’un projet si couteux".

Et puis "ne faut-il pas, tout simplement, ajoute Florence Chédotal dans La Montagne, laisser l’Italie sauter dans le vide et observer comment se passe l’atterrissage ? La laisser faire son expérience à elle ? (…) Après tout, le pire n’est jamais sûr".

Voilà, le meilleur non plus, évidemment.

En attendant, plusieurs journaux s’attardent sur un exercice plus sûr : en l’occurrence, faire le portrait de Giuseppe Conte, cet avocat dont le nom a été proposé pour qui diriger le gouvernement.

Le site de l’Obs publie les "10 choses à savoir sur lui".
Il est hors parti, mais "plutôt de gauche", il est multilingue, divorcé et a écrit de nombreux livres.
Bref, "un élégant spécialiste du droit administratif de 54 ans", résument les Dernières Nouvelles d’Alsace dont il fait la Une, "un inconnu du grand public" dont la devise est, parait-il, "pour réussir, il faut essayer".
Giuseppe Conte qui fait également la Une, côté italien de la Reppublica et du site du Corriere della Sera.

À noter, comme ça au passage que l’autre titre qui occupe la presse italienne ce matin, notamment La Stampa, c’est l’éventuel transfert du gardien de but Gian Luigi Buffon au PSG.

Justement, à propos de football, l’autre inquiétude, c’est celle qu’exprime le président du club du Havre dans l’Équipe après son match chaotique contre Ajaccio.

"Un véritable malaise, explique Vincent Volpe, d’autant plus inquiétant qu’il ne concerne pas que le Havre". Et pas que le petit monde du football non plus.

Il raconte cette rencontre complètement surréalistes au stade d’Ajaccio, vécue depuis la tribune présidentielle : ces supporters corses qui commencent par des "insultes classiques", dit-il, le traitant de "Français de merde", la pression qu’il sent monter derrière lui, ce projectile douteux qui atterrit à ses pieds, puis l’agression physique, le coup de pied reçu dans le dos avant d’être finalement évacué par les gardes du corps.
Tout ça sans compter les menaces de mort, les insultes racistes et homophobes, le caillassage du bus de ses joueurs 48 heures plus tôt et "des choses incroyables pendant le match", comme les multiples envahissements de terrain.
"Ce qui est arrivé était inévitable, dit-il, pas besoin de s’appeler Einstein, tout le monde savait ce qui allait se passer : dans ce stade, personne ne contrôle personne, surtout pas les stadiers qui sont complices", explique Volpe, qui en veut avant tout à la Ligue de Football Professionnel.
La Ligue à qui Le Havre demande "l’annulation de la rencontre et la victoire sur tapis vert".

En page 3 de l’Équipe, la présidente de la Ligue, Nathalie Boy La Tour, se plaint "d’avoir le mauvais rôle" et le vice-président de l’AC Ajaccio, Alain Orsoni, dénonce "le lynchage médiatique" dont son club serait victime.

Réquisitoire implacable de Vincent Duluc qui parle dans son édito d’un sentiment de honte et de désolation : "d’une part le football corse ne peut plus faire passer des faits de violence et de racisme pour du folklore, dit-il, il est l’heure qu’il en soit comptable et qu’il soit sanctionné. Et d’autre part, la Ligue est coupable de son silence et de sa lâcheté".

Voilà, un scandale qui parle de xénophobie, de violence, d’insécurité, de nationalisme, de tout sauf de football. C’est à lire donc dans L’Équipe qui titre avec un mot qui résume tout : "la honte".

Enfin, l’autre objet qui "déchaine les passions", c’est le QI, et c’est le titre de La Croix ce matin.

"Que vaut encore le quotient intellectuel ?", s’interroge le journal qui souligne que "cent ans après sa création, il créé de vifs débats dans la communauté scientifique". Est-il vraiment fiable ? À quoi correspond cette mesure ? L’intelligence se transmet-elle génétiquement ? Nos cerveaux sont-ils tous égaux ?
"Quand quelqu’un réussit le test, c’est le signe qu’il n’y a pas de problème, en revanche, si le score est faible, on ne sait pas pour autant pourquoi il y a échec". Clairement, les tests de QI ne permettent pas de faire la différence entre un enfant qui échoue parce qu’il est fatigué, inhibé, ou parce qu’il est incapable de raisonner, prévient Sylvie Chokron, directrice de recherche au CNRS, qui met en garde contre une inquiétante généralisation des tests de QI.

Une crainte qui n’est pas infondée puisque de plus en plus de chercheurs travaillent à augmenter nos cerveaux. Illustration avec cette interview sur le site Usbek et Rica, d’un énième professeur Frankeinstein, Newton Howard, qui est tout de même prof en neuroscience à Oxford et directeur du laboratoire Intelligence Synthétique au MIT. Sur quoi planche-t-il ? Sur un "implant, de la taille d’un grain de riz, pesant moins de deux grammes et destiné à être inséré dans le cerveau". Objectif : booster nos performances cognitives.
"Le but, dit-il, c’est de lutter contre le déclin cérébral, de restaurer ce qui est perdu : on va donner à quelqu’un qui veut étudier l’architecture après 70 ans par exemple la capacité de le faire, parce que moi, ce qui m’inquiète, dit-il à Annabel Laurent, c’est que l’humain devienne de plus en plus stupide".

Son implant pourrait-il stimuler également les neurones de la bienveillance, de l’empathie et de l’ouverture au monde ? La question n’est pas posée, c’est dommage parce qu’à lire tous ce journaux, on se dit que c’est aussi de ça que nous aurions besoin.