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Chaque samedi et dimanche, Nicolas Beytout, directeur du journal "L'Opinion", donne son avis sur l'actualité de la semaine.

Hier, vous donniez un coup de chapeau à Angela Merkel, qui devrait décrocher ce soir son 4ème mandat de Chancelière de l’Allemagne. Et aujourd’hui, vous nous dites que vous n’avez pas aimé, tiens, encore le chiffre quatre !

Oui, mais sur un tout autre sujet cette fois : quatre, comme quatre milliards d’euros. Quatre milliards d’économies budgétaires que le gouvernement d’Edouard Philippe renonce à faire en 2018. L’histoire est la suivante.
Le 4 juillet dernier (encore un quatre), le Premier ministre promet solennellement, dans son discours de politique générale à l’Assemblée, que l’Etat réduira en 2018 ses dépenses de 20 milliards d’euros. Et Edouard Philippe ajoute fièrement que ce sera la première fois qu’un gouvernement ne dépensera pas un centime de plus d’une année sur l’autre, même compte tenu de l’inflation. La suite, vous la connaissez : ça coince, ça grippe, ça crie un peu partout : les APL, les emplois aidés, les budgets des ministères, chaque fois qu’il y a une coupe budgétaire à faire, il y a une forte tension. Tout ce qu’il y a de plus normal, au demeurant, dans un pays qui doit réduire ses dépenses publiques, pour réduire son déficit, et pour réduire sa dette.

Et puis brusquement, changement.

Voilà : on a eu la confirmation cette semaine que les économies ne seraient pas de 20 milliards mais de 16. Ca suffira, affirme le gouvernement, à passer sous la barre fatidique des 3% de déficit public.

Contrat rempli, donc.

En apparence, oui. Même si je vous rappelle que la règle européenne (que nous piétinons allègrement depuis une douzaine d’années), c’est de tendre vers un budget équilibré. Mais en réalité, ce petit relâchement de la pression de la part du gouvernement n’est pas un très bon signal.

Tenez, pour être concret : Bercy a annoncé que 1.600 postes de fonctionnaires seraient finalement supprimés l’an prochain. A ce rythme, ce seront 8.000 postes qui seront supprimés pendant le quinquennat, alors qu’Emmanuel Macron, dans sa campagne, avait promis 50.000 postes en moins. Alors que dit le gouvernement ? Que le retour un peu plus élevé que prévu de la croissance donne des marges de manœuvres. Plus de croissance, c’est plus de création de richesses ; plus de richesses, c’est plus d’impôts et de taxes qui rentrent dans les caisses. Et donc, comme il y a plus d’argent, on peut être un peu moins exigeant sur les économies tout en réduisant les déficits.

Autrement dit, c’est parce que ça va un peu mieux qu’on relâche l’effort. C’est ça l’erreur, la faute, même. C’est au contraire parce que ça va un peu mieux qu’il faut maintenir l’effort. C’est dans ces moments-là que les économies sont les moins douloureuses à faire passer. Et puis, que se passera-t-il lorsque la croissance ralentira, ce qui arrivera évidemment. Ce n’est pas dans les périodes de faible activité qu’on accentue facilement la pression sur les dépenses de l’Etat. C’est donc une bonne opportunité de tenir fermement les comptes de l’Etat que le gouvernement vient de rater. Dommage.