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"Kolossal", "Grizant", la qualification de la France en finale de l'Euro est à la une tous les journaux vendredi.

Ce matin en Une des quotidiens, du bleu, du blanc, du rouge, des points d’exclamation, et un Griezmann. Du coup, on oublie l’orthographe : Kolossal avec un grand K, c’est pour le Journal du centre et Paris Normandie. "Grizant" avec un z comme Griezmann, c’est 20 Minutes. Et puis tous les synonymes : L’Equipe : l’Extase. Le Parisien : Mais quel pied ! L’Union : Que du bonheur ! Nord Eclair nous rappelle qu’on attendait ça depuis cinquante ans : Et à la fin, la France a gagné.

Allez, on ne va pas bouder le plaisir. "Après des mois de dissensions sociales, de clivages, de haine et autres coups bas, nous dit Sébastien Lacroix dans l’Union, ce souffle de fraternité, que seul le sport est capable de créer, nous fait un bien fou. Profitons-en, car il ne durera pas". Bien sûr, les journaux avaient retardé leur bouclage pour avoir le résultat du match. D’où le titre de Libération : L’Allemagne tombe dans le péno. Et Le Parisien qui argumente : Oui, il y avait pénalty. Comme une réponse aux quelques mauvais coucheurs.

Le site Slate nous raconte comment est apparu sur le compte Twitter de Ryanair un message assez peu fairplay : photo de Thierry Henry et de cette fameuse main qui avait éliminé l’Irlande en 2010. "Wait a minute, so they do know what handball is in France" #neverforget #CheatingBastards. Rancunier, le community manager de Ryanair. L’entreprise a rapidement repris le contrôle de son compte Twitter et fait savoir qu’il y avait un poste à pourvoir. Et puis on peut aller se promener du côté de chez nos amis Allemands. Parce qu’hier, le journal Bild faisait dans la domination germanique décomplexée. Une habitude. Ça donnait : Adieu les Bleus. Le site du journal proposait même aux Français de voter pour la Une de ce matin : "La vie en raus" ou "Rien ne va bleu". Finalement : Weini, jeu de mot entre le surnom de l’auteur de la main fatale, "Schweini", et le verbe "weinen", pleurer. En football au moins, ils feront moins les fiers.

Hollande rend hommage à Michel Rocard

C’est presque accessoire, mais il y a d’autres sujets dans les journaux. Notamment la cérémonie d’hommage à Michel Rocard, qui en a agacé plus d’un. Et c’est Denis Daumin qui résume dans La Nouvelle République : "Tous là, pas un ne manquait à l'appel. Mines affligées, airs pénétrés. Pour un peu, ceux qui avaient consciencieusement asphyxié, étranglé et poignardé le cher disparu dans les coulisses des congrès et les tentures des palais, se seraient battus pour saisir les cordons du poêle. L'occasion était trop belle. François Hollande l'a saisie, déroulant un discours annoncé comme nerveux et tissé de sous-entendus appuyés. Nous devions admirer le talent du manoeuvrier, on y a surtout vu un remake de Raimu interpellant la Pomponnette dans La Femme du boulanger. La politique, du cinéma maladroitement interprété ? Trop souvent, hélas! C'est précisément ce que Michel Rocard entendait dépasser. La séquence des Invalides, hier, l'aurait fait sourire. C'était une belle âme, il n'était pas rancunier".

Les nombreux suicides chez France Télécom

Malgré la liesse, Libération a choisi d’en faire sa Une : suicides à France Télécom : vers un procès exemplaire. L’Humanité renchérit : France Télécom : la machine à broyer les hommes doit être jugée. Parce que, comme le souligne Laurent Joffrin dans Libé, ce n’est pas forcément la malignité individuelle qui place le salarié dans une situation qui porte atteinte à sa dignité. C’est un système mis en place consciencieusement pour obtenir par la pression morale son départ prétendument volontaire. Portrait d’une dérive du management moderne.

Enfin, juste après la finale, on part en vacances. Mais où ? "Parfois, nous dit Marianne, on ne fait pas attention, on réserve un studio sympa et on se retrouve dans une station balnéaire transformée en immense boîte de nuit où pullulent des éphèbes à demi nus et des pimbêches gaulées à mort. C’est alors qu’on se sent seul, vieux et triste". Avec ce chiffre effrayant : 23 millions de touristes de 18 à 25 ans sont attendus en France dont un tiers à la mer. Un jeune Anglais sur 4 vient chez nous faire la fête. Alors Marianne nous explique où partir pour fuir les jeunes. Avec les effets pervers, éviter les festivals branchés et se retrouver en overdose de profs, d’intermittents du spectacle et de lecteurs de Télérama. Le journal nous conseille les hortillonnages d’Amiens, l’expo Marc Held à Agon-Coutainville, le Museu Nacional de Arte Antigua de Lisbonne. Mais ça, c’est seulement si on n’a pas de rancune contre les Portugais.