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S'il a commencé son mandat sous une pluie d'ennuis (l'affaire du scooter, Cahuzac, les attentats, etc) François Hollande croit toujours dans sa baraka !

Ce matin en Une de vos journaux, un cercueil et un doigt qui en sort, un majeur tendu bien haut, hommage de Willem à son copain Siné :

- Libération : "Mourir ? Plutôt crever".

- Le Figaro s’inquiète : "Dé-radicalisation : la France en quête de stratégie."

- La Croix se penche sur les nouvelles règles du consentement mutuel : "Le divorce, une formalité ?" Plutôt une victoire de l’individualisme qui, nous dit le quotidien, l’emporte sur la protection des plus faibles.

 

Hollande

En Une du Parisien, il a les yeux levés vers le ciel et un sourire béat, dont on oserait dire, n’était le respect que l’on doit au Président de la République, qu’il fait un peu ravi de la crèche. Il compte sur sa bonne étoile. Et pour Le Parisien, ce n’est pas si absurde. Il parait qu’à gauche, on l’appelle "François, la baraka". "François Hollande est un mystère quasi scientifique écrit Frédéric Vézard. Voici un Président de la République qui inaugure son mandat en descendant les Champs-Elysées tête nue, sous une pluie battante, se coltine une crise économique latente, subi des attentats en série puis se coupe de ses électeurs en lançant des réformes promises à l’échec. Dans une telle mouise, l’homo politicus moyen jetterait l’éponge. François Hollande, lui, prépare sa réélection en répétant "ça va mieux". Son secret ? Une chance insolente qui, il en est convaincu, peut à tout moment renverser les pronostics." Le journal a même trouvé des Français indulgents : Hollande, c’est pas si pire, lance Daniel, ingénieur à la retraite. Mais le Parisien nous parle aussi de l’homo politicus moyen. A savoir, ces députés socialistes qui pourraient bien jeter l’éponge en 2017. Le Parisien titre gentiment le Sauve qui peut. Bien sûr, officiellement, on parle d’âge, de non-cumul des mandats, plutôt que de la peur de la Bérézina. Et puis, il y en a qui renoncent par conviction. Pouria Amirshahi, frondeur démissionnaire du PS, parle de raisons personnelles et éthiques : "Je ne veux pas ressembler dans dix ans à quelqu’un qui ne serait pas moi, puisque j’ai toujours considéré qu’en politique, il ne faut pas s’accrocher." Éthique contre chance.

Étudiants en médecine

C’est un petit article du Monde qui a largement fait réagir. Le Rectorat de Paris aurait envisagé de sélectionner les étudiants admis en première année de médecine par tirage au sort. Parce qu’ils sont toujours plus nombreux et parce que la véritable sélection, drastique celle-là, intervient en fin de première année. Toute la presse ce matin publie les démentis du ministère de l’enseignement supérieur. Mais dans l’Opinion, Olivier Auguste rappelle que de nombreuses facultés procèdent ainsi depuis des années. "Le tri par le hasard, plutôt que par l’excellence, le travail ou la motivation. Au pays de la non-sélection à l’université, le tirage au sort est légal, l’orientation intelligente interdite. Comble de l’absurde, cet égalitarisme aurait poussé des perdants de ce loto professionnel à grossir les rangs des Français expatriés dans les universités belges ou roumaines. Une sélection par l’argent. Ô égalité, que de crimes on commet en ton nom !"

Allocation universelle

C’est un débat qui surgit çà et là. Une proposition des manifestants de Nuit Debout, mais aussi des ultra libéraux : un revenu universel venant remplacer toutes les différentes allocations. Sur le site Slate, Jacques Attali s’en fait l’avocat. Il rappelle la tentation actuelle de la BCE de recourir à ce qu’on appelle la monnaie hélicoptère (on déverse l’argent sur les foules en délire pour relancer la croissance par la consommation). Pour lui, l’idée se justifie par l’extraordinaire concentration de richesses qui a dévoyé le système économique. Mais dans Le Figaro, on trouve une réponse d’un autre libéral, Leonidas Kalogeropoulos. Il souligne que ce rêve d’instituer une autonomie universelle qui émanciperait les individus de la tutelle de L’État en leur versant de l’argent sans condition est un leurre motivé par la détestation adolescente de tout ordre social structurant. "Ne voit-on pas que par cette allocation sans condition, on s’apprête à livrer des cohortes de citoyens désœuvrés gratifiés d’un argent de poche public à tous les prêcheurs, à tous les fondamentalismes ?" On ajoutera que transformer les citoyens en chômeurs-consommateurs ne sauvera pas le capitalisme financiarisé.

Byzance

C’est un voyage dans l’espace mais surtout dans le temps. Le Monde des livres nous présente un ouvrage qui regroupe les témoignages d’écrivains, d’observateurs, sur la chute de Constantinople en 1453. Où l’on découvre l’incrédulité des spectateurs de l’époque, la surprise terrifiée des commentateurs grecs et latins, la divine surprise des chroniqueurs ottomans. Alors que pour nous aujourd’hui, il semble évident que Constantinople, privé de ses territoires, affaibli par les appétits vénitiens, était condamné. Ce qui, sur le moment, paraissait impensable, apparaît avec le recul comme l’œuvre de la fatalité. Les historiens qui se pencheront sur le 21ème siècle diront sans doute la même chose.

Virgule

C’est le retour de ma revue préférée : 180°, avec dans ce numéro, un article mythique : "Lettre ouverte à Monsieur Booba." M. Booba, au fil de votre succès, Caramel, vous associez le sucre cuit aux lingots d’or. Et portez ainsi cet innocent sujet pâtissier aux incandescences de la platitude. Oui, 180° s’attaque à Booba ! Monsieur Booba, vous déclarez : "Sans caramel, je fou quoi, chui à la barre chu coupable." Nous passerons sur les licences et affronts à la syntaxe pour aller à l’essentiel, le caramel serait donc de l’or ou de l’argent. Alors 180° se lance dans une réhabilitation du caramel, le vrai. Dans l’une de vos strophes, vous posez au fond la seule vraie question qui vaille : Tu veux baiser ou quoi ? Mais est-ce-là la bonne méthode ? Pour le caramel, comme avec les femmes, c’est le tact et la retenue qui, le cas échéant, sont appréciés. Il faut donc une casserole immaculée pour empêcher le sucre de cristalliser. Et un peu de jus de citron. Et la température est au degré près. 180° propose même des travaux pratiques : des pommes bien fourrées au caramel. Oui, bien fourrées. Et des caramels mous mais pas mollassons. Éloge du mou, donc. Mais encore une fois, pour réussir le mou, il faut de la précision, pas de la chance. Ça, c’est un message à François Hollande.