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Sur le plan social, la CFDT sera clé dans l’échec ou la réussite du nouveau président.

L'édito éco de Nicolas Barré, directeur de la rédaction des Echos. Bonjour Nicolas. Sans elle, Emmanuel Macron ne peut rien faire sur le plan social : la CFDT sera clé dans l’échec ou la réussite du nouveau président. Et son secrétaire général a fixé les règles.

Oui il y a évidemment un socle idéologique commun entre d’une part cette majorité allant de la gauche réformiste au centre droit que veut constituer Emmanuel Macron et d’autre par la CFDT. J’ajoute une chose que peu de gens ont remarqué : Emmanuel Macron a fondé son mouvement politique en partant du diagnostic que la société politique française était en train d’exploser. Or ce diagnostic a été fait depuis longtemps à la CFDT, qui, depuis son poste d’observation, a compris que l’offre politique classique, en particulier du Parti socialiste, ne répondait plus aux attentes de la société. Donc socle idéologique commun et diagnostic commun sur l’état de la société avec Macron.

Mais ça ne fait pas une condition suffisante pour bien travailler ensemble

Justement : dans une lettre ouverte au nouveau président publiée dans Le Monde, Laurent Berger livre sa méthode: vous voulez bougez sur les sujets sociaux ? Nous aussi ! Vous nous trouverez toujours pour discuter. Laurent Berger dit à Macron : au fond on veut la même chose, on veut concilier modernisation sociale et garanties collectives. On veut jouer le jeu de la démocratie sociale. Message positif donc.
La méthode est fixée d’entrée de jeu -le quinquennat n’a même pas commencé : c’est discutons, vous aurez besoin de nous. Il le dit dans sa lettre ouverte à Macron : "les défis sont immenses, vous ne pourrez pas les affronter tout seul".

Ce qui est aussi une mise en garde.

Oui, contre la tentation que pourrait avoir Emmanuel Macron de décider d’en haut alors que nous sommes entrés dans une période où le jacobinisme ne fonctionne plus, c’est la leçon de cette présidentielle. En filigrane, on peut y voir un avertissement de la CFDT sur, par exemple, l’étatisation de l’assurance-chômage. Mais Laurent Berger ne va pas jusqu’à fixer de lignes rouges. Il s’arrête avant. C’est l’autre message de cette lettre. Il aurait pu dire : la pénibilité, c’est une ligne rouge. Il ne le fait pas. Il se pose en interlocuteur prêt à discuter de tout. Mais à une condition : que cela produise des résultats. Pas question pour lui de jouer les auxiliaires du pouvoir. Là aussi c’est très clair. Reste maintenant à passer aux travaux pratiques !