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Le vote du Parlement mardi après-midi donnera le top départ de la partie publique du processus de déconfinement. Un vote qui aura été au centre de toutes les interrogations, de toutes les pressions depuis plusieurs jours. 

Dans un premier temps, Emmanuel Macron avait annoncé qu’il solliciterait un avis du Parlement sur le tracking, le pistage par téléphone de la circulation du virus. C’était il y a 2 semaines, jour pour jour. Mais très vite, les oppositions de droite, de gauche et une partie des députés En Marche sont montés au créneau pour exiger un vote en bonne et due forme sur ce sujet qui, effectivement, touche aux libertés publiques. Ce que le gouvernement a fini par accepter en annonçant au passage qu’il y aurait aussi un vote sur le plan de déconfinement. En somme, plus démocrate que moi, y’a pas ! semblait dire le gouvernement…

Mais ces deux votes, finalement, ne feront plus qu’un…

Exactement, mais ce vote portera sur le plan de déconfinement. Fini, le vote spécifique sur le tracking. Le sujet divisait beaucoup, dans tous les camps, et personne ne savait ce qui risquait d’en sortir. Alors qu’un vote sur le processus de déconfinement, c’est du billard…

Pourquoi du billard ? Vous voulez dire que c’est joué d’avance ?

Bien sûr. Ce grand plan de déconfinement va tracer le cadre général de notre vie d’après, en tout cas de la phase transitoire qui nous amènera progressivement vers une vie « normale » (espérons-le). Il s’agit donc d’un aspect absolument crucial de l’action gouvernementale. Ce n’est pas une déclaration de politique générale à proprement parler, mais c’est tout comme : santé, école, sécurité, transports et tourisme, social, économie, budget, tout y est. Tout y sera. Ce sera une sorte de vote de confiance qui ne porte pas son nom. Et, comme pour un vote de confiance, aucune voix de la majorité ne devrait manquer au gouvernement.

Et au sein des oppositions, on sait aussi, déjà, comment on va voter ?

Oui, très probablement. Jean-Luc Mélenchon s’est déjà insurgé contre le manque de temps pour débattre, et il a annoncé qu’il voterait contre. Les Républicains, eux aussi, dénoncent ce débat-croupion, sont mécontents de ne pas avoir le temps nécessaire pour jauger le plan du gouvernement ni pour défendre leurs propres propositions sur le déconfinement. Ils voteront contre. Et tout devrait être à l’avenant : la majorité approuvera, l’opposition s’opposera.

Et ça vous étonne ?

Non, pas vraiment. Parce que je n’ai jamais cru à toutes ces phrases magiques sur le monde d’après, le « rien ne sera plus comme avant », sur la nouvelle façon de faire de la politique, avec concorde ou union nationale en bandoulière. Et puis, ce n’est pas au moment où la cote de confiance des Français dans la gestion de la crise par le gouvernement recule, que les adversaires de ce gouvernement vont lui offrir des brins de muguet. Bon, bien sûr, une fois sortis de la crise, il y aura peut-être quelques légères rectifications de frontières, entre majorité et opposition, mais pour l’essentiel, la politique façon « vie d’avant » aura repris ses droits.