Mal en point, Areva aiguise l'appétit de ses concurrents

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SOLDES - Le spécialiste du nucléaire doit vendre des actifs pour rebondir. Les candidats sont nombreux, ce qui pourrait conduire à un démantèlement.

En plein marasme après la publication de ses résultats pour l’année 2014, Areva a enregistré 4,83 milliards de pertes nettes et a annoncé dans la foulée un vaste plan de restructuration synonyme de 3.000 à 4.000 suppressions d’emplois. Mais l'entreprise risque aussi d'être obligée de céder une partie de ses activités pour récupérer de l'argent frais. Une mise en vente qui attire de nombreux candidats, voire trop, ce qui relance les rumeurs d'un démantèlement de l'entreprise car Areva a pour spécialité de proposer une offre intégrée, allant de l'extraction de l'uranium jusqu'au retraitement des déchats nucléaire en passant par la construction de réacteurs.

EDF lorgne sur l'activité réacteur. Le PDG de l'électricien, Jean-Bernard Lévy, a officialisé son intérêt mardi sur Europe 1 : "nous sommes en train de préparer une proposition que j’adresserai dans les jours qui viennent au président d’Areva, pour lui proposer qu’EDF achète l’activité réacteur d’Areva. C’est une activité que nous connaissons très bien puisque les réacteurs, nous les avons construit avec Areva. C’est 15.000 salariés qui construisent et exploitent des réacteurs dans le monde entier, c’est un métier que nous connaissons bien".


Lévy : "qu’EDF achète l’activité réacteur d...par Europe1fr

Une offre chiffré d'un peu plus de deux milliards d'euros a été envoyée en fin de semaine, selon les informations du quotidien Les Echos. Dans le détail, c'est la division réacteurs, baptisée Areva NP - pour "nuclear power -, qui intéresse EDF : elle regroupe la conception et la fabrication des équipements, mais aussi l'assemblage de combustible et les services aux réacteurs existants.

Engie se positionne sur la maintenance. L'autre poids lourd de l'énergie en France, Engie (ex GDF-Suez), est lui aussi entré dans le bal. L'activité de maintenance et de réparation des réacteurs - aux revenus réguliers et aux marges élevées - intéresse en particulier Engie, qui veut se développer dans les énergies non carbonées. Conscient qu'EDF mettrait son veto à voir son concurrent s'occuper de la maintenance de son parc de centrales en France, le groupe gazier jette son dévolu sur l'étranger. "Il y a une partie des activités d'Areva notamment dans le domaine des services de maintenance nucléaire à l'international qui ferait un beau rapprochement avec les nôtres", a déclaré samedi sur Europe 1 son PDG Gérard Mestrallet. Cela "pourrait être une prise de participation mais nous souhaitons qu'Areva reste impliqué", a-t-il ajouté.

Des investisseurs chinois également intéressés. Areva, dont les besoins de financement sont estimés à 7 milliards d'euros, selon une source citée par Les Échos, lorgne aussi du côté d'éventuels investisseurs chinois. La Chine, qui représentera la moitié de la croissance du marché du nucléaire au cours des prochaines années, est également désireuse d'acquérir les technologies qu'elle ne maîtrise pas encore dans ce domaine.

Les groupes d'électricité China National Nuclear Corporation (CNNC) et China General Nuclear (CGN) pourraient ainsi prendre jusqu'à 10% du capital d'Areva NP, une fois racheté par EDF, selon des informations de presse. "On peut bâtir avec les Chinois des coopérations dans ce domaine comme dans d'autres qui soient très performantes", a indiqué une source gouvernementale à l'AFP. Interrogé sur le sujet vendredi, le ministre de l'Économie Emmanuel Macron a souligné que la question des partenaires autres qu'EDF viendrait "dans un second temps".

Le ministre des Finances Michel Sapin doit recevoir mercredi matin Philippe Varin, président d'Areva depuis janvier, et une réunion aura lieu le 3 juin à l'Élysée avec les ministres concernés, avant qu'un Conseil de politique nucléaire ne tranche début juillet