Le Nasdaq atteint des sommets : bonne ou mauvaise nouvelle ?

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BOURSE - L’indice boursier a franchi la barre symbolique des 5.000 points, du jamais vu depuis 2000… et l’éclatement de la bulle Internet.

Wall Street était en fête lundi soir : le Nasdaq, le second indice boursier qui regroupe la majeure partie des entreprises de high-tech, a clôturé la journée au-dessus des 5.000 points. Ce qui n’était pas arrivé depuis mars 2000. Si de nombreux observateurs n’ont pas caché leur joie de voir cet indice boursier retrouver des niveaux aussi élevés, d’autres se sont au contraire inquiétés, et pour cause : la dernière fois que le Nasdaq était au-dessus des 5.000 points, le conte de fée avait viré au cauchemar suite à l’éclatement de la bulle Internet. Faut-il s’en réjouir ou s’en inquiéter ? 

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Les raisons d’y voir une bonne nouvelle. La dernière fois que le Nasdaq atteignait de tels sommets, la chute fut très rude : dépassant les 5.000 points en mars 2000, le Nasdaq ne valait plus que 1.114 points fin 2002. Il faut dire que les investisseurs se ruaient à l’époque sur toutes les sociétés se spécialisant sur Internet ou les nouvelles technologies, provoquant une bulle spéculative qui n’a pas tardé à éclater.

Un tel scenario peut-il se répéter ? Rien n’est sûr, mais certaines choses ont beaucoup changé en 15 ans : le secteur des nouvelles technologies n’est plus balbutiant. Il est bel et bien devenu rentable : Google n’est plus un pari sur l’avenir mais une société omniprésente qui a réalisé en 2014 un bénéfice net de 14,4 milliards de dollars. Apple vole, lui, de record en record et a réalisé un bénéfice supérieur à 18 milliards de dollars au cours des trois seuls derniers mois de l’année 2014.

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"La grosse différence avec la bulle internet, c’est qu’à l’époque aucune société internet n’avait de "business model" vraiment établi. C’était un pari : n’importe quel entrepreneur un peu convaincant arrivait à raconter une histoire à des investisseurs qui ne demandait qu’à y croire", résume Nicolas Barré, directeur de la rédaction des Echos. Aujourd’hui, ces derniers sont moins aveuglés, d’autant que l’économie numérique est en train de conquérir de nouveaux pans, jadis réservés à l’économie classique : la location de logement avec Airbnb, la vidéo avec Netflix ou encore le transport citadin avec Uber. Bref, ces firmes gagnent maintenant de l’argent et comptent bien devenir les mastodontes de demain en étant les premières à investir leur niche. Bref, l’économie numérique est désormais assez mûre et n’est plus un château de cartes prêt à disparaitre à la moindre bourrasque.

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Les raisons d’y voir un mauvais signe. Les investisseurs ne doivent pas pour autant sombrer dans l’euphorie car en Bourse, une chute est toujours possible, surtout dans un contexte de croissance molle dans les pays développés. D’autant que les comportements moutonniers conduisent à survaloriser certaines entreprises et qu’en cas de "correction", certains devront bien payer les pots cassés.

"Il n’y a plus une bulle comme en 2000 mais les valeurs des firmes high-tech qui réussissent ne sont quand même pas très normales : elles sont indexées sur les éventuels profits du futur.  C’est une anticipation qui existe dans toutes les entreprises mais qu’on retrouve pour le high tech à une très grande échelle et sans doute à une trop grande échelle", prévient Eric Le Boucher, directeur de la rédaction d'Enjeux-Les Echos. Avant d’ajouter : "en ce sens, il y a une bulle : non pas une bulle pour tous mais une bulle pour les plus grands. Le GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon) vaut 1.500 milliards de dollars en Bourse, plus que toutes les firmes du CAC 40 français. Trop, c’est trop". D'autant que certaines entreprises, à l'instar de Facebook, pourraient s'effondrer si les usagers s'en détournaient pour migrer vers une nouvelle plate-forme.

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Un autre élément doit également inciter à la prudence : si la valeur des entreprises cotées en Bourse ne cesse d’augmenter, c’est parce que les banques centrales du monde entier ne cessent de faire tourner la planche à billets pour tenter de relancer l’activité. Sauf que cet argent n’est pas investi dans les petites et moyennes entreprises qui ont besoin de se développer, les investisseurs et les banques restant encore méfiants. Ces derniers se tournent alors vers la Bourse et font augmenter artificiellement le cours boursier de nombreuses entreprises. Une situation qu'on retrouve aussi en France, où le CAC 40 ne cesse de grimper depuis l'été 2012 alors que l'économie hexagonale reste amorphe. Le jour où cet afflux de liquidités à bas prix se tarira, une rechute des cours n’est pas à exclure.

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