Le boom de la génération boomerang, ces étudiants condamnés à retourner chez leurs parents faute de moyens

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Axel de Tarlé
Face à l’explosion du coût de la vie en général et des prix dans l’immobilier en particulier, de plus en plus de jeunes sont contraints, après leurs études, de retourner vivre chez leurs parents. Une situation mal vécue par tous les protagonistes.

Dix jours après la tentative d’immolation d’un étudiant à Lyon, le gouvernement peine à répondre à la colère estudiantine. Une réunion intersyndicale aura lieu ce soir. Tous dénoncent la précarité de la vie étudiante.

L'une des difficultés quand on est étudiant, c'est se loger. On dit d'ailleurs que ces étudiants précaires dans les universités, ce sont en fait les enfants des "gilets jaunes". Car après le Bac, il faut quitter le pavillon familial pour aller étudier dans les grandes villes, à la faculté, où les prix immobilier sont parfois devenus délirants. Par exemple, à l'université Lyon 2 - celle de l’étudiant qui s’est immolé -, sur les berges du Rhône, on est à plus 5.000 euros du mètre carré.  A Paris, Jussieu, à la Sorbonne, c’est évidemment encore pire avec  plus de 1.000 du m2.

C’est un constat que tirait la semaine dernière Gaspard Gantzer, candidat à la mairie de Paris, sur Europe 1. "Il y a un mythe positif à Paris, c’est ‘monter à Paris’. Il y a 80% des Parisiens qui ne sont pas nés à Paris. Pourquoi ils ont réussi à venir à Paris ? Parce que justement il y avait de la place pour eux, des studios, des petites surfaces qu’ils pouvaient louer", relevait l’ancien conseiller en communication de François hollande. "Si demain la ville se referme sur elle-même parce que les prix ont explosé, Paris va pourrir sur pied, parce qu’il n’y aura plus que des gens très riches pour y habiter."

"Un chiffre en constante augmentation depuis 2000"

A cette précarité immobilière, on peut évidemment ajouter la précarité professionnelle, avec un taux de chômage des jeunes de 19 %, le double de la moyenne nationale. Difficulté à se loger et à trouver du travail donc,  et du coup, c’est terrible, après leurs études, une partie croissante de cette jeunesse est obligée de retourner vivre chez leurs parents. Et c'est "un chiffre en constante augmentation depuis 2000", nous dit l'Insee, qui parle de "génération boomerang".  

46 % des moins de 29 ans n'ont pas réussi à prendre leur envol, leur indépendance - et vivent encore chez leurs parents. Ça rappelle le film Tanguy. Sauf que là, la situation est subie, et qu’elle est donc très mal vécue, de part et d'autres.