Grèce : à quoi ressemblerait une restructuration de la dette ?

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© JOEL SAGET / AFP
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Le FMI a envisagé mercredi une restructuration de la dette grecque. Mais sans préciser s'il s'agirait d'un effacement, d'un étalement ou d'un rachat.

Réclamée depuis plusieurs mois par le gouvernement grec, exclue des négociations par ses créanciers… la restructuration de la dette refait parler d'elle. Alors que les conditions de négociations se sont durcies depuis le "non" des Grecs, Christine Lagarde, la présidente du FMI, a évoqué mercredi la possibilité que la dette grecque soit restructurée. Si pour le moment, la BCE et la zone euro ne s'aventurent pas sur cette voie, la révision des créances d'Athènes pourrait revenir sur le tapis. Mercredi, lors de son oral devant le Parlement européen, le Premier ministre  grec Alexis Tsipars l'a en tout cas de nouveau demandé. Mais à qui appartient la dette grecque et à quoi pourrait ressembler sa révision ?

Dette grecque, à qui et combien ? La dette grecque s'élève en ce mois de juillet 2015 à 320 milliards d'euros, soit à peu près 180% du PIB du pays. C'est en 2007 que la dette grecque a éclaté au grand jour et depuis, elle n'a cessé de se creuser malgré deux plans d'aide et des mesures d'austérité sans précédent.

Le Fond européen de stabilité financière (FESF) est détenteur de 40% de cette dette, soit environ 140 milliards d'euros prêtés en moyenne sur 30 ans. Ce fonds est en fait abondé par les pays de la zone euro, à hauteur de leurs richesses respectives. L'Allemagne et la France en sont de gros contributeurs avec respectivement 60 et 40 milliards d'euros. Ces pays se sont même engagés dans des prêts bilatéraux pour arriver à ces sommes. La BCE et le FMI ont apporté, pour leur part, 26 et 21 milliards d'euros chacun. Le reste de la dette appartient à des organismes privés, surtout des banques. 

Pourquoi la Grèce veut une restructuration ? La Grèce est dans une impasse financière depuis plusieurs années. Après une croissance nulle, le pays pourrait même connaître en 2015, suite aux deux semaines de contrôle des capitaux, une récession. Dans un tel contexte, Athènes ne peut dégager d'excédents budgétaires pour honorer ses créances. La dette nourrit donc la dette. Pour rembourser, la Grèce emprunte de nouveau et met ainsi le doigt dans un engrenage sans fin. Enfin, le pays se doit aussi de rembourser des taux d'intérêts élevés (9%).

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© Capture d'écran ITELE

Qui en première ligne en cas de restructuration ? Si Christine Lagarde, la présidente du FMI, a évoqué mercredi une restructuration de la dette grecque, c'est qu'elle sait qu'elle ne prend aucun risque. Selon les règles en vigueur, en cas de défaut de paiement d'un pays, le FMI est en effet prioritaire sur les autres créanciers. Et si les difficultés d'Athènes se reproduisent, l'organisme saura faire preuve de souplesse en étalant la dette sans pénalités. C'est pour toutes ces raisons que depuis sa création en 1944, le FMI n'a jamais eu à effacer de dettes. Si restructuration il y a, ce sera donc au FESF et à la BCE de faire un effort.

Effacement, étalement ou rachat ? La première option, l'effacement de la dette n'est envisagé sérieusement par personne. Car cela reviendrait en effet à reporter son poids sur les pays créanciers et leurs populations. L'étalement, deuxième option, serait une solution plus viable. Le Monde rapporte un calcul effectué par le think tank bruxellois Bruegel : allonger de dix ans la maturité des prêts grecs et en réduire le taux permettrait d’alléger la dette de 17 %.

Dernière possibilité, le Mécanisme européen de stabilité (MES) pourrait racheter les créances grecques de la BCE et même du FMI afin d'étaler leur remboursement.

Un effacement déjà en 2012. Si les créanciers d'Athènes freinent des quatre fers à l'idée de restructurer la dette, c'est qu'ils estiment qu'ils ont déjà fait de nombreux efforts. Début 2012, la Grèce a en effet déjà bénéficié d'une opération d'échange de dette. Les créanciers privés ont vu leurs titres remplacés par d'autres moins rentables. Environ 100 milliards d'euros de dettes se sont ainsi évaporés. Les créanciers publics, quant à eux, avaient à l'époque également consenti des aménagements avec des taux plus avantageux et des allongements d'échéance.