Crise grecque : le couple franco-allemand se déchire

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Isabelle Ory et Julien Ricotta avec AFP , modifié à
François Hollande appelle à un accord immédiat avec la Grèce, au contraire de l'Allemagne, qui a fermé la porte à une solution rapide.

Entre Paris et Berlin, le cas grec divise profondément. Angela Merkel et François Hollande ont affiché pour la première fois leur divergence de vue, mercredi, à quelques jours du référendum grec. La chancelière allemande, comme le reste de la zone euro, a exclu toute discussion avec la Grèce avant la consultation organisée dimanche par le gouvernement d'Alexis Tsipras. François Hollande, au contraire, a pris le contre-pied en appelant à un accord rapide avec la Grèce. Mais pourquoi le couple franco-allemand se déchire-t-il ?

Hollande veut une solution rapide. Le président de la République a tenté de se poser en rassembleur, mercredi lors d'un congrès sur le climat à Lyon. François Hollande a ainsi exhorté la Grèce et ses partenaires européens à trouver une solution rapide sur le renflouement financier du pays, qui a fait défaut sur un remboursement de 1,5 milliard d'euros au FMI mardi. "Il faut être clair, l'accord, c'est tout de suite ! Il ne pourra pas être différé. Ça fait tellement de temps qu'on parle de cet accord, il faut qu'il vienne", a lancé le chef de l'État, laissant poindre son agacement devant les nouvelles péripéties des négociations. Car le président de la République craint les conséquences d'un "Grexit".

Merkel exclut toute discussion. Mais l'ouverture souhaitée par François Hollande se heurte à la fermeté allemande. Angela Merkel a fermement exclu mercredi de chercher "un compromis à tout prix" avec la Grèce. La chancelière ferme donc la porte à une solution rapide, au contraire de la France. "L'avenir de l'Europe n'est pas en jeu", a affirmé Angela Merkel, répétant qu'il ne pourrait y avoir d'issue au dossier grec avant un référendum en Grèce dimanche. Comprenez : la sortie de la Grèce de la zone euro ne serait pas une catastrophe.  

Paris isolé sur la scène européenne. La France a beau affirmer que le bras de fer entre la Grèce et ses partenaires européens est mauvais pour l'image de l'Europe et plaider pour un accord rapide, elle apparaît isolée sur la scène européenne. A l'Eurogroupe, le ministre des Finances Michel Sapin n'est soutenu que bien timidement par son collègue italien, selon un observateur. En face, les autres pays européens sont braqués.

Une ligne ferme dans la zone euro. Tous ont adopté la même ligne ferme que l'Allemagne et confient leur "exaspération", au point de se demander s'ils "partagent les mêmes valeurs que la Grèce", selon des sources proches du dossier. Les pays du sud comme l'Espagne et le Portugal, qui ont subi l'austérité,  ne veulent pas faire de cadeaux, alors que les pays Baltes et la Slovaquie ne veulent pas payer pour Athènes. Les pays du nord, l'Allemagne, la Finlande et les Pays-Bas, ont eux perdu toute confiance. Une vraie coalition, mais avec deux nuances : ceux qui veulent être sévères mais garder la Grèce dans l'Euro, et ceux qui, selon les mots d'un négociateur, veulent "débrancher la prise et mettre la Grèce dehors".