Alain Minc "espère que les plus raisonnables des 'gilets jaunes' se sépareront du reste du mouvement"

Alain Minc, Europe 1, 1280
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Grégoire Duhourcau , modifié à
Invité de Nikos Aliagas sur Europe 1, l'économiste Alain Minc estime qu'Emmanuel Macron "va mettre des mesures sur la table". Mais il ne sait pas si cela "suffira à calmer l'espèce de délire d'agressivité auquel on assiste tous les samedis".
INTERVIEW

Emmanuel Macron va-t-il réussir à éteindre l'incendie lors de sa prise de parole, lundi soir ? "À l'évidence, il va mettre des mesures sur la table qui répondront au moins en partie aux revendications d’une part des 'gilets jaunes'", estime l'économiste Alain Minc, au micro de Nikos Aliagas, lundi, sur Europe 1. C'est la raison pour laquelle il "espère que les plus raisonnables des 'gilets jaunes' se sépareront du reste du mouvement".

Chacun doit "prendre un peu de distance". Mais il est difficile de dire si cette allocution présidentielle "suffira à calmer l'espèce de délire d'agressivité auquel on assiste tous les samedis". Car oui, Alain Minc tient à "inciter chacun à prendre un peu de distance", en pointant notamment "les pulsions de mort qui agitent la société française".

En ce qui concerne les mesures concrètes que pourrait annoncer le président de la République, Alain Minc ne croit "absolument pas" à un rétablissement de l'ISF. D'après lui, "il y a deux populations pour lesquelles il est nécessaire de faire un geste". La première, ce sont les retraités : "La désindexation des retraites a été un geste extrêmement lourd et il faut revenir dessus, au moins partiellement."

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"Essentiel de mettre en place un système d'aide individuelle au transport." Il pointe par ailleurs "une inégalité fondamentale" qui a été l'un des points de départ du mouvement des "gilets jaunes" : "En région parisienne, les entreprises payent les versement transports et la moitié de la carte Navigo pour beaucoup d'entre elles pour acheminer leurs salariés au bureau. En province, il n'y a pas de transports en communs, il n'y a pas de versement transports."

Selon Alain Minc, il était donc "essentiel de mettre en place un système d'aide individuelle au transport". Il s'exprime au passé car "cela va être fait". "Si cela avait été fait de longue date, on n'aurait pas eu le point de départ." Car derrière cela, il y a eu "un espèce d'engrenage" qui a vu les revendications se multiplier.

"Le modèle capitaliste tel qu'il a fonctionné a atteint sa limite." Il appelle enfin les entreprises à "faire un geste de fin d'année" et que celui-ci soit "assez significatif". Comparant l'argent à l'eau que l'on utilise pour éteindre l'incendie, Alain Minc assène : "Il faut mettre de l'argent sur la table." En conclusion, Alain Minc estime que "le modèle capitaliste tel qu'il a fonctionné a atteint sa limite". "Il faut repartir dans un mouvement beaucoup équilibré de redistribution."