Une salle de bains où tout est ordre, beauté et sensualité...

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Il y a un siècle à peine, seuls les riches appartements bourgeois étaient dotés d’une salle de bains bien équipée et somptueusement décorée, et d’un cabinet de toilette, sanctuaire où la femme s’occupe de sa beauté dans l’intimité.

Il y a un siècle à peine, seuls les riches appartements bourgeois étaient dotés d’une salle de bains bien équipée et somptueusement décorée, et d’un cabinet de toilette, sanctuaire où la femme s’occupe de sa beauté dans l’intimité.

 

 

 

 

 

 

La fortune compte

 

Longtemps, peu d’immeubles disposent de l’eau à tous les étages et peu de familles emploient la nombreuse et docile domesticité nécessaire pour aider au bain. Mais, au XIXe siècle et fort avant dans le XXe siècle, la bourgeoisie répand énergiquement dans les classes populaires l’idée de la santé par l’hygiène et défend l’usage de la douche, moins chère que le bain, dans les immeubles à loyers économiques, où elles sont installées au rez-de-chaussée ou en sous-sol. Un concierge veille à la bonne marche de ce service.

 

 

 

 

Une hydrothérapie bien tempérée

 

La fortune n’explique pas tout. Citadins et campagnards sont fort réticents. Le corps médical est partagé. Certains médecins voient le bain et la douche comme des pratiques thérapeutiques parfois risquées. Les résistances tombent progressivement lorsque la médecine établit formellement le lien entre hygiène et prévention de nombreuses maladies.

 

 

 

 

 

 

La pudeur en est offensée !

 

Pourquoi ces résistances ? Se laver, au sens moderne du terme, revient à s’occuper de son corps et, du coup, à le connaître. Le risque du péché de sensualité en devient dangereusement proche ! La pudeur limite aussi la propreté. Ne voit-on pas encore, il y a quelques décennies seulement, beaucoup de femmes et d’hommes se laver, parfois tout habillés, dans une bassine ou un tub ? Et que dire de l’intimité ? L’hygiène doit rester privée à tel point que, très longtemps, elle est accomplie de façon quasi honteuse, parfois dans un réduit.

 

 

 

 

L’hygiène, pour la santé et par courtoisie

 

À la veille de la Première Guerre mondiale, les classes aisées adoptent les modèles américain et anglais de salles de bains fonctionnelles, carrelées de blanc et brillantes. Plus lentement, les milieux populaires citadins puis le monde rural adoptent les pratiques modernes de propreté. On se lave pourtant encore, au milieu du XXe siècle, dans la salle commune, la cuisine ou la cour, avec une cuvette, un seau et très peu d’eau, jusqu’à la généralisation des salles de bains au tournant des années soixante, quand l’eau est enfin partout « montée aux étages ».

 

 

En même temps, la conception de l’hygiène a changé. La saleté est devenue aussi une incivilité. Pour les femmes comme pour les hommes. Ce qui fait perdre à la salle de bains beaucoup de son caractère féminin. La salle de bains c’est maintenant, simplement, pour tout le monde.

 

 

 

 

 

 

 

 

Cachez ce lieu…

 

Elle reste pourtant, pour la majorité, à peine « montrable », souvent petite et modestement équipée. Surtout, elle est l’endroit où se livre une reconquête intime et permanente du propre sur l’envahissement du sale. C’est là que chacun, à travers des gestes de soin privés, se dote d’une façade personnelle. C’est aussi dans la salle de bains que chacun vit des instants d’intimité avec soi-même et ces moments où il prend la mesure secrète de ses fragilités.

 

 

 

 

Par respect pour moi… et pour mon plaisir !

 

Aujourd’hui, l’hygiène est une valeur qui va de soi, qui signe l’intégration sociale d’une personne. On est d’abord propre pour soi. La propreté est ainsi une des expressions de l’individualisme et de l’attention à soi.

 

Bien sûr, il faut que les moyens le permettent ! Lorsque c’est le cas, la salle de bains d’aujourd’hui se donne des airs coquets ou élégants. Elle copie les avatars modernes des thermes que sont les spa. On y jouit à loisir du temps du bain et des soins du corps. Elle invite à la sensualité – bougies, encens, parfums, crèmes et lotions, musique – et donne, en accord avec les valeurs d’aujourd’hui, la permission du narcissisme.

 

 

 

 

Elle se montre, maintenant

 

Une belle salle de bains est un signe de statut. Du coup, on la fait visiter ! Elle semble quitter les coulisses. Sa beauté déteint quelque peu, dirait-on, sur l’habitant, qui en paraît aussi plus en santé. Les qualités d’intimité de la pièce sont alors plus nuancées et plus complexes.

 

 

 

 

Et pourtant, elle reste secrète

 

Il reste que c’est dans l’intimité de la salle de bains – luxueuse ou modeste – que chacun est nu devant son miroir. C’est là qu’il voit ce qu’il faut cacher, ajuster, réparer de lui-même pour se construire une façade et ainsi se donner le courage d’affronter le monde. C’est pourquoi elle se montre sans se révéler. Dès que sa porte en est fermée, l’intime reprend tous ses droits.

 

 

 

 

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