Peut-on fabriquer tout partout ?

Les inondations en Thaïlande ont fait chuter la production mondiale de disques durs
Les inondations en Thaïlande ont fait chuter la production mondiale de disques durs © REUTERS
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Jean-Louis Dell'oro , modifié à
Face aux catastrophes naturelles, certaines entreprises peuvent rapidement se retrouver à court de composants.

Après de graves inondations en Thaïlande, les distributeurs de disques durs et les fabricants d'ordinateurs sont confrontés à une véritable pénurie de matériel de stockage. Une situation qui rappelle à bien des égards ce qu'il s'était passé avec les constructeurs automobiles, bloqués à cause de la fermeture de certaines usines au Japon à la suite du tsunami du 11 mars dernier.

Les fabricants sont-ils devenus trop dépendants de certains pays ? Europe1.fr a posé la question à un spécialiste de la chaîne d'approvisionnent (ou supply chain) : Antoine Comby, directeur d'exploitation du groupe Impex, spécialiste des accessoires de marques pour les voitures. 

E1.fr : Comment réagissent les responsables de la chaîne d'approvisionnement en cas de pénurie de composants ?
Antoine Comby : En règle générale, on essaie justement de ne jamais se retrouver dans une telle situation. On doit avoir prévu en amont des garanties auprès de ses fournisseurs et au moins une solution alternative. Car dans l'urgence, la priorité n'est plus nécessairement la marge que l'entreprise peut se faire sur un composant mais sa disponibilité. C'est vrai cependant que dans le cas d'une catastrophe naturelle, on peut effectivement se retrouver coincé.

E1.fr : La production de certains composants n'est-elle pas trop concentrée géographiquement ?
A. C. : Pendant des années, on a éloigné les productions. Du coup, on s'expose beaucoup plus à ce genre de risques. La question est par exemple de savoir si on construit des camions à deux jours ou à cinq jours de route des consommateurs finaux. Le risque est effectivement important lorsqu'une toute petite zone concentre la fabrication des mêmes composants. Toutefois, il y a suffisamment de technologies connues dans le monde pour qu'une solution voie le jour ailleurs en quelques mois. Aujourd'hui, on peut fabriquer pratiquement tout presque partout.

J'observe d'ailleurs depuis quelques années qu'il y a une migration très rapide des capacités de production qui s'implantent tour à tour en Europe de l'Est puis en Chine avant de se retrouver ailleurs. Mais cela est surtout vrai pour des produits assez simples en dehors de l'alimentaire. Dans la pratique, pour les composants plus poussés, c'est parfois plus dur.

E1.fr : Est-ce que la catastrophe de Fukushima et les inondations en Thaïlande ont changé la vision des responsables supply chain sur cette question ?
A.C. : La réflexion était déjà présente. Simplement, comme un gros incident de ce type ne s'était pas produit depuis longtemps, les risques pris étaient un peu plus importants. Ces drames ont poussé les entreprises à renforcer les contrôles et les audits sur ces questions pour avoir toujours plusieurs solutions sous la main.