Merveilleux et Prosaïque, le JARDIN (1)

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Tout commence avec un jardin Il avait pour nom Éden. On y vivait dans la paix et le plaisir. Traversé d'eau, il était fécond et parfumé. De ce jardin que la tradition situe en Mésopotamie – l'Orient ancien - l'humanité a été chassée. Et depuis, les grands de ce monde comme les plus humbles jardiniers d'aujourd'hui rêvent de recréer ce paradis mythique.

Tout commence avec un jardin Il avait pour nom Éden. On y vivait dans la paix et le plaisir. Traversé d'eau, il était fécond et parfumé. De ce jardin que la tradition situe en Mésopotamie – l'Orient ancien - l'humanité a été chassée. Et depuis, les grands de ce monde comme les plus humbles jardiniers d'aujourd'hui rêvent de recréer ce paradis mythique.

 

 

 

 

 

DU JARDIN DES DELICES AU JARDIN DE PAVILLON...

 

Les vergers et les splendides jardins royaux des cités mésopotamiennes, où se donnent des banquets et où on construit des temples, datent de cinq mille ans. Aux plantes indigènes se mêlent les espèces rapportées de très loin, sous forme de jeunes pousses ou de graines, à l'issue des campagnes militaires. Ces jardins sont beaux. Ils sont aussi utiles. Leurs jardins maraîchers, leurs vignes et leurs vergers nourrissent les riches habitants et leurs serviteurs et approvisionnent les citadins.

 

 

 

 

Richesse et pouvoir

 

Le jardin planté de grands arbres est l'apanage du pouvoir et le luxe suprême que s'offre la fortune. C'est dans cet esprit que furent construits au cours du temps par exemple, il y a près de trois mille ans, les jardins suspendus de Babylone, considérés comme l'une des Sept Merveilles du monde.

 

 

Sous l'influence de la Perse et de l'Islam, le jardin de plaisance des puissants devient à la fois magique et savant puisqu'il conserve et applique les connaissances botaniques des époques qui se succèdent. La Rome antique aura, au IIème siècle de l'ère courante, la Villa d'Hadrien à Tivoli. A Grenade se bâtit l'Alhambra qui reste, du XIIème siècle à nos jours, le témoin prestigieux des sept siècles de présence musulmane en Espagne.

 

 

En France, Versailles et ses jardins sont bâtis du XVIIème au XVIIIème siècle. Et ce sont aussi les rois qui aménagent à grands frais de vastes jardins publics. Là aussi tout commence en Mésopotamie - en Assyrie - il y a quatre mille ans.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dedans un joli jardinet

 

Au Vème siècle, l'empire romain s'écroule. L'instabilité s'installe. Les jardins de plaisance des nobles et des gens d'église perdurent durant le tout le Moyen Âge mais ils sont à présent défendus contre l'insécurité, clôturés et plus secrets. Les ordres monastiques deviennent les grands conservateurs des arts et des sciences dont la botanique.

 

 

Nourris par la tradition biblique du paradis perdu, promis à être retrouvé un jour, ils cultivent leurs jardins potagers et médicinaux – les précieux « jardins de simples » - pour assurer, comme le veulent leurs principes religieux, leur propre subsistance à la sueur de leur front. Ils font pousser dans ces jardins utilitaires des fleurs parfumées et symboliques comme les roses, les iris et les lis, qui servent de base aux parfums et cosmétiques et qui ornent les intérieurs. Pour les moines du Moyen Âge comme pour les jardiniers modernes, les jardins que l'on cultive soi-même font mener une vie paisible. L'âme, au contact de la nature, en est rafraîchie.

 

 

 

 

 

Où on reste entre puissants

 

 

Le XVème siècle inaugure la Renaissance. Poètes et humanistes, rois, nobles, papes et cardinaux redonnent toutes ses splendeurs à l'art des jardins. Dans ce domaine, l'Italie domine. Des fortunes sont englouties pour créer des jardins qui embrassent de vastes vues du paysage environnant et où les plantes sont soumises à l'architecture, la sculpture, l'art des labyrinthes et l'art des fontaines.

 

 

Ces jardins sont conçus pour la contemplation, la poésie et les échanges philosophiques. Mais les labyrinthes ajoutent le mystère, les « jeux d'eau » l'humour et la surprise et les grottes et théâtres, le fantastique et les illusions d'optique. Ouverts sur le monde extérieur car conçus à des époques moins troublées, ils abritent au milieu de leur splendeur un jardin dans le jardin, le « jardin secret » et clos où on peut se retirer et qui offre intimité et solitude.

 

 

Aujourd'hui comme hier, on le voit, le jardin appelle la clôture et une mesure d'intimité ! La gloire du XVIIème siècle va être française, avec, par exemple, la « retraite » royale de Marly, qui coûta à Louis XIV plus cher que Versailles dont le coût fut déjà fabuleux ! Toute l'Europe des jardins princiers est « à la française » avec leur maîtrise rigoureuse du paysage, leurs fontaines et bassins, leurs parterres de « broderies » de buis, leurs arbres taillés au cordeau et leurs allées encadrées de palissades.

 

 

Tous les jardins sont fondés sur une idée ou une vision du monde. Le jardin monastique rapproche le jardinier, par le labeur quotidien, du paradis perdu. Versailles tout entier exprime le pouvoir absolu du roi. Au XVIIIème siècle, le jardin anglais ou « paysager » ne déroge pas à la règle puisqu'il exprime l'amour de la nature et le désir de peindre et de composer des tableaux à partir des matériaux qu'elle offre. L'art du « pittoresque » s'impose et introduit le jardin romantique dont la révolution industrielle va, au XIXème siècle, sonner le glas.

 

 

La difficile démocratisation de la société s'accomplit au XXème siècle. Le plaisir du jardinage est à la portée de tous. Une plus grande liberté conduit à mille et une façons de jardiner. Mais qui ne voit dans son jardin une évocation, si ténue soit-elle, d'un petit paradis ?

 

Découvrez la partie 2 et la partie 3

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