Fillon donne sa consigne aux banques

François Fillon a précisé mercredi la feuille de route du nouveau renforcement, sans capitaux publics, des fonds propres des banques françaises.
François Fillon a précisé mercredi la feuille de route du nouveau renforcement, sans capitaux publics, des fonds propres des banques françaises. © MAXPPP
  • Copié
Frédéric Frangeul avec AFP , modifié à
Le Premier ministre leur a demandé de continuer à prêter et de réduire les bonus.

Les principaux dirigeants du secteur bancaire avaient rendez-vous à Matignon mercredi matin. A cette occasion,  François Fillon a précisé la feuille de route du nouveau renforcement, sans capitaux publics, des fonds propres des banques françaises. Le Premier ministre a donné deux mots d’ordre : ne pas ralentir la distribution de crédit et diminuer significativement le montant des bonus pour l'année 2011.

Cette réunion à Matignon faisait suite à l'accord européen du 27 octobre dernier. Celui-ci prévoit un renforcement des fonds propres des banques et un effacement d'environ 50% des titres de dette grecque détenus par des créanciers privés, dont beaucoup sont des établissements financiers. "Le renforcement des fonds propres des banques doit être leur priorité absolue", a martelé le Premier ministre.

Encourager "la croissance du crédit"

Toutefois, François Fillon a prévenu que le renforcement des fonds propres des banques ne devait pas se faire au détriment du crédit. A sa demande, les dirigeants des banques françaises se sont engagés "à tout mettre en oeuvre pour que la croissance du crédit aux PME se poursuive, et soit en cohérence avec le PIB".

Un suivi trimestriel sera mis en place pour mesurer l'évolution du crédit en France et "permettra, le cas échéant, de prendre des décisions nécessaires" si les chiffres n'étaient "pas conformes aux engagements pris".

Des besoins de fonds propres évalués à 8 milliards

Le régulateur européen (EBA) a évalué à 8,8 milliards d'euros les besoins de fonds propres supplémentaires des banques françaises, montant qu'elles devront mettre en réserve d'ici fin juin 2012. Un premier calendrier a été fixé pour atteindre cet objectif.
 
 Concrètement, chaque banque devra soumettre au régulateur, avant le 15 décembre, "un plan détaillé de la façon dont elle compte atteindre cet objectif", a indiqué François Fillon.

Revoir les bonus à la baisse

Pour éviter de faire appel à l'Etat ou même de lever des fonds sur les marchés, les banques françaises prévoient en outre de contrôler leurs coûts et surtout de mettre en réserve une part importante de leurs bénéfices.

"Compte tenu du contexte, elle devront faire preuve de la plus grande modération dans la distribution des dividendes aux actionnaires et en ce qui concerne leur politique de rémunération et de bonus", a prévenu François Fillon. Le message du Premier ministre s’est voulu clair : "les montants qui seront accordés au titre de l'année 2011 devront être en baisse significative".

"J'ai demandé au gouverneur de la Banque de France d'être particulièrement vigilant sur ce point, en vérifiant en amont le montant des enveloppes envisagées et en utilisant, en tant que de besoin, les pouvoirs dont il dispose", a averti François Fillon.

Une réponse favorable des banques

Les doléances du Premier ministre semblent avoir été bien entendus par les responsables bancaires. La Fédération bancaire française (FBF) a en effet indiqué mercredi après-midi dans un communiqué que les bonus 2011 seront "en baisse significative" par rapport à 2010. Elle a en outre promis que les banques mettraient en réserve "une très large part de leurs bénéfices".