Marinette Pichon a raconté son parcours tourmenté sur Europe 1. 0:51
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T.LM. , modifié à
L'ancienne attaquant des Bleues est venue raconter sur Europe 1 son histoire de joueuse de football professionnelle marquée par un contexte familial pour le moins difficile avec un père alcoolique et violent.
LA VIE DEVANT SOI

Parfois, Marinette Pichon utilise des euphémismes sur sa vie d'avant. "Ce n'était pas le père qu'on aurait peut-être souhaité", dit sur Europe 1 l'ancienne joueuse de l'équipe de France de football en parlant de cette figure paternelle qu'elle a un jour menacé, avec un couteau, de "saigner" si l'alcoolique qu'il était continuait de frapper sa mère.

Le foot, "une bouffée d'oxygène". De cette lucidité, l'ancienne Bleue en a tiré un récit qui retrace sa vie, celle de la première joueuse professionnelle du football français (Ne jamais rien lâcher, aux éditions First). Le football fut d'ailleurs l'échappatoire de son "contexte familial délicat", sa "bouffée d'oxygène" depuis l'âge de 5 ans. "C'était inné, j'attendais les matches, j'étais tout excitée et passais beaucoup de temps en tribunes. Je retardais l'échéance pour rentrer à la maison", confie-t-elle dans La Vie devant soi, vendredi. Une enfance difficile, qui va l'encourager à s'endurcir et viser haut, face aux préjugés et aux remarques sexistes et homophobes. Quelques années plus tard, elle a inscrit la bagatelle de 80 buts en 112 matches sous le maillot tricolore, a popularisé le ballon rond chez les filles et est devenue une quasi-idole lors de son passage aux États-Unis. Là-bas, un burger porte même son nom. 

Entendu sur europe1 :
Ce n'est pas parce que quelqu'un est en train de franchir la dernière étape que ça fait de lui une meilleure personne

Rien n'efface pourtant les épreuves. Cet appel de sa sœur qui lui annonce que leur mère est atteinte d'un cancer, notamment. Marinette Pichon décide alors de filer son chevet au moment où le staff compte sur elle lors d'un rassemblement avec les Bleues. Verdict de la commission de discipline : un an de suspension pour la numéro 9. Il y a aussi les derniers jours de son père, à qui elle n'a pas pardonné la violence infligée. "Il était au plus mal, mais ce n'est pas parce que quelqu'un est en train de souffrir et de franchir la dernière étape que ça fait de lui une meilleure personne, et que ça doit effacer tout ce qui s'est passé et qu'il nous a fait subir", lâche-t-elle aujourd'hui.

"J'aurais peut-être voulu qu'il exprime quelque chose". Raconter ces souffrances dans un livre a sans doute joué le rôle de thérapie. De revanche sur un père qui a passé dix ans derrière les barreaux ? "J'aurais tellement voulu qu'il puisse le lire pour se rendre compte. Je lui ai dit tout ce que j'avais à lui dire, mais lui n'a jamais rien exprimé et j'aurais peut-être voulu qu'il exprime quelque chose", esquisse-t-elle. Depuis, l'ancienne attaquante a patiemment construit son bonheur, qu'elle partage maintenant avec sa femme et ses deux enfants. "Ce qui compte, c'est de continuer à se battre et à avancer. (…) Mais je n'ai jamais eu confiance en moi", dit-elle. Chez Marinette Pichon, derrière les euphémismes, la franchise n'est jamais loin.