Stéphane de Groodt : "J’ai grandi en Belgique mais j’ai eu une deuxième naissance en France"

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Aurélie Dupuy , modifié à
A l'affiche du film "Le jeu", l'acteur belge est revenu sur son parcours atypique, de la fabrication de raviolis à la réalisation, en passant par la course auto.
INTERVIEW

Vous en rêvez peut-être. Lors d'un dîner entre amis, chacun des convives pourrait mettre son portable au centre de la table, et tout SMS, mail, message Facebook qui arriverait sur l'un des appareils devrait être lu en public. C'est en tout cas le pitch du film Le jeu, en salles le 17 octobre et pour lequel l'acteur Stéphane de Groodt était, dimanche, invité dans l'émission Il n'y a pas qu'une vie dans la vie.

"J'aime cette France". Ce film choral en huis clos a nécessité 120 heures de rushes. L'acteur explique que Fred Cavayé, le réalisateur, souhaitait capturer la parfaite expression de chacune des réactions à ce jeu dangereux. L'exercice a permis à Stéphane de Groodt de mettre en pratique ses années d'improvisation. "Quand on fait un film choral, ça prend tout son sens. De nouveau, j’ai rapatrié ce que j’avais appris à l’impro, écouter et regarder, deux choses qui sont fondamentales dans la comédie."

Aujourd'hui, l'acteur parle en connaisseur de son métier. Il a d'ailleurs été fait Chevalier des arts et des lettres. Lui qui a été coureur automobile pendant une quinzaine d'années et même champion de Belgique en plusieurs catégories, n'a que peu d‘intérêt pour les trophées. Mais cette nouvelle décoration a eu une autre saveur : "Ça m’a touché parce que la France me faisait l’honneur de cette observation quant à mon amour des mots et de la langue française. J’en suis très fier. J’aime cette France qui a fait en sorte que je puisse exister en tant que comédien et auteur. J’ai grandi en Belgique mais j’ai eu une deuxième naissance en France."

Des raviolis aux plateaux. La récompense est d'autant plus belle pour celui qui se trouvait à trois années du Bac à 18 ans, pas adapté au système scolaire traditionnel. Il intègre une école de pilotage et pour la payer, il fait...des raviolis. C'est sa petite notoriété grâce aux circuits qui lui donnera "l’opportunité d’être repéré par des producteurs belges de télé, puis de faire un téléfilm, puis un film... En fait, c’est avec le ravioli que j’y suis arrivé", s'amuse l'ancien cancre. "Brel disait que le talent, ce n’est rien d’autre que d’avoir envie. Et 90% de travail. J’ai appris à tout faire en le faisant", ajoute l'acteur.

Entendu sur europe1 :
J’ai tendance à me mettre un peu plus à l’ombre. Cette lumière que j’ai recherchée, une fois que je l’ai obtenue, je me suis protégé

Sur la scène comme dans une course. Il trouve par ailleurs des dénominateurs communs entre le jeu et la course : "La combinaison", c'est son "habit de lumière". "Les tribunes pleines de monde, c’est un peu le public que vous retrouvez au théâtre, l’adrénaline de ce rideau qui va se lever, c’est le feu rouge qui passe au vert, c’est se dépasser en permanence. Cette école d’humilité du sport m’a servi dans mon métier de comédien", explique-t-il, même s'il a dû parfois faire quelques ajustements. "Sur une scène de théâtre, je me mettais d’une certaine manière pour qu’on ne voit que moi, j’étais encore dans le schéma de gagner quelque chose, il fallait que je sois le premier, ce qui est ridicule. Au cinéma et au théâtre, il n’y a pas de premier, il y a à faire, point barre. Ça a été un apprentissage. Paradoxalement, aujourd’hui, j’ai tendance à me mettre un peu plus à l’ombre. Cette lumière que j’ai recherchée, une fois que je l’ai obtenue, je me suis protégé. Elle peut être très aveuglante", décrit-il.

Il n'est en tout cas pas guéri de la vitesse, et envisage même de reprendre un temps soit peu le volant. "D'ailleurs, dans la vie, tout doit aller très vite, je suis terriblement impatient", confie ce touche à tout finalement doué. Il s'essaiera bientôt à la réalisation pour adapter la pièce Tout ce que vous voulez qu'il avait joué au théâtre Edouard VII il y a deux ans avec Bérénice Bejo, celle qui incarne d'ailleurs sa femme suspicieuse dans le film qui sort mercredi.