INTERVIEW EXCLUSIVE - Patrick Roussel, ancien chauffeur et garde du corps de Johnny : «Je suis choqué par les agissements de Laeticia Hallyday»

Johnny Hallyday et Patrick Roussel
Patrick Roussel a été le garde du corps et le chauffeur de Johnny pendant seize ans © Thibault Mauvilain
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Solène Delinger , modifié à
Il a été le chauffeur et le garde du corps de Johnny Hallyday pendant plus de seize ans. Ce mercredi 15 juin 2023, Patrick Roussel sort son ouvrage "Tout le monde l'appelait Johnny", une immersion sans concession dans son quotidien avec le Taulier et son épouse Laeticia Hallyday. Relation avec David et Laura, adoption de Jade et Joy, infidélités... Patrick Roussel nous a tout raconté. Interview. 

C'est un ouvrage qui risque de beaucoup faire parler... Dans Il s'appelait Johnny, Patrick Roussel, le chauffeur et garde du corps de Johnny Hallyday, raconte ses seize années passées aux côtés du Taulier, entre Paris, la Suisse, puis Los Angeles. Une immersion dans l'intimité du rockeur et de son épouse Laeticia, dont on en a tant parlé, sans jamais vraiment pouvoir démêler le vrai du faux. C'est ce qu'a essayé de faire Patrick Roussel en convoquant ses souvenirs de ses échanges avec Johnny, des tournées, des hospitalisations mais aussi des agissements de son entourage... Un récit sincère et riche en anecdotes qui dresse en toile de fond le portrait de son patron, mais aussi de Laeticia qui a fini par contrôler tous les aspects de la vie du rockeur... Interview.

Pourquoi avoir décidé de sortir un livre sur Johnny près de six ans après sa mort ? 

Je ne fais pas ce livre pour faire de l'argent ni pour surfer sur la vague Johnny. Je voulais laisser une trace car c'est une véritable fierté d'avoir partagé toutes ces années avec lui. Et, je me suis dit : "Pourquoi moi je ne m'exprimerais pas ?". Beaucoup de gens ont parlé à tour de rôle après son décès, des amis plus ou moins proches, des personnes qui l'ont côtoyé plus ou moins longtemps et qui ont raconté plein de choses sans être à l'intérieur comme moi je l'ai été. J'étais tous les jours avec Laeticia et Johnny, j'étais dans leur voiture, j'étais chez eux. J'ai participé à leur déménagement en Suisse, je suis même devenu résident de ce pays, puis je les ai suivis à Los Angeles. On me dit souvent que j'ai eu une vie extraordinaire dans le sens peu ordinaire, et c'est vrai. 

Quelle relation entreteniez-vous avec Johnny ? 

C'était une relation entre un patron et son employé. Mais il y avait une complicité et une intimité plus.

Pourquoi n’avez-vous jamais accepté de le tutoyer ? 

Tout simplement par respect pour lui car c'était mon patron. 

Comment était-il avec vous ? 

Johnny était gentil avec moi car on se comprenait. Nous sommes tous les deux très timides et pudiques. Il m'a aidé financièrement à plusieurs reprises, c'était quelqu'un de généreux. En seize ans de service, j'ai seulement eu deux accrochages avec lui : une fois quand il m'a reproché d'être désagréable avec ses amis, qui étaient en fait hypocrites avec lui, et une deuxième fois quand il m'a très mal parlé. Il a également été compliqué à gérer au moment de son hospitalisation à Los Angeles car il était shooté aux médicaments. J'ai dû lui interdire à deux reprises de sortir de sa chambre et ce n'était vraiment pas évident de dire "non" à Johnny. 

Vous avez consacré une partie de votre vie à celle de Johnny. L'avez-vous vécu comme un sacrifice ? 

Non, j'étais très heureux de le faire car la vie était douce. C'était grisant de voyager partout, d'être dans les plus beaux hôtels et de réaliser ses rêves de gosse comme le Paris-Dakar. Mais c'était un job à temps plein : quand on bosse pour Johnny, on bosse à 100%, il n'y a pas de demi-mesure. 

Votre vie personnelle en a pris un coup...

Oui, car on se lève le matin sans savoir ce qui va se passer le soir. A force de refuser des sorties avec des amis, les gens ne vous appellent plus et votre vie sociale se réduit petit à petit. 

Votre collaboration avec Johnny s'est arrêtée brusquement, en 2016. Avez-vous des regrets ? 

Mon seul regret aujourd'hui, c'est de ne pas avoir pris mon téléphone pour lui envoyer un message et lui expliquer (ndlr : en 2016, Patrick Roussel travaillait pour Johnny via une autre société, qui lui a demandé d'arrêter sa collaboration avec le Taulier).  

Laeticia Hallyday a récemment évoqué dans les médias les "démons" de Johnny et sa profonde solitude. Etait-il malheureux ? 

Je n'ai jamais vu Johnny malheureux. Il s'ennuyait parfois et tournait en rond, surtout à Los Angeles, où son cercle d'amis était beaucoup plus restreint. C'est pendant cette période que nous avons partagé des moments ensemble et tissé des liens plus forts. 

Laeticia a beaucoup souffert des infidélités de Johnny, que vous évoquez dans le livre. Pourquoi avait-il ce besoin d’aller voir ailleurs ? Son mariage était-il fragile ? 

Il aimait son épouse mais il avait toujours besoin de se prouver quelque chose, peut-être pas en tant qu’artiste mais en tant qu’homme. C’est le cas pour tous les hommes mais c’était plus facile pour Johnny Hallyday de mettre des femmes dans son lit. Pendant ma période aux côtés de Johnny, Laeticia n'a été au courant que d'une seule infidélité. Nous étions sur le Paris-Dakar et elle ne répondait plus à ses messages car elle était fâchée. C'était un peu tendu. 

Vous affirmez que Johnny voyait sa fille Laura en cachette pour ne pas fâcher Laeticia. Que craignait-il ? 

Je l'ignore mais ça me choquait qu'il se cache comme ça. Il me demandait de couper mon téléphone quand il allait voir Laura pour éviter que Laeticia ne l'apprenne. Laura a beaucoup souffert de la situation. J'ai été son confident pendant une période, elle me parlait car j'étais la personne la plus proche de son père avec qui elle pouvait communiquer. 

 

Johnny était en revanche très proche de ses deux filles adoptives Jade et Joy...

La manière dont leur adoption a été annoncée à Laura a été maladroite. C'était un peu : "C'est comme ça et pas autrement". Il n’y a pas eu suffisamment de discussion en amont. Je pense que les choses auraient pu être amenées différemment, avec plus de délicatesse. 

Vous dites aussi que Laeticia a renforcé la scission entre Johnny et David et Laura... 

Oui et il y a bien eu une scission parce que toute cette histoire s'est finie au tribunal donc la rupture était bien là, elle était sous-jacente. Laura est venue une seule fois à Los Angeles et c'était fake. David en a autant souffert qu'elle mais il est beaucoup plus renfermé. Il ressemble davantage à son père, il est très réservé et garde ses émotions pour lui. 

Pourquoi Johnny a-t-il laissé les choses s'envenimer ? 

Il voulait tout simplement avoir la paix. Il voulait juste chanter et faire son métier et qu'on le laisse tranquille après, ne s'occuper de rien. Alors, il a laissé faire...

Laeticia Hallyday serait "choquée" par votre démarche. Que lui répondez-vous ? 

J'ai vu qu'elle était choquée mais moi aussi je le suis ! J'ai été choqué par certains de ses agissements après le décès de Johnny. De mon côté, je raconte uniquement des faits dans mon livre, c'est à dire ce que j'ai vu, et mon histoire auprès de l'artiste et des personnes qui l'entouraient. 

Que vous a inspiré la bataille autour de l'héritage de Johnny?

Ça ne m’a pas surpris. A l'époque, quand Johnny était encore en vie et que je travaillais pour lui, on s'était dit avec deux amis qui connaissaient le dossier: "Ce sont les avocats qui gagneront le plus d’argent quand il décèdera". On savait déjà que ça allait mal se passer.