Angoulême : Hermann commente cinq planches de son exposition

Le dessinateur Hermann, Grand Prix de la ville d'Angoulême 2016.
Le dessinateur Hermann, Grand Prix de la ville d'Angoulême 2016. © AFP
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Mathieu Charrier
Grand Prix de la ville d'Angoulême pour l'ensemble de son oeuvre l'année dernière, le dessinateur belge Hermann, expose son travail au Festival de BD. Il nous ouvre son univers.

Sacré en 2016, Hermann est de retour cette année au Festival de BD d'Angoulême. Le dessinateur belge de 78 ans y est l'objet d'une grand exposition. En 50 ans de carrière, ce dessinateur fantasque a réalisé plus de 5.000 planches. Et a accepté pour Europe 1, de commenter 5 d’entre elles.

Hommage à Egon Schiele (2015)

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Ce dessin est extrait d’une série que j’ai commencée il y a un an. L’objectif, c’est de montrer mes personnages un peu déformés, excessifs… J’aime bien ce côté douloureux, cabossés. Au lieu de représenter les femmes aux formes élégantes, je préfère les croquer un peu décharnées, marquées par la vie. J’ai plus de plaisir à faire ça, que de dessiner une bimbo, ça m’ennuie. Là, c’est une vraie femme, pas un raton laveur !

Les Tours du Bois-Maury T.6, planche 31 (1989)

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J’aime le côté fantasque de ce dessin. En fait, dans la page qui précède, on voit une envolée de chauves-souris toutes noires, qui s’agglutinent petit à petit et construisent le château que l’on voit, où plutôt l’idée d’un château fantastique. J’adore ce dessin, alors que pourtant je ne suis pas un adepte du fantastique. Les lecteurs m’ont dit qu’ils aimaient bien cette scène. Et puis dans les pages suivantes, des vikings apparaissent autour de ce château. Il n’y a pas de bulles, aucun dialogue. Si on mettait du texte, il ralentirait la narration.

Les Tours du Bois-Maury T.11, Planche 1 (1998)

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Ça, c’est un paysage que j’ai vu en Sicile, il existe réellement, même si je l’ai un peu adapté aux besoins de la case. Mais vous pouvez retrouver ce paysage encore actuellement là bas. Il faut dire que j’y étais allé pour ramener des documents. J’ai utilisé des châteaux de l’époque aussi dans cette histoire. J’avais un peu oublié cette page. Ça me fait plaisir de la revoir.

Bois Maury T.15, Planche 9 (2011)

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Alors ça, c’est une page dont je suis assez content : ce sont les bayous de Louisiane. J’ai dessiné le plan d’eau couvert d’algues qui flottent. Je me suis inspiré de photos, et j’ai imaginé ce plan d’eau en dégageant le centre, pour que les arbres puissent se refléter dans l’eau. Là, on voit encore une fois mon amour de la nature. Vous savez quand vous êtes dessinateur, vous devez avoir de l’imagination, et la laisser parler, sinon, allez vendre des frites ! Savoir dessiner, reproduire un portrait, c’est de la pure technique, ça ne sert à rien. Là, c’est un paysage inventé ! Et puis j’ai rajouté des branches inspirées des arbres que j’ai dans ma maison de campagne.

Comanche Tome 4, Planche 44 (1973)

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Là, on voit un personnage que je détestais, une crapule. Donc j’ai demandé à mon scénariste qu’il s’arrange pour que Dust, notre héros, l’exécute, dans les poubelles. Car dans le western, en coulisses, c’était un amoncellement de déchets, de bouteilles, un vrai dépotoir. Et je voulais qu’il meurt là dedans. Donc je l’ai fait tuer. Ça m’a vallu des critiques de la part de mes fans. Mais moi, je n’ai pas le respect de tout ce qui grouille sous prétexte que c’est un être humain, certains ne valent même pas le prix de la balle. C’était le cas de ce personnage. Aujourd’hui, il n’est plus !