Uruguay-France : pourquoi il vaut mieux éviter d’aller jusqu’aux tirs au but

Hugo Lloris n'est pas toujours à l'aise dans l'exercice des penaltys.
Hugo Lloris n'est pas toujours à l'aise dans l'exercice des penaltys. © Luis Acosta / AFP
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Avec quatre matches nuls lors des cinq dernières rencontres entre les deux équipes, la probabilité est forte de voir la France et l’Uruguay disputer les tirs au but lors de leur quart de finale de Coupe du monde.

La France a rendez-vous avec l’Uruguay en quarts de finale de la Coupe du monde, vendredi à 16h. N’en déplaise aux amateurs de football, il y a de fortes chances pour que l’on assiste à un match étriqué, possiblement même un 0-0. C’était en tout cas le score final de quatre des cinq dernières rencontres entre les deux équipes. Si les Bleus et la Celeste ne parviennent pas à se départager après la prolongation, il faudra en passer par les tirs au but. Un exercice dans lequel la France ne partirait pas favorite.

Muslera est meilleur que Lloris. Les performances du Croate Danijel Subasic face au Danemark (1-1, 3 t.a.b. à 2) et du Russe Igor Akinfeev face à l’Espagne (1-1, 4 t.a.b. à 3) l’ont rappelé : mieux avoir un bon gardien pour espérer survivre à la "loterie" des tirs au but. A ce petit jeu, ni Hugo Lloris ni Fernando Muslera ne sont des spécialistes des penaltys. Mais le gardien uruguayen présente de meilleures statistiques en équipe nationale que le capitaine de l’Équipe de France.

Fernando Muslera (32 ans, 101 sélections) a fait face à 18 penaltys avec la Celeste et en a arrêté quatre (22%). Il a disputé trois séances de tirs au but avec l’Uruguay (deux victoires, une défaite), dont une en Coupe du monde, en quarts de finale en 2010 face au Ghana. Muslera avait alors arrêté deux tirs au but. De son côté, Hugo Lloris (31 ans, 101 sélections également) est un peu plus fébrile. Avec les Bleus, il n’a arrêté que deux penaltys sur quinze (13%). Surtout, il n’a aucune référence puisqu’il n’a pas disputé de séance de tirs au but avec l’équipe de France.

 

Des spécialistes dans les deux équipes. Du côté des tireurs, le match est plus équilibré, malgré le manque d'expérience des Bleus puisque seul Antoine Griezmann a déjà tiré des penaltys en match officiel avec l’équipe de France. Mais son taux de réussite (100% à 5/5) et sa forme (il reste sur trois penaltys marqués avec les Bleus depuis juin, dont deux dans cette Coupe du monde) parlent pour lui. Au total, dans sa carrière, le joueur de l’Atlético a converti douze de ses 18 penaltys (67%). Même s’ils n’ont jamais tiré en Bleu, Giroud (94% à 15/16) et Pogba (83% à 5/6) sont également des valeurs sûres. Et sur le banc, Nabil Fekir est aussi à l’aise dans l’exercice (78% à 7/9). En revanche, Kylian Mbappé n’a jamais tiré le monde penalty de sa (jeune) carrière.

Sans surprise, les Uruguayens s’appuient sur leurs buteurs Edinson Cavani et Luis Suarez pour convertir les penaltys. Tous deux présentent des statistiques très solides avec la Celeste  : 100% de réussite pour l’attaquant du PSG (6/6) et 90% pour celui du FC Barcelone (9/10). En plus des deux stars, seul Christian Rodriguez a déjà tenté et réussi un unique penalty en équipe nationale. Sauf qu’Edinson Cavani ne devrait pas débuter la rencontre puisqu’il n’est pas totalement remis de sa blessure au mollet contre le Mexique en huitièmes. Reste que le sélectionneur uruguayen Oscar Tabarez pourrait bien être tenté de le faire rentrer au dernier moment en cas de séance de tirs au but.

Entraînement a minima. Selon L’Équipe, les Bleus ne se sont pas particulièrement préparés aux tirs au but. Jeudi, quelques joueurs ont répété leur gamme face aux gardiens, sans grand succès. Le quotidien sportif rapporte que Mbappé a buté sur le gardien du PSG Alphonse Areola, tandis que Paul Pogba et Antoine Griezmann ont envoyé deux de leurs quatre tentatives sur la barre transversale. Pas franchement rassurant… Mais Didier Deschamps reste serein. "On ne peut pas créer la même situation (à l’entraînement qu’en match, ndlr), ce sera ceux qui le sentent ou ceux qui sont destinés à tirer" qui seront envoyés face au but, a justifié le sélectionneur. "Je tiendrai compte des aspects physiques et psychologiques."

 

Pas de changement de gardien au dernier moment. Tous les fans de football ont encore en mémoire le coup de génie de Louis Van Gaal, ex-sélectionneur des Pays-Bas, lors de la Coupe du monde 2014. Opposée au Costa Rica en quarts de finale, son équipe se dirige vers les tirs au but. A la 120ème minute, Van Gaal surprend tout le monde en sortant son gardien Jasper Cillessen et fait entrer le remplaçant Tim Krul. Un pari payant puisqu’il arrête deux tirs au but costaricains et qualifie son équipe pour les demies.

En fin connaisseur de son sport, Didier Deschamps a bien évidemment ce moment en tête. D’autant plus qu’avec l’instauration du quatrième changement en prolongation dans cette Coupe du monde, il peut envisager de changer de gardien sans se priver de remplacer un joueur de champ dans les dernières minutes. Mais le sélectionneur a fermement écarté l’idée de faire entrer Alphonse Areola, plus à l’aise qu’Hugo Lloris dans l’exercice des tirs au but. "S’il n’y a pas de souci, Hugo ira jusqu’au bout", a assuré Didier Deschamps. L’occasion pour Lloris, s’il fallait jouer la qualification aux tirs au but, de faire mentir ses détracteurs. Mais le mieux serait encore de se qualifier avant d'en arriver là.