Le PSG est-il l'OL des années 2010 ?

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COMPARAISON - Le PSG retrouve l'OL en finale de la Coupe de la Ligue, samedi, au Stade de France.

Avec 10 points d'avance sur Monaco à 5 journées de la fin, le PSG devrait conquérir dans les jours prochains (le mercredi 23 face à Evian ? Le dimanche 27 à Sochaux ?) le titre de champion de France. Ce sera la première fois depuis l'Olympique lyonnais en 2008 qu'un club parviendra à conserver son trophée d'une saison sur l'autre. Il est donc tentant de rapprocher ce PSG des années 2010 de l'OL des années 2000 qui, lui aussi, dominait aisément ses adversaires en championnat. Alors, le PSG, OL des années 2010 ? Nous avons posé la question aux deux consultants d'Europe 1, Guy Roux et Raymond Domenech.

Ezequiel Lavezzi et Nicolas Nkoulou (930x620)

Oui, la même domination, mais pas la même gestation. "Le PSG a une grande partie des meilleurs joueurs opérant en France, et il a, quand il est dans un bon jour, le meilleur jeu de France, donc la comparaison se tient", souligne Guy Roux. Pour autant, Raymond Domenech voit une différence entre les deux clubs : "ce n'est pas tout à fait la même chose: l'OL s'est construit petit à petit, avec plusieurs places d'honneur consécutives, tandis que, pour le PSG, c'est venu d'un coup."

Ce n'est pas tout à vrai, si l'on s'en tient au classement. Le PSG a en effet terminé 4e en 2011 et 2e en 2012 avant de terminer (enfin) 1er en 2013. Mais la montée en puissance de l'OL fut effectivement bien plus progressive.  Avant de décrocher le premier de ses sept titres consécutifs, en 2002, l'OL avait en effet terminé deux fois 3e (en 1999 et 2000) et 2e en 2001. Pour Raymond Domenech, coach du club rhodanien entre 1988 et 1993, "la domination de l'OL dans les années 2000 est le résultat d'une gestation d'une vingtaine d'années, axé sur la formation, alors que le PSG, c'est un champignon (champion ?) atomique".

Ibrahimovic avec Cavani (930x620)

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Non, pas la même logique de recrutement. Alex, Maxwell, Lavezzi, Ibrahimovic, Thiago Silva, Cavani,... Le PSG n'a jamais lésiné au moment de renforcer son effectif. La logique ne fut pas la même pour le grand OL. "En 1999, Lyon a acheté à Monaco Sonny Anderson qui était déjà un joueur confirmé", souligne Raymond Domenech. "Mais la plupart des joueurs sont devenus des stars avec Lyon, alors que le PSG a une logique inverse, en achetant des joueurs confirmés."

Même si cela vaut pour les noms cités plus haut, le PSG a également effectué des... paris sur des joueurs en devenir, auxquels il a permis de grandir, comme Marco Verratti, Javier Pastore, Salvatore Sirigu, voire Blaise Matuidi. En revanche, tous ces joueurs - à l'exception de Matuidi - sont venus de l'étranger. "L'Olympique lyonnais a beaucoup acheté en France et un peu à l'étranger pour compléter son effectif tandis que le PSG a acheté sans vergogne à l'étranger, avec 90% de son effectif construit en dehors de l'Hexagone", insiste Guy Roux. Mais la nouvelle tendance parisienne pourrait être d'acheter français... à l'étranger. Yohan Cabaye est revenu d'Angleterre et le club de la capitale ne cache pas son intérêt pour Paul Pogba, aujourd'hui en Italie.

Laurent Blanc, 930

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Oui, la même difficulté pour les coaches. Jacques Santini non reconduit après le premier titre en 2002, Alain Perrin débarqué après le doublé de 2008, l'OL de la grande époque a eu une vie agitée. C'est le cas aussi du PSG où Carlo Ancelotti n'est resté qu'un an et où Laurent Blanc tarde à signer une prolongation de contrat. Alors, est-ce si dur d'entraîner un club qui domine ? "C'est très compliqué et il y a une exigence de résultats incroyable", insiste Raymond Domenech. "On le voit au PSG, un entraîneur peut être mis en difficulté non pas sur les résultats sur une saison, mais sur une période seulement, mais aussi sur la relation avec les joueurs, avec les médias, la façon de jouer. Là, deux résultats moins bons et tout est remis en question."

Pour Guy Roux, le PSG doit conserver Blanc : "personnellement, je trouve que le PSG ferait une grave erreur en ne le faisant pas resigner parce qu'il faut une continuité pour progresser. J'espère que les dirigeants qatariens vont avoir la sagesse des renards du désert." Réponse dans quelques jours...

Ba buteur face au PSG (930x620)

Non, pas les mêmes ambitions européennes. Le PSG version 2013-14 est souvent comparé avec le Lyon de Gérard Houllier saison 2005-06, qui avait été champion de France et... quart de finaliste de la Ligue des champions. Alors, comme l'OL, le PSG peut-il lui aussi connaître le même blocage sur le plan continental ? "On parle de la concurrence trop faible", s'agace Guy Roux. "Mais ce n'est pas la concurrence trop faible qui les a mis en difficulté, c'est une approche trop faible de toute la collectivité, du club dans son ensemble, un manque de maturité générale."

Pour Raymond Domenech, l'OL de l'époque et le PSG d'aujourd'hui n'ont surtout pas les mêmes ambitions européennes. "Quand Lyon a atteint le carré final (la seule fois, en 2010, pour trois quarts et cinq huitièmes entre 2004 et 2012, ndlr), tout le monde était content", relève Raymond Domenech. "Avec le PSG, la question n'est pas de savoir s'ils vont y aller, mais quand ils vont y aller et s'ils vont la gagner. Là, le PSG a perdu contre une équipe moins bonne que lui (Chelsea)."

Le PSG, au destin européen, peut-il nourrir le dessein de conquérir sept titres nationaux comme l'OL ? "Si l'on regarde le nombre de points des champions précédents, on se rend compte qu'ils seraient incapables de rivaliser avec le PSG de cette année", note Raymond Domenech. "Et pour lutter, Monaco, indigent à Guingamp, devra encore se restructurer. A moins d'une faillite sportive, le PSG devrait continuer à aligner les titres de champion." En attendant, il va disputer à l'ancien meilleur club de France un autre titre, celui de la Coupe de la Ligue, qui pèsera son pesant d'or au niveau symbolique...

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