L'INFO. Deux hommes ont tué à l'arme blanche un soldat britannique mercredi à Woolwich, un quartier du sud-est de Londres. Les deux hommes ont affirmé aux témoins de la scène agir "au nom d'Allah", avant d'être blessés par la police et arrêtés. Ils ont été admis dans deux hôpitaux londoniens distincts. Rien n'a été dit sur leur identité, mais, de source proche du l'enquête, on indique que les autorités s'intéressent à une éventuelle piste nigériane.
"Ce n'était pas seulement une attaque contre la Grande-Bretagne et le mode de vie britannique. C'était aussi une trahison de l'islam et des communautés musulmanes qui apportent tant à notre pays. Rien dans l'islam ne justifie un tel acte épouvantable", a assuré jeudi le Premier ministre lors d'un point presse devant Downing Street.
Plusieurs arrestations. Dans les heures qui ont suivi le meurtre, un homme de 43 ans a été arrêté à Braintree, dans l'est de Londres, après des témoignages selon lesquels il serait entré dans une mosquée armée d'un couteau. Un autre homme, soupçonné d'avoir endommagé une mosquée, a été placé en garde à vue à Gillingham, dans le sud-est de la ville. Des accrochages sans conséquences ont par ailleurs eu lieu entre la police et quelque 250 militants anti-islamistes de la Ligue anglaise de défense (EDL) qui s'étaient rassemblés gare Woolwich Arsenal et qui jetaient des bouteilles.
Les agresseurs auraient crié "Allah Akbar". Les détails de l'attaque menée en plein jour, à proximité d'une caserne militaire de Woolwich, commençaient à émerger. "Nous devons les combattre comme ils nous combattent. Œil pour œil, dent pour dent", a lancé l'un des deux agresseurs, en citant la loi du Talion, et habillé d'un jean, d'un blouson et coiffé d'un bonnet, sur un film amateur récupéré par la chaîne de télévision ITV news.
"Nous jurons par Allah le tout puissant que nous n'arrêterons jamais de vous combattre", a-t-il ajouté d'une voix posée, dans un anglais à l'accent londonien. "Je suis désolé que des femmes aient été témoins de ce qui s'est passé aujourd'hui, mais dans notre pays, nos femmes voient le même genre de choses", a encore dit le jeune homme noir qui portait à la main deux couteaux et un hachoir ensanglantés. "Pensez-vous que David Cameron va se faire attraper dans la rue quand nous allons commencer à sortir nos flingues ? Vous pensez que vos politiciens vont mourir ? Non, ce sera le gars lambda, comme vous ou vos enfants. Donc, débarrassez-vous d'eux. Dites-leur de ramener leurs soldats à la maison pour que vous puissiez tous vivre en paix", a-t-il encore livré à la caméra.
Selon des témoins, lui-même et son complice ont encouragé les passants à filmer la scène alors qu'ils s'acharnaient sur le corps de leur victime, le lardant de coups de couteaux. Certains ont assuré qu'ils s'employaient à décapiter l'homme inerte, allongé sur la chaussée. Ils ont aussi assuré avoir entendu les agresseurs s'écrier "Allah Akbar". D'autres témoins évoquent également des coups de feu. Des écoliers et une femme poussant un caddy se trouvaient à proximité, visiblement remplis d'effroi.
Réunion de crise à l'Intérieur. Depuis un train entre Bruxelles et Paris, David Cameron a immédiatement demandé au ministre de l'Intérieur Theresa May de convoquer une réunion de crise du Comité Cobra, constitué de ministres et responsables de la sécurité.
A l'issue de la réunion de crise qui a duré une petit heure, le 10 Downing street a confirmé dans un communiqué laconique que "tout indiquait qu'il s'agissait d'un attentat terroriste". Le texte précise que la sécurité avait été renforcée à la caserne de Woolwich et dans toutes les casernes londoniennes". Le Palais de Buckingham a par ailleurs fait savoir que la reine Elizabeth se tenait informée, ajoutant au sentiment d'un drame national.
François Hollande exprime "toute sa solidarité". Le président François Hollande a exprimé mercredi soir à Paris "toute sa solidarité" à la suite du "lâche assassinat d'un soldat britannique". "J'exprime toute ma solidarité à l'égard de David Cameron et du Royaume Uni, à la suite du lâche assassinat d'un soldat britannique" à Londres, a déclaré François Hollande lors d'un point de presse à l'Elysée avec le Premier ministre britannique. "Nous devons lutter contre le terrorisme partout, ce qui suppose d'échanger nos informations, de travailler avec nos services de renseignement respectifs et d'agir partout", a-t-il ajouté.