Clearstream : l'horizon se dégage pour Villepin

Clearstream : Dominique de Villepin
Clearstream : Dominique de Villepin © REUTERS
  • Copié
Hélène Favier, en direct du procès Clearstream , modifié à
Europe1.fr a suivi de l'intérieur l'audience de mercredi du procès Clearstream.

Mercredi, cinquième jour d'audience, le général Rondot était entendu par la Cour, son témoignage est crucial pour Dominique de Villepin, prévenu dans cette affaire Clearstream. Voici "le minute par minute" de l'audience :

19h55 : L'audience est suspendue. Elle reprendra, jeudi à 13h30, avec les questions du parquet au général Rondot.

19h40 : La défense de Villepin réussit à déstabiliser le général Rondot, le faisant passer pour un homme inconstant.

19h30 : Les avocats de Dominique de Villepin montent au créneau et interrogent le général Rondot.
- "Qu'avez-vous répondu à monsieur de Villepin" ?, demande Me Brossolet.
- "Rien", répond Rondot.
- "Il vous demande, selon vous, de faire libérer Imad Lahoud et vous ne dites rien ?", renchérit Me Metzner.
- "Dominique de Villepin n'imagine pas que je puisse faire quelque chose", finit par bredouiller le militaire.

19h21 : "Faites au mieux, c'est le mot d'ordre de la diplomatie", martèle encore Dominique de Villepin. Pour lui, l'usage de cette phrase est courant à son poste de l'époque, ministre des Affaires étrangères.

19h04 : "Eh bien, Mmadame la présidente, sur plusieurs points,

", tempère Dominique de Villepin précisant que c'est bien lui qui a appelé le général Rondot pour parler de la lutte anti-terroriste et de Madrid. "Mais dans mon souvenir, c'est Philippe Rondot qui évoque quelque chose de désagréable sur Jean-Louis Gergorin et me parle "d'une source" en garde à vue. Je le répète : je ne connais pas Imad Lahoud. Je dis juste au général Rondot de faire ce qu'il convient de faire," ajoute l'ancien Premier ministre indiquant que cela ne signifiait pas, le faire sortir de prison.

18h58 : "Comme souvent, l'affaire s'est réglée toute seule", ajoute le général Rondot assurant, qu'au final, ni lui, ni Dominique de Villepin ne sont intervenus pour libérer Imad Lahoud. "C'est un incident majeur", conclut-il.

18h51 : "Peu de temps après (la mise en garde à vue d'Imad Lahoud), je reçois un coup de téléphone de Dominique de Villepin. Je suis surpris. Le ministre me parle de Madrid et de la lutte anti-terroriste. Puis, sans citer le nom d'Imad Lahoud,

explique le général Rondot. Dominique de Villepin a toujours nié être intervenu pour faire libérer Imad Lahoud. Le général Rondot dit "ne pas avoir bougé" et ne pas être intervenu.

18h48 : Le général Rondot est désormais interrogé sur la sortie de la garde à vue d'Imad Lahoud, le 25 mars 2004.

18h00 : Maître Metzner distribue des pastilles dans son camp. Les avocats de Villepin sont plus détendus depuis le témoignage de Philippe Rondot. A la barre, le général parle toujours d'un débit lent, sa voix est émotive. Il évoque ses rencontres avec Imad Lahoud et reconnaît avoir été déçu par les compétences du mathématicien.

17h00 : "J'écoute. Je prends des notes. Mais, je ne comprends pas toujours". Le général Rondot, n'est pas "un berniche" (selon son expression) mais admet que certaines parties de l'affaire lui ont échappé à l'époque.

16h45 : La séance reprend avec une série de questions des avocats.

16h20 : La séance est suspendue pour quelques minutes.

16h00 : "Je ne suis pas d'accord à 99% mais à 100% avec ce qui est écrit" dans les verbatims du général et avec "l'essentiel de ce qu'a dit le général Rondot", lance à son tour, Dominique de Villepin. Quelques minutes plus tôt, le général avait raconté comment s'était déroulée la réunion du 9 janvier 2004 au Quai d'Orsay, en présence de Dominique de Villepin et de son co-prévenu Jean-Louis Gergorin. Comme l'a dit le général Rondot, "cette réunion n'a pas été une réunion de conspirateurs", insiste, tout sourire, Dominique de Villepin. Cependant, alors que le général Rondot affirme que le ministre s'est recommandé d'une instruction du président Jacques Chirac, Dominique de Villepin dément avoir donné une instruction concernant le dossier Clearstream. Qu'importe pour Dominique de Villepin : "qu'ici ou là, nous ayons des interprétations différentes, un ressenti différent, je dirais que ce sont des événements secondaires au regard de l'essentiel", dit-il minimisant leurs divergences.

15h46 :

Le camp Villepin semble se satisfaire du témoignage du général Rondot.

Dominique de Villepin

15h30 : "Jamais Dominique de Villepin ne m'a fait état de la présence du patronyme de Nicolas Sarkozy sur ces listings", affirme, plus raide que jamais, Philippe Rondot. "Jamais monsieur Dominique de Villepin ne m'a demandé de monter un coup avec la complicité supposé de Jean-Louis Gergorin et Imad Lahoud", martèle-t-il.

15h25 : "On dit que Clearstream était mon affaire. Elle l'a été en partie. Mais j'avais d'autres préoccupations que cette misérable affaire", raconte Philippe Rondot.

15h10 : "Quand, je suis parti prendre un peu de recul, dans le Morvan, un agriculteur est venu me dire 'mon vieux Philippe, à Paris, on te prend pour un berniche'. "Par là-bas, le berniche, c'est un peu l'idiot du village. On le lance dans les tâches ingrates, peu reluisantes, dont les autres ne voulent pas s'occuper.", explique le général Rondot qui conclut : "non, madame la présidente, je ne suis pas un berniche"!

15h04 : "Je pense que, dans cette affaire, Imad Lahoud est à la source". "Que jamais Dominique de Villepin ne m'a informé que le nom de Sarkozy était dans ces listings", conclut le général Rondot dont le monologue dure depuis trois quart d'heure. "L'honneur qui est le mien a été touché", ajoute-t-il.

14h58 : "Le 19 juillet, j'ai dit 'attention ces listings ne tiennent pas' ", explique une nouvelle fois, le général Rondot, fidèle à ses propos de première instance. Puis, il ajoute : "pour moi, mon enquête est terminée".

14h27 : Le général Rondot s'avance vers le micro et annonce qu'il va poursuivre "son exposé". Avec insistance, il avait demandé - avant la suspension d'audience - à le poursuivre.

14h25 : L'audience reprend. La présidente de la Cour annonce que la partie civile Edwy Plenel sera entendu, mercredi matin, le 18 mai prochain.

12h48 : L'audience est suspendue et reprendra à 14h15.

12h40 : Le général Rondot s'agace d'être interrompu dans "son exposé". Le parquet débute la série de questions. Philippe Rondot essaie d'allumer son micro en vain. Un avocat vient l'aider.

12h32 : "Il y a ceux qui n'ont d'autre culture qu'OSS 117 et James Bond.... Ce n'est pas le cas de Dominique de Villepin qui sait très bien comment fonctionne l'état", assène le général Rondot qui vient de passer en revue les trois prévenus.

12h25 : "Mr Imad Lahoud est d'origine libanaise, il ne faut pas l'oublier. Ce sont des pays de fracture, de violence, de dérapage, où la parole a une valeur relative. J'ai le sentiment qu'il porte en lui tous ces déchirements que j'ai connus au Liban. Je ne dis pas cela pour l'absoudre. J'essaie de comprendre. J'ai eu droit, dans le livre d'Imad Lahoud, a un certain nombre de coups, que je ne comprends pas", insiste le général Rondot avant d'ajouter : qu'il n'était pas familier avec Imad Lahoud. "Je l'ai toujours vouvoyé. Je n'ai jamais invité à ma table Imad Lahoud. Il ne m'a jamais invité à la sienne (...).

J'en ai rencontrés beaucoup, dans ma carrière. Il est difficile de faire le tri", ajoute le général Rondot.

12h22 : "Jean-Louis Gergorin est une personnalité attachante. C'est un ami. Et ce n'est pas parce qu'il est là, que je lui retire mon amitié", ajoute le général Rondot avant de nuancer : "j'ai pu remarquer que c'était quelqu'un d'impulsif, d'une intelligence qui nous bousculait, dont les analyses plus ou moins percutantes impressionnaient et tout ça ne laissait pas cette personne indifférente à mes yeux. Je l'écoutais et suivais ses recommandations". "Bien sûr, il a une nature débordante, parfois fantasmagorique. Mais il a rendu aussi d'éminents services à son pays et il avait beaucoup d'audience au sein des services, que ce soit la DGSE ou la DST (...) Je crois à sa sincérité".

12h20 : "Je suis de vieille école", admet le général Rondot, provoquant quelques sourires amusés dans la salle.

12h14 : Le général Rondot compare désormais ses notes à un "mezze" libanais. "Chacun a picoré ce qu'il voulait", finit-il par conclure.

12h12 : "Ma manière de fonctionner est un peu particulière... Quoique je suis étonné que l'on s'étonne", indique maintenant le général Rondot, dont l'allure est toujours aussi raide et rigide.

12h07 : "J'écris pour plusieurs raisons. Par tradition d'abord : je viens d'une famille de militaires", explique le général Rondot dont les carnets ont été au coeur de cette affaire Clearstream. "Mon père tenait un journal de marche", explique-t-il encore.

11h55 : Le général Rondot est appelé à la barre. Il entre dans la salle avec une allure raide. Son visage est toujours aussi bronzé.

La-parole-de-Rondot-contre-celle-de-Villepin

11h48 : Imad Lahoud "me parle de Nicolas Sarkozy en mai 2004. Les premières lettres (anonymes) arrivent alors chez le juge. C'est Imad qui m'en parle, dans un café à Paris. Et là, je me dis mais "merde quoi"...", raconte Denis Robert, interrogé par Me Metzner, conseil de Dominique de Villepin. "Je me dis que c'est un informateur excellent pour moi. Et le lendemain je vois la lettre anonyme avec les mêmes expressions. Un ami journaliste me la montre. Il l'a récupéré chez un avocat, comme tout le monde". Cette phrase provoque l'hilarité de la salle.

11h10 : L'audience reprend. La présidente annonce que Joël Bouard est exclu des audiences, jusqu'à la fin du procès.

10h58 : Du fond de la salle, Joël Bouard, un "des fous du palais" intervient et coupe la parole à Denis Robert. Il veut parler de... lui. Est-il oui ou non partie civile ?, demande-t-il à la présidente de la Cour. Le ton monte. Trop. Son ami et lui se débattent et manquent d'en venir aux mains avec les gendarmes. Ils sont finalement sortis de la salle. Incident d'audience : la présidente suspend l'audition quelques minutes. Dominique de Villepin et ses avocats quittent la salle.

10h40 : "La moindre de nos auditions (avec les policiers) était transmise à Claude Guéant.

", assure Denis Robert

10h20 : Imad Lahoud s'agite. Se lève : "là, franchement tu me déçois", lance-t-il à Denis Robert.

10h19 : "Je suis là pour faire la guerre à personne", explique calmement Denis Robert... Puis, il lâche quand même : "Imad Lahoud dit, quand même, tellement de mensonges".

10h11 : Rouge colère, criant presque dans le micro, Imad Lahoud s'avance à la barre et dénonce les propos de Denis Robert qui "vient cracher son venin" sur lui, selon lui.

09h44 : "Imad Lahoud m'a baladé. Pour moi, c'est un escroc qui sait habilement manipuler", insiste encore le journaliste Denis Robert avant de donner un exemple : "Parfois même, il me disait qu'il était menacé de mort avec de tels accents de vérité..."

09h41 : "Je n'ai jamais joué dans ce dossier. Je pense être une victime", martèle Denis Robert, décidément peu tendre pour Imad Lahoud.

09h30 :

. "Cette histoire, c'est lui qui la monte. (...) L'objet qu'il est en train de créer le dépasse complètement." "Florian Bourges et moi-même avons servi d'alibi et de chèvres", à Imad Lahoud, insiste Denis Robert, pour qui "le jugement de première instance est insatisfaisant dans la manière dont il décrit la relation" entre le mathématicien Lahoud et l'ancien vice-président d'EADS, Jean-Louis Gergorin.

09h27 : "Imad Lahoud me connaissait très bien", ajoute Denis Robert. Pourquoi le mathématicien voulait-il le rencontrer ? "Il y avait une volonté claire d'Imad d'être mis en contact avec Florian Bourges (...) Je lui ai présenté", répond le journaliste. (Florian Bourges, à l'époque stagiaire auditeur, profite d’une mission chez Clearstream pour détourner une partie des fichiers bancaires de la société luxembourgeoise. En première instance, il a été condamné à trois de prison avec sursis. Il n'a pas fait appel).

09h20 : "J'ai fait ce que je fais toujours : un travail journaliste sérieux. J'ai fait un documentaire et un livre sur Clearstream. Je voulais arrêter", explique Denis Robert. "Mais en 2003, un homme rentre dans ma vie. Il s'appelle Imad Lahoud et là, tout va devenir plus compliqué plus moi."

09h16 : Le journaliste Denis Robert est appelé à la barre. Relaxé en première instance, Denis Robert n'encourt plus aucune sanction pénale. Il est présent à ce second procès car cinq parties civiles ont fait appel contre lui. Il a demandé à être entendu pour pouvoir éclairer la cour sur le scandale Clearstream qu'il a vécu de l'intérieur. Condamné à plusieurs reprises pour avoir diffamé Clearstream, il a récemment été blanchi par la Cour de cassation sur l'ensemble de ces poursuites.

DENIS ROBERT

© EUROPE 1

09h05 : L'audience est ouverte.

08h10 : Lors de l'audience de lundi, Dominique de Villepin, accusé de complicité de dénonciation calomnieuse dans l'affaire Clearstream, s'est largement dédouané sur le général Rondot et le peu d'informations que celui-ci lui aurait transmis, à l'époque des faits. L'ancien Premier ministre a ainsi soutenu : à l'époque des faits, "le général Rondot n'a pas pris la responsabilité de me dire que tout cela (les listings Clearstream) était faux". "Bref, "le ministre que j'étais, n'était pas un expert en Rondot-logie". Entendu aujourd'hui, le général Rondot sera notamment interrogé sur ce point.

08h00 : L'audience ouvrira à 9 heures. Au menu de cette cinquième journée : les auditions du

et du journaliste Denis Robert. Lié à la DST et à la DGSE, Philippe Rondot a notamment piloté la traque internationale du terroriste Carlos. En 2003, en charge des réseaux islamistes, il demande à Imad Lahoud de se renseigner sur la nébuleuse financière d'Al-Qaeda. Ancien journaliste à Libération, Denis Robert a, lui, écrit en 2001 et 2002 deux livres dénonçant l'opacité de Clearstream, chambre de compensation internationale chargée, à l'origine, de faciliter les transactions financières tout en assurant leur traçabilité. En 2006 il a été mis en examen pour "recel de vol et recel d'abus de confiance". En janvier 2010, il a été relaxé par le tribunal correctionnel de Paris, qui jugeait que les poursuites contre lui étaient incompatibles avec la Convention européenne des Droits de l'Homme (CEDH) garantissant la liberté d'expression.