Où en est le bras de fer entre Apple et le FBI ?

© Andrew Burton / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP
  • Copié
Grégoire Martinez avec AFP
SÉCURITÉ - La semaine dernière, Apple annonçait son refus d'aider la justice américaine à décrypter l'iPhone d'un terroriste invoquant la sécurité de ses utilisateurs.

Mardi dernier, Apple annonçait son refus de se plier aux injonctions de la justice américaine qui lui ordonnait d'aider le FBI à décrypter le téléphone de Syed Rizwan Farook. L’homme était l'un des auteurs du massacre de San Bernardino le 2 décembre dernier en Californie. Une semaine après, Europe 1 fait le point sur les évolutions du dossier.

Tim Cook ne veut pas ouvrir de porte dérobée. Dans une longue lettre publiée sur le site de la marque à la pomme, Tim Cook avait expliqué que "le gouvernement américain nous demande (à Apple) quelque chose que nous n’avons simplement pas, et quelque chose que nous considérons trop dangereux pour être créé", en l’occurrence un moyen de contourner le cryptage de l'iPhone. Le patron d'Apple expliquait notamment que si une telle solution était créée pour un smartphone, elle pourrait très utilisée par la suite dans de nombreuses affaires.

Une dizaine de demandes de la justice. Depuis mercredi, les autorités américaines exigent la collaboration d'Apple pour obtenir l'accès à au moins une dizaine d'iPhone dans différentes enquêtes, en plus de celui utilisé par les auteurs de l'attentat de San Bernardino, révèlent des documents judiciaires. La multinationale a fourni une liste de différentes affaires en cours où elle s'oppose aux injonctions de la justice américaine, qui souhaite pouvoir obtenir les données stockées dans certains smartphones de la marque. Un de ces dossiers concerne par exemple un trafic de stupéfiants à New York.

La position d'Apple confortée. Le FBI se défend de vouloir violer le cryptage de qui que ce soit ou de vouloir créer un passe-partout pour accéder à tous les smartphones. Ces nouvelles révélations viennent toutefois conforter la position d'Apple. Pour la marque, la demande officielle ne peut pas concerner un seul téléphone. La création d'une "porte dérobée" mettrait en effet péril la protection des données de centaines de millions d'utilisateurs.

Twitter, Google, Facebook... soutiennent Apple. Depuis la publication de la lettre ouverte d'Apple, de nombreuses entreprises du secteur des technologies se sont rangées du côté de la marque à la pomme. Dans des tweets, Sundar Pichaï, CEO de Google a, par exemple, expliqué que : "Forcer les entreprises à permettre le piratage pourrait compromettre la vie privée des utilisateurs. (…) Nous construisons des produits sécurisés pour garder vos informations en sécurité et nous donnons accès à des données sur la base de demandes de justice. Mais cela est très différent d’exiger que les entreprises permettent de hacker les terminaux et les données des consommateurs. Cela pourrait représenter un inquiétant précédent".

Le patron de Facebook, Mark Zuckerberg a de son côté expliqué qu'il continuerait à "combattre fermement les demandes visant à affaiblir la sécurité des systèmes des entreprises. Ces demandes pourraient créer un précédent effrayant et entraver les efforts des entreprises pour sécuriser leurs produits". Enfin, le CEO de Twitter, Jack Dorsey a salué le leadership de Tim Cook : "Nous soutenons Tim Cook et Apple (et le remercions pour son leadership) !"

Bill Gates du côté du FBI. Seul Bill Gates, le co-fondateur de Microsoft s'est dissocié de ces soutiens en expliquant au Financial Times que cette demande est "un cas particulier où le gouvernement demande l'accès à des informations", et non de manière générale. "Je souhaite que nous ayons ce débat afin que les garde-fous soient mis en places et que les gens ne choisissent pas - et ce sera pays par pays - (de dire), il est préférable que le gouvernement n'ait pas accès à toutes les informations," a-t-il poursuivi.

Un long combat à venir. De toute évidence, Apple semble prêt à mener un long combat contre la décision du juge californien, en saisissant la cour d'appel et en mettant le débat sur la place publique. "Le FBI et Apple se trouvent désormais plongés dans une guerre de communication", a commenté sur CNBC l'expert Michael Fertik. Le débat est également politique aux Etats-Unis puisque l'Union américaine pour les libertés civiles (ACLU) et d'autres organisations de défense des libertés ont choisi le camp d'Apple tandis que des responsables démocrates et républicains ont donné tort au groupe.