Le CES de Las Vegas, une vitrine exceptionnelle pour les start-up françaises

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© Frederic J. BROWN / AFP
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François Geffrier avec , à Las Vegas (Nevada)
La France est encore une fois très bien représentée au Consumer Electronic Show de Las Vegas. Les start-up tricolores, qui constituent la deuxième délégation e nombre, viennent y trouver une exposition exceptionnelle. 
L'ENQUÊTE DU 8H

Coup d'envoi pour la 52ème édition du Consumer Electronic Show (CES) de Las Vegas. Le salon des innovations électroniques en tous genres, référence en la matière, ouvre ses portes mardi matin. Les grands groupes sont nombreux à y être présents et les start-up de tous les pays s'y pressent. Depuis quelques années, on observe un phénomène nouveau : les Français y sont particulièrement bien représentés. Le chiffre est même de plus en plus impressionnant...

La France très bien représentée

Pour cette édition 2018, la France est la deuxième délégation de start-up. Avec 320 jeunes pousses de la tech' qui ont traversé l’Atlantique, la France fait presque jeu égal avec les États-Unis qui jouent pourtant à domicile. Dans leurs bagages, ces entreprises sont venues avec des robots éducatifs, des voitures sans chauffeur, mais aussi des tas d’objets connectés, du télescope au radiateur en passant par le piège anti-moustiques. Une trentaine d'entre elles vont recevoir un "Innovation award", l'équivalent d'un oscar de l’innovation.

Depuis quelques années, la délégation française profite aussi d'un effet de groupe. Dans le centre de congrès, au rez-de-chaussée du gigantesque hôtel Venitian de Las Vegas qui compte pas moins de 7.000 chambres, les entreprises françaises affichent sur leur stand un petit coq rouge en origami, symbole de la French tech, la bannière lancée il y a quatre ans et qui regroupe toutes les entreprises innovantes. Mais les Français ne sont pas seulement nombreux, ils sont aussi très forts dans les transports, la santé, le sport et la maison connectée.

De petites entreprises, qui peinent à grossir

Pourtant, aussi nombreuses soient les entreprises françaises, elles restent encore petites. "Il y a probablement au CES cinq ou six sociétés taïwanaises plus grosses que l’ensemble de la délégation française réunie. Il faut quand même relativiser l’importance de la France dans l’électronique grand public. Souvent on voit des sociétés qui ont des produits anecdotiques, mais rigolos. Où sont les sociétés qui il y a quatre ou cinq ans ont tenu le haut du pavé au CES ? Ce qu’il faut, c’est revenir l’année d’après", explique Fred Potter, le PDG de Netatmo, l’un des vieux de la vieille ici, du haut de ses 46 ans. Certaines innovations stars des éditions précédentes comme la brosse à cheveux connectée, dévoilée il y an, sont totalement passées à la trappe. Attention donc aux étoiles filantes, les start-up qui inventent quelque chose mais se perdent ensuite.

Est-il vraiment utile pour une start-up d'aller au CES ? La réponse ne laisse que peu de place au doute. Pour une start-up, Las Vegas est la promesse d’être aussi exposée au monde et à la presse, qu'un jeune athlète lors des Jeux olympiques. 7.000 journalistes sont présents durant le salon. Les télévisions américaines, qui adorent mettre leurs reporters en situation avec des objets connectés, et la presse spécialisée y sont particulièrement bien représentés.

Le CES, une exposition exceptionnelle

Le CES étant un salon professionnel, la majorité des visiteurs recherchent aussi des produits qu’ils vendront dans leurs magasins. Résultat, les start-up françaises n’hésitent pas à débourser 10.000 euros, le prix du stand de deux mètres sur deux. Ensuite, le marathon commence. "Il faut un bon produit, il faut savoir le démontrer, il faut savoir le 'pitcher' comme on dit, rapidement et en anglais. En 10 secondes, 20 secondes, une minute. Il faut savoir le faire plusieurs dizaines, voire centaines de fois dans la journée, c’est un travail de longue haleine, mais aucun salon n’a cette audience et cette aura", raconte Olivier Ezratty, auteur d’un rapport chaque année sur le CES.  

La situation devient même parfois paradoxale... Les petits entrepreneurs français rencontrent à Las Vegas, parfois presque par hasard, des patrons de grands groupes comme Carrefour, Orange ou la Fnac, qu’ils n’auraient jamais pu approcher en restant à Paris.