Stadia Google 2:08
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avec AFP , modifié à
Au lendemain de la présentation par Google de son service de jeux vidéo en streaming Stadia, les actions de Sony et Nintendo ont plongé à la Bourse de Tokyo.

Quand Google décide de s'attaquer à un marché, la concurrence peut avoir des sueurs froides. En annonçant mardi le lancement de Stadia, son service de jeux vidéo à la demande dématérialisé, le géant de la Silicon Valley a secoué un secteur quelque peu assoupi depuis quelques années et bousculé le trio dominant Sony, Microsoft et Nintendo.

Turbulences boursières. Comme souvent, la première conséquence pour le secteur a été observée en bourse. Les actions des groupes japonais Sony et Nintendo ont dévissé chacune de plus de 3% mercredi matin à Tokyo. Le titre Sony a plongé de 3,37% et celui de Nintendo s'est affaissé de 3,20%. Il faut attendre l'ouverture de Wall Street, à 14h30 heure française, pour voir si Microsoft connaîtra les mêmes turbulences boursières.

Stadia, un projet ambitieux. Les investisseurs craignent que la domination actuelle du trio sur l'univers du jeu vidéo soit bousculée par Google qui, avec le lancement cette année de la plateforme de divertissement en ligne Stadia, promet de révolutionner la façon de jouer. Le mastodonte californien parie sur le jeu ouvert à tous depuis des tablettes, PC ou smartphones, sans console, sans téléchargement, dans le mode "en flux" déjà utilisé pour la vidéo ou la musique. Un service comparable à un "Netflix du jeu vidéo". Seule attache au jeu vidéo "traditionnel" : Google a présenté une manette Stadia, adaptée au changement d'écran et dotée d'un assistant vocal.

Contrairement à beaucoup de plateformes de jeu déjà existantes, Google se dit en mesure, grâce à ses infrastructures informatiques gigantesques et planétaires, de proposer de la sorte des jeux extrêmement sophistiqués. Même s'il est difficile de mesurer l'impact d'un service tant qu'il n'existe pas, la taille de Google et l'emprise du géant sur Internet peuvent logiquement inquiéter les détenteurs d'actions de Sony et Nintendo dont les jeux, y compris en ligne, reposent sur la possession d'une console dédiée. D'un autre côté, le pari de Google suppose d'être connecté avec une liaison internet d'excellente qualité, ce qui pourrait restreindre la base de joueurs.

Des Français à la pointe du "cloud gaming". En France aussi les annonces de Google ont provoqué quelques remous. Et pour cause : avec Blade, la France possède une start-up en pointe dans le "cloud gaming", le streaming du jeu vidéo. Depuis deux ans, elle a développé Shadow, un ordinateur dématérialisé permettant de jouer à quelques jeux n'importe où. "Nous sommes ravis d’accueillir Google sur notre terrain de jeu favori. Comme nous, ils sont convaincus que le cloud va révolutionner nos vies", s'est réjoui dans un communiqué Emmanuel Freund, co-fondateur et président de Blade.

L'entrepreneur n'a cependant pas manqué de souligner les zones d'ombre qui entourent encore Stadia, dont le lancement a été annoncé, sans plus de précisions, pour 2019. "Il est difficile d’apprécier l’intérêt de Stadia pour ses futurs utilisateurs sans prix, sans catalogue et sans date de disponibilité", a réagi Emmanuel Freund. En effet, si Google a présenté des démonstrations avec les jeux Assassin's Creed : Odyssey (Ubisoft gagnait d'ailleurs 2,20% à l'ouverture de la Bourse de Paris) et Doom : Eternal (à venir) et assuré travaillé avec de nombreux studios de développement à travers le monde, il n'a pas dévoilé l'ampleur de son futur catalogue. De nouvelles annonces devraient être faites lors de l'E3, le salon du jeu vidéo qui se tient en juin à Los Angeles.