Sepp Blatter (1280x640) Michele LEMINA/AFP 3:50
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avec la rédaction d'Europe 1 , modifié à
RÉACTION - Le président démissionnaire de la Fifa revient au micro d'Europe 1 sur sa suspension de huit ans ainsi que sur celle de Michel Platini.
INTERVIEW

La commission d'éthique de la Fifa a eu raison de son inspirateur. L'existence de cette commission composée de membres indépendants était en effet l'une des promesses de campagne du candidat sortant Sepp Blatter lors de sa réélection à la présidence de l'instance en 2011. Quatre ans plus tard, cette commission a décidé de suspendre pour huit ans le président démissionnaire de la Fifa.

"Je me sens trahi par les miens parce qu'on met en doute les paroles de deux personnalités du football, Michel Platini d'une part et moi d'autre part", a regretté le dirigeant suisse au micro d'Europe 1. "Indépendamment l'un de l'autre, nous avions dit exactement la même chose en ce qui concerne ce contrat ou arrangement ou 'gentlemen's agreement' que nous avons eu en 1998, juste après la Coupe du monde de la Fifa en France. "(Au moment de l'arrangement), on lui a dit (à Platini) qu'on ne pouvait pas payer le tout parce qu'il a dit 'moi, je suis cher'. Je lui ai répondu : 'je sais Michel que tu es cher, bien sûr'. Il a dit : 'je veux un million de francs suisses (900.000 euros, par an, somme annoncée à la cantonade, selon Platini, ndlr)'. Je lui ai dit : 'on ne pourra pas tout payer maintenant mais on pourra payer quelque chose après'." De fait, c'est le règlement du solde dû (deux millions de francs suisses, soit 1,8 million d'euros), en 2001, neuf ans après la fin de la mission, qui se retrouve aujourd'hui au cœur de l'affaire.

"On me punit parce qu'on dit que cet arrangement n'a pas eu lieu." Plus encore que le délai de paiement, c'est son timing, quelques mois avant la réélection de Blatter à la présidence de la Fifa, en 2011, qui a éveillé les soupçons. "Aujourd'hui, dans le libellé de la décision que nous avons reçu, on considère que cet arrangement (de 1998) n'a jamais eu lieu. On met en cause la probité et la parole de Michel et la mienne. On nous traite de menteurs et ça, je n'accepterai jamais", insiste Blatter. "On me punit parce qu'on dit que cet arrangement n'a pas eu lieu. Ça laisse entendre que les deux millions (de francs suisses, ndlr) donnés à Platini sont un dessous de table pour qu'il vote pour moi en 2011. C'est méconnaître l'histoire de la Fifa et la façon dont se sont passées les élections."

Blatter a confirmé sur Europe 1 son envie d'utiliser tous les recours possibles afin de clore son long passage de 17 ans à la tête de la Fifa sur une dernière victoire avant tout symbolique. Outre la justice sportive, Blatter reste mis en examen par la justice suisse en raison du versement à Platini mais aussi pour un contrat de droits télé jugé anormalement défavorable à la Fifa.

"Je ne suis pas imbécile à ce point-là." Le destin de Platini se retrouve désormais étrangement lié à celui de Blatter, le mentor devenu rival. Au fil des turpitudes de l'institution Fifa, Platini s'est peu à peu désolidarisé de Blatter, jusqu'à demander son départ de l’institution en mai dernier, peu de temps avant la réélection controversée du dirigeant suisse. Certains défenseurs de "Platoche" considèrent que Blatter aurait pu orchestrer la chute de celui qui était favori pour lui succéder. Tout au long de l'année, le ton n'avait cessé de se durcir entre les deux hommes. "Je suis peut-être, de temps en temps, comme un Haut-Valaisan (le Haut-Valais, région germanophone de Suisse, ndlr), vous savez, les Haut-Valaisans sont des gens spéciaux", a ironisé Blatter. "On dit souvent que les Haut-Valaisans sont des gens simples ou simplets, mais je ne suis pas imbécile à ce point-là."

Le TAS, (tout) dernier espoir pour Platini. La suspension de huit ans prononcée à l'égard des deux dirigeants est évidemment bien plus pesante pour Platini que pour Blatter. Si le second, 79 ans, devait tirer sa référence à l'occasion de la prochaine élection à la présidence de la Fifa, le 26 février, le premier, 60 printemps, était le favori pour lui succéder. Il lui faut désormais espérer que la Fifa accède à sa requête de présenter en urgence son dossier devant le Tribunal arbitral du sport (TAS), seul habilité à casser la décision et à permettre à Platini de se présenter à la présidence de la Fifa. Les candidatures sont définitivement enregistrées le 26 janvier.