Rugby : Philippe Saint-André, quatre ans en enfer

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Avec 44,44% de victoires, Philippe Saint-André quitte le poste de sélectionneur du XV de France avec le pire bilan de ces 25 dernières années. © FRANCK FIFE / AFP
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avec AFP , modifié à
La correction subie samedi soir par la France face à la Nouvelle-Zélande (62-13) marque le point d’orgue funeste de quatre ans de mandat complètement manqués pour le sélectionneur.

Sans doute espérait-il qu’un immense exploit samedi soir face à la Nouvelle-Zélande, en quart de finale de la Coupe du monde, redorerait un peu son blason. Il n’en a rien été, bien au contraire. La claque subie à Cardiff face aux Blacks (62-13) restera au contraire dans l’histoire du XV de France comme le terrible point final du mandat catastrophique de Philippe Saint-André, sélectionneur de l’équipe depuis 2012. Et c’est sous les huées d’un Millenium Cardiff bien sévère qu’il aura quitté sa fonction.

Un bilan famélique. Les chiffres, d’abord. Ils sont éloquents. Philippe Saint-André présente, avec seulement 44,44% de victoires (20 en 45 rencontres), le pire bilan de ces 25 dernières années. Avec PSA à sa tête, le XV de France n’a par ailleurs jamais fait mieux que quatrième dans le Tournoi des Six Nations, avec même une dernière place inédite en 2013, marquée notamment par une humiliante défaite (23-18) en Italie. Enfin, avec cette élimination en quart de finale, le sélectionneur signe la moins bonne performance en Coupe du monde depuis 1991. Fermez le ban.

Un manque de charisme. Leader incontesté de ses troupes quand il était joueur du XV de France, dont il a porté 34 fois le brassard de capitaine, Philippe Saint-André n’a été que l’ombre de lui-même pendant quatre ans. Il a ainsi gaspillé une énergie folle loin du terrain, frustré de n'avoir que peu ses hommes à disposition et mû par la conviction, ou la vanité, qu'il parviendrait à changer un système français éreintant pour ses internationaux. En vain. Il lui faudra aussi confesser aussi des erreurs de gestion, à l'image de ces incessants va-et-vient à la charnière, de ses explications hasardeuses pour justifier l'éviction de l'un ou le maintien de l'autre, et aussi des fautes stratégiques sur certains matches.

Des erreurs qui pousseront en juin 2014 la FFR, jusque-là d'un mutisme confondant, à déléguer son vice-président Serge Blanco au chevet des Bleus, brouillant les cartes sur la répartition des rôles dans l'encadrement. Une mise sous tutelle que PSA a forcément mal vécue.

Un jeu terne. Dans le même temps et dans un constat d'impuissance, il a vu son XV de France pratiquer un jeu restrictif et contre nature, à rebours du tempérament offensif de son sélectionneur. Epaulé de Yannick Bru (entraîneur des avants) et Patrice Lagisquet (entraîneur des arrières), Saint-André a proposé un rugby triste, à l'image de ces interminables rencontres à arpenter la ligne d'avantage sans solution, enferré dans un jeu unidimensionnel basé sur une fraîcheur physique que les exécutants n'avaient même pas.

A son crédit : de jeunes talents. Philippe Saint-André aura tout de même eu le mérite de lancer une génération entière dans le grand bain international, dont les figures de proue sont le deuxième ligne Yoann Maestri ou encore le centre Wesley Fofana. Ceux-là seront sans doute encore là dans quatre ans, endurcis par des désillusions à répétition, et peut-être enfin à maturité pour décrocher le Graal du rugby français. Mais ça, ce ne sera pas son affaire, mais celle de Guy Novès, son successeur à la tête des Bleus. Et qui aura bien du travail.