Ligue des champions : "Le problème du PSG ce soir, ça n’est pas la billetterie, c’est l’absence de public pour le pousser à l’exploit"

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Romain David
Alors que le PSG va affronter mercredi soir Dortmund dans un Parc des Princes privé de son public à cause du coronavirus, Vincent Chaudel, économiste du sport et fondateur de l'Observatoire du Sport Business, évoque au micro d'Europe 1 les conséquences économiques et sportives que pourrait avoir le huis clos s'il devait être maintenu dans le temps.
INTERVIEW

L’épidémie de coronavirus bouleverse le monde du sport. Le coup d’envoi des 24 heures Motos du Mans, qui devaient avoir lieu le mois prochain, a été reporté mardi soir à septembre. Coté foot, les présidents de Ligue 1 et Ligue 2 ont décidé un huis clos systématique pour tous les matches jusqu’au 15 avril. Il n’y aura donc aucun spectateur dans les tribunes du Parc des Princes, mercredi soir, pour PSG–Dortmund. Pour Vincent Chaudel, économiste du sport et fondateur de l'Observatoire du Sport Business, si ce dispositif devrait avoir des conséquences relativement limitées d’un point de vue économique pour le foot, il pourrait, à l’inverse, influencer fortement le déroulé de la compétition.

Le huis clos risque-t-il de mettre les clubs de foot en difficulté financière ?

"Il y a un impact sur la trésorerie des clubs, bien évidemment. Dans le football, il y a une télé-dépendance, les droits télévisuels pèsent beaucoup plus que les autres recettes dans l’économie des clubs (entre 50 et 70% du budget, ndlr). L’impact ne sera donc pas si violent pour eux, par contre il le sera pour l’écosystème du foot, c’est-à-dire ces petits commerces que l’on trouve aux abords des clubs et des stades, les petites entreprises qui s’occupent des produits dérivés et autres. Eux, risquent de souffrir.

" Une qualification mercredi soir rapporterait dix millions au PSG  "

Peut-on estimer le manque à gagner pour le PSG, dont les tribunes, mercredi soir, seront vides face à Dortmund ?

On peut parler d’un manque qui se compte entre 5 et 7 millions d’euros au niveau des recettes de la billetterie. Mais ces recettes sont généralement assurées et donc remboursables selon les modalités du contrat d’assurance. Il va y avoir aussi un manque à gagner en ce qui concerne les produits dérivés. C’est un vrai sujet pour le club. Surtout, une qualification mercredi soir rapporterait dix millions au PSG avec les droits UEFA. Quant aux occasions de rencontrer le public, elles se représenteront si ce coronavirus nous laisse tranquille.

Mais l’absence de supporters ne pourrait-elle pas avoir un impact sur les joueurs ?

Le huis clos risque en effet de gêner les clubs qui jouent soit la montée, soit la descente, soit la qualification parce qu’il peut y avoir un effet 12ème homme. Cela fait trois ans de suite que le PSG s’arrête en huitième de finale de la Champions league. Il est très important pour lui de passer ce cap. Surtout s’il veut conserver ces joueurs stars. Dans une carrière, le temps passe vite. Ils n’ont pas beaucoup d’occasion pour remplir leur armoire à trophées. […] Le plus gros problème pour le PSG ce soir, ça n’est pas la billetterie, c’est l’absence d’un public qui pourrait pousser les joueurs vers l’exploit.

L’impact du huis clos est-il comparable sur les autres sports d’équipe comme le basket ou le handball ?

Ce sont des sports beaucoup moins télé-dépendants. Pour le handball, le basket ou le rugby, le huis-clos s’annonce très douloureux. Le poids économique est moindre car l’affluence est généralement moins forte que pour un match de foot, mais sur les finances d’un club de basket cela peut représenter 50.000 à 100.000 euros par match, ce qui pèse énormément sur un budget global de 3 ou 4 millions d’euros. En ce qui concerne ces sports, le huis clos peut remettre en cause la viabilité de certains clubs. Au même titre que le gouvernement imagine accompagner les PME pendant cette crise, il va falloir accompagner les entreprises de sport professionnel si l’épidémie se prolonge au-delà de la mi-avril."