JO de Rio 2016 : la nuit des Bleus

Kévin Mayer sur le décathlon (1280x640) Jewel SAMAD / AFP
Kévin Mayer a célébré sa deuxième place sur le décathlon comme une victoire, jeudi, à Rio.
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Kévin Mayer a remporté la médaille d'argent sur le décathlon. Christophe Lemaitre a arraché le bronze sur 200 m. Splendide !

Si, comme prévu, Ashton Eaton et Usain Bolt ont dominé respectivement le décathlon et le 200 m, jeudi, aux Jeux olympiques de Rio, la (très belle) surprise est venue derrière, avec les médailles historiques pour l'athlétisme français de Kévin Mayer (argent) et Christophe Lemaitre (bronze). En basket, les Françaises ont longtemps résisté aux États-Unis avant de céder en deuxième mi-temps (86-67).

  • Les Grands Bleus : Mayer et Lemaitre au rendez-vous de l'Histoire

Difficile de faire plus différent en matière de discipline et de style. Mais, au terme d'une de plus belles soirées (nuit en France) de l'histoire de l'athlétisme français, il est pourtant impossible de dissocier les performances réalisées jeudi soir par Kévin Mayer, le colosse sûr de lui au physique d'éphèbe, et Christophe Lemaitre, le sprinteur revenu de nulle part à l'assurance incertaine. Les deux athlètes tricolores, respectivement médaillés d'argent sur le décathlon et de bronze sur le 200 m, sont venues enrichir la moisson de l'athlétisme tricolore (six médailles !), la plus belle depuis les Jeux de Londres. Attention, pas ceux de 2012, ceux de 1948 !

Mis sur orbite par une première journée au cours de laquelle il a battu trois de ses records personnels (100 m, poids et 400 m), Kévin Mayer a poursuivi sur sa lancée jeudi. Le tournant est intervenu au concours de la perche, où, avec un saut à 5,40 m (une hauteur à laquelle certains spécialistes de la discipline démarrent leur concours), il a nettement distancé le Canadien Damian Warner. Deuxième derrière Ashton Eaton après le lancer du javelot et avant le 1.500 m, il n'a pas pu reprendre les sept secondes qu'il lui fallait pour décrocher l'or. Qu'importe, avec l'argent, Mayer est le premier décathlonien français à obtenir une médaille olympique depuis Ignace Heinrich aux Jeux de Londres 1948.

Kévin Mayer achève le 1.500 m à la 5e place :

Cette deuxième place (derrière le recordman du monde, champion olympique et champion du monde en titre) est assortie d'un record de France (8.834 points), qui était jusqu'à présent la propriété de Christian Plaziat (8574 points). Celui-ci datait du 28 août 1990… "C'était pratiquement un décathlon parfait pour moi", a confié Mayer. "De A à Z. Durant quatre ans, je n'ai pensé qu'à ça. J'avais du mal à dormir, j'imaginais foirer une des dix épreuves. Et durant ces deux jours, je me suis donné à fond et à la fin... record de France." À 24 ans seulement, le meilleur est peut-être encore à venir pour Kévin. 

Même s'il n'a que 26 ans, la médaille de bronze décrochée par Christophe Lemaitre sur 200 m a déjà elle davantage le goût de la rédemption que celui de la promesse. Depuis 2012, le sprinteur tricolore n'avait plus remporté le moindre titre majeur, peinait à réussir des chronos significatifs et commençait à vivre dans l'ombre de Jimmy Vicaut, qui lui a subtilisé sur l'olympiade le record de France du 100 m pour en faire un record d'Europe (9"86). Jeudi, au terme d'un demi-tour de piste exigeant, couru par un temps lourd, Lemaitre a mis fin à plusieurs années difficiles, pour quelques millièmes (le quatrième de la course, Adam Gemili, a été crédité du même temps, en 20"12).

Lemaitre arrache la 3e place derrière Bolt et De Grasse :

"Elle (la médaille) a un goût de renaissance, de résurrection. Appelez ça comme vous voulez. J'espère que ce ne sera pas un 'one shot' et que ça va se confirmer dans les années futures. Je l'ai fait juste pour moi", a confié "le TGV de Culoz". Pour lui, et un peu pour la France aussi. Le pays n'avait plus placé un sprinteur sur une boîte olympique depuis 1960 et Abdoulaye Seye, lui aussi en bronze sur 200 m aux Jeux de Rome.

  • Un coin de ciel bleu : les Bleues ont résisté aux États-Unis

Le miracle n'a pas eu lieu pour les basketteuses françaises. Elles ont été battues (86-67), jeudi soir, en demi-finales du tournoi olympique par les États-Unis, lors du remake de la finale des Jeux de Londres 2012. Face à une équipe désormais invaincue depuis 48 matches et les JO d'Atlanta 1996, les joueuses de Valérie Garnier ont fait très bonne figure et n'étaient qu'à quatre longueurs à la pause (36-40). Mais elles ont ensuite baissé de pied après un troisième quart-temps totalement manqué et perdu 25-8. L'écart établi, les Bleues n'ont pas forcément cherché à puiser dans leurs réserves…

"On a essayé de ne pas trop tirer sur des organismes déjà éprouvés par la longue campagne qu'on vient de faire", a convenu la coach des Bleues, Valérie Garnier. "J'ai dit aux filles aux vestiaires que les Américaines allaient revenir en colère. Je savais qu'en laissant certaines joueuses sur le terrain, l'écart allait être sensiblement le même. On avait quand même en point de mire ce match contre la Serbie. C'est important, on arrive en fin de campagne et les joueuses sont fatiguées." Ce match contre la Serbie (samedi, 16h30), ce sera celui pour la médaille de bronze, l'Espagne disputant la finale contre les Américaines. Une deuxième médaille en deux éditions des Jeux, voilà qui aurait de l'allure.

Les résultats des Bleus cette nuit :

ATHLÉTISME

Décathlon : Kévin Mayer : 2ème, 8834 points, record de France et médaille d'argent ; Bastien Auzeil : 13ème, 8064 pts
200 m hommes : Christophe Lemaitre : 20"12, 3ème et médaille de bronze

BASKET

Demi-finale : les Françaises s'inclinent contre les Américaines 86-67 et disputeront la médaille de bronze contre la Serbie samedi