JO de Rio 2016 : au pied des favelas, des infrastructures délaissées pâtissent des Jeux

Dans l'ombre des JO, les favelas subissent le coût des Jeux. 1:39
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Charles Carrasco et A.M.
FACE CACHÉE - À Rio, les quartiers sinistrés des favelas contrastent avec les infrastructures du village olympique.
REPORTAGE

Alors que le monde aura les yeux tournés vers la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques, vendredi, les quartiers sinistrés de la ville de Rio risquent de rester dans l'oubli par rapport aux compétitions sportives disputées dans des infrastructures flambant neuves. Un centre qui accueille habituellement les enfants des favelas durant l’été devra par exemple rester fermé à cause de l’événement.

Salaires impayés. Salles de sport désertées, terrains de foot et piste d’athlétisme laissées à l’abandon, les Jeux olympiques semblent bien loin lorsque l’on se rend en bas des favelas de Rio. Dans un centre sportif, les fonctionnaires pâtissent du coût de l’organisation des Jeux. Interrogé par Europe 1, Anderson se désole de voir son salaire impayé depuis deux mois. "On est bien dans la ville des JO, non ? Cela veut bien dire qu’elle devrait être en capacité de nous payer en temps et en heures, nous les professeurs qui travaillons dans le domaine du sport, n’est-ce pas ?", fait-il mine de s'interroger. "Malheureusement, la structure que nous avons ici n’arrive même pas à la cheville de tout ce que nous avons construit pour les JO."

Les enfants dans les rues. Le centre sportif, qui accueille habituellement plus de 200 enfants par jour durant l’été pour leur fournir des repas, n’est pas en mesure de renouveler son aide cette année. "Quand on finissait le match de foot, on nous donnait un repas à emporter à la maison", se rappelle Filipe, 13 ans, qui venait régulièrement chercher à manger ici. "Aujourd’hui, tout cela est fini. Avant, cet endroit était génial, maintenant c’est devenu un enfer."

Violence permanente. À l’urgence financière s’ajoute également la violence. Les échanges de tirs entre policiers et trafiquants sont devenus banals dans ces quartiers. Gabriel, 16 ans, a encore vécu une journée dramatique à quelques centaines de mètres du complexe sportif. "Un ami est mort aujourd’hui", raconte-t-il. "Ça tirait de partout, c’est vraiment triste." Même constat pour une grand-mère venue chercher son fils, qui n’arrive qu’à se désoler devant le contraste des JO 2016 : "Ce village olympique n’est aujourd’hui plus un refuge pour personne".